Ce jeudi, le syndicat CGT Action Sociale Est Hérault a organisé avec l’appui de ses structures territoriales trois actions à Montpellier pour dénoncer les multiples attaques que subit le Secteur Social et Médico-Social.
Une situation qui produit des effets désastreux sur la qualité de prise en charge au quotidien des usagers, de leurs familles ainsi qu’une dégradation, jamais observée à ce jour, des conditions de travail et d’exercice des professionnels.
Secteur Médico-Social « Qu’ont-ils à dire de notre présent ? »
Les salarié·es du Médico-Social ont répondu à l’appel national de la Fédération CGT Santé Action Sociale. C’est un contre mouvement contestataire qui a été organisé. Et en tant que déléguée syndicale CGT Action sociale Est Hérault, je tiens à souligner que « comme partout en France, dans l’Hérault aussi, nous faisons écho au Congrès Unapei de Caen. Ils disent vouloir penser le futur ? Qu’ont-ils à dire de notre présent ? »
Ce 19 juin à 10h, iels sont devant le siège social de l’UNAPEI34. Ils et elles sont éducateur·trices spécialisé·es de l’APEA d’Agde, de l’Unapei 34, moniteur·trices éducateur·trices de l’Adages, aides-médico psychologiques de l’Apsh34, mandataires judiciaires de Béziers, toutes professions confondues. Lionel Menardo et moi-même délégués syndicaux CGT de l’UNAPEI34 déposons un tract et un communiqué à l’attention de la Direction Générale.
Le directeur adjoint est absent pour maladie, le Directeur général se trouve à Caen. De fait, une délégation ne sera pas reçue aujourd’hui. Mais les salariés du siège les accueillent avec le sourire, ouvrant timidement une fenêtre. La CGT Action Sociale Est Hérault dénonce les conditions dégradées de l’accueil des personnes avec handicap, les budgets insuffisants à assurer le quotidien et souligne que « certains de nos bâtiments sont vieillissants, insuffisamment entretenus, la violence managériale pousse nos collègues dans les services spécialisés des burn-out du CHU, des licenciements interviennent en ce moment à plusieurs endroits, la non-reconnaissance et l’indigence des salaires provoque une fuite des personnels ».
Pendant ce temps à Caen, si le menu est « gastronomique », « ici, dans beaucoup de structures du 34, les repas sont devenus médiocres parce qu’on réduit les budgets alimentation, la qualité des produits et par conséquent le savoir-faire de nos collègues cuisiniers » dénoncent les salariés. Une éducatrice APSH34 confie « j’ai parlé avec les salariés de l’UNAPEI et leurs conditions sont les mêmes que les nôtres à l’APSH : pas assez de moyens, un turn-over important, des équipes qui changent sans cesse, des directions en arrêt maladie ou en partance ».
Secteur Social, les « mensonges du département »
Les acteur·trices du Social manifestent au Conseil Départemental. Iels dénoncent le « mensonge » dont iels seraient victimes. Max Muller, représentant syndical CGT pour l’APS34 est avec 80 de ses camarades et collègues devant la porte du Conseil. Il parle de « mensonges du département ». Le 6 février 2025, un tiers de leur effectif œuvrant sur Montpellier et dans les villes du département était voué à disparaître d’après la note interne du président des APS. Le 11 février, suite au communiqué de presse de la CGT, le département par un communiqué express « dément formellement les rumeurs infondées et fausses qui annoncent des coupes budgétaires en matière d’action et de prévention spécialisée et qui n’a pour seul but d’inquiéter les acteurs de l’action sociale (…) ». Le 24 mars lors des votes du budget, le Conseil Départemental s’est voulu rassurant et défenseur du maintien des actions de prévention spécialisée dans les quartiers défavorisés. Véronique Calueba, conseillère départementale déléguée aux Solidarités Enfance et Famille fait l’annonce de budgets « maintenus à l’identique » au micro, devant les personnels en grève.
Le 6 juin 2025, sur APS34, nouveau communiqué interne, un CSE extraordinaire et c’est la catastrophe pour l’APS34 et ses bénéficiaires : les pôles de Sète, Frontignan, Béziers et 2 postes du montpelliérain seraient supprimés le 1er septembre, décision attribuée à Kleber Mesquida, président du Conseil départemental de l’Hérault.
Didier Besson, Président d’APS34 parle à nouveau des déficits du département et du manque d’engagement des villes concernées à maintenir ces services de prévention spécialisée. Les salariés de l’APS34 se refusent à disparaître. Ils frappent à toutes les portes et obtiennent le soutien de Nathalie Oziol, députée France insoumise de la 2e circonscription de l’Hérault. Les salariés s’organisent et c’est accompagnés de leurs bénéficiaires, les mères de famille du quartier de la Paillade, qu’ils se rendent au conseil départemental ce 19 juin. Nathalie Oziol déclare sous le barnum de la CGT de l’Hérault qu’elle « considère comme essentiels les métiers du social, leurs rôles en faveur du vivre ensemble » et que « les financements du secteur social sont avant tout des choix politiques. » Les mères de familles feront part au micro de l’aide essentielle que sont les APS34 pour les primo-arrivants des quartiers : « ils aident pour toutes les démarches » « ils aident pour les enfants, le raccrochage scolaire et la recherche de travail des plus grands » ,« ils nous aident à les sortir de la rue ».
Le départ de Kléber Mesquida du parti socialiste : un impact sur la politique sociale du département de l’Hérault ?!? C’est une affaire à suivre… Prochain rendez-vous avec l’APS34 et la CGT Action Sociale Est Hérault le 26 juin sur la place de la Comédie à Montpellier.
Le Social et le Médico-Social deviendront-ils des secteurs commerciaux ?
À 13h ce jeudi 19 juin, une délégation intersyndicale CGT Action Sociale / Sud santé sociaux se rend à la chambre du commerce de Pérols, lieu choisi par Nexem, le syndicat employeur de l’UNAPEI34, pour donner une formation sur « les risques psychosociaux ».
Dans les rangs on aborde le sujet du projet de loi relatif à la convention collective unique étendue. Ce projet aberrant pour les organisations syndicales de salariés est déposé par Axess (Nexem+ Fehap couvrant 779000 salariés) en mai dernier. Il prévoit pour les salariés 48h par semaine, 12h par jour d’amplitude, 6 jours de congés trimestriels par an et 2 heures de repos entre deux prises de poste en moins, plus de prime Ségur : les mandataires judiciaires prennent la parole : « ils nous feront travailler 12h par jour jusqu’à 48h et puis ils feront comme à l’hôpital, ils nous rappelleront pour travailler les jours off parce qu’il manque du monde ».
J’avance alors, en tant que déléguée syndicale « qu’il fallait oser parler des risques psychosociaux après avoir déposé une telle proposition de loi sur la table des négociations ». Il fallait oser le lieu aussi : la chambre de commerce et d’industrie. C’est exactement ce que les salariés du médico-social ne veulent pas devenir : des commerciaux. Nous déclarons avec José Théron, le secrétaire du syndicat Action Sociale Est Hérault, aux personnes qui viennent à notre rencontre que « le revenu minimum garanti et le salaire à la prime proposés par Axess sont calqués sur la méthode de rémunération des commerciaux. » Ces personnes travaillent dans un centre de formation et s’intéressent au syndicalisme comme beaucoup ce jour-là. Nous ajouterons : « Nexem le syndicat de la CCNT 66 ne cache même plus son goût pour une gestion de ses structures, dérivée du secteur marchand, lucratif, concurrentiel. Nos bénéficiaires ne sont pas des marchandises. Nous ne vendons pas des services, nous accompagnons des personnes vulnérables dans leur projet de vie, d’insertion, de réadaptation. » Hélas, Nexem ne sortira pas des locaux pour venir à la rencontre des salariés.
3 centres sociaux ferment !
Pendant ce temps, les trois centres sociaux gérés par ADAGES ferment à Montpellier laissant sans solution les familles des quartiers qui bénéficiaient de leur soutien. Pour la prévention spécialisée du 34, la présidence annonce la fermeture de 3 pôles entiers dans l’Hérault, un 4e sur la sellette et 2 postes à perdre sur le pôle de Montpellier. Chez SOS, le géant du social, qui se définit clairement comme une entreprise, il serait question d’un déficit de plus de 6 millions d’euros, ce qui fait craindre pour l’avenir des salariés et usagers.
Dans la journée, José Théron, recevra un appel à l’aide des salariées de 2ChosesLune qui accueillent et orientent les migrants sans papiers à Montpellier : « nous avons subi un plan de licenciement, nous ne sommes plus que 3 travailleuses sociales, nous étions 10 il y a quelques semaines à peine. Nous n’avons plus de cadre hiérarchique sur le site, nous ne sommes plus en mesure d’accueillir de nouvelles entrées ». Le site mobile de 2choseslune à Montpellier accueille plus de 90 personnes étrangères en errance et très grande précarité.
« Celui qui combat peut perdre, mais celui qui ne combat pas a déjà perdu » Bertolt Brecht.
Pétition : Non aux suppressions de postes, plus de moyens pour le social.
