Sète : mutualisation des parkings privés, une alternative innovante

Sète mobilité urbaine - Photo PLURIELLE INFO
Sète mobilité urbaine - Photo PLURIELLE INFO

Lors du dernier conseil municipal de Sète, le conseiller écologiste Laurent Hercé a défendu une proposition pour le moins disruptive : intégrer les places de parkings privés inutilisées dans l’offre de stationnement public. 

Idée pertinente dans le contexte sétois et national où la sobriété foncière est fixée, dans le cadre de la loi Climat et résilience adoptée en août 2021, avec l’objectif d’atteindre le « zéro artificialisation nette des sols » en 2050 (ZAN). 

Alors que la majorité actuelle de François Commeinhes, encore en action jusqu’en 2026, coule du béton, Laurent Hercé a proposé un modèle inédit de gestion du stationnement basé sur la mutualisation et les nouvelles technologies.

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Comme en 2008, Brian Chesky, Joe Gebbia et Nathan Blecharczyk lancent AirBnB, une plateforme innovante de location de logements entre particuliers. Au départ l’idée est simple : aider les voyageurs à trouver un hébergement abordable et aux résidents à rentabiliser leur espace libre tout en favorisant les rencontres. Ensuite, de rencontres il n’y en eu plus,  AirBnB devient rapidement un succès mondial et une affaire ultra-rentable, transformant le secteur du tourisme mais aussi le marché locatif, avec les dégâts que l’on connait. C’est pour dire qu’ici, cette création du stationnement partagé ( un« AirBnB du parking sétois ») doit bien évidemment pour être vertueuse rester sous le contrôle public du conseil municipal, donc des citoyens.

Lors du conseil municipal de Sète du 30 septembre dernier, c’est cette idée novatrice qui a été mise sur la table par le conseiller écologiste Laurent Hercé. Sète pionnière de ce « AirBnB du parking », une première en France ? Avec peut-être l’ambition de révolutionner le quotidien des citoyens et la mobilité urbaine.

Mettre à profit les ressources existantes

Avec l’objectif ZAN en ligne de mire, la ville que souhaite le conseiller écologiste, avec ses colistier·es de la liste « Ensemble pour Sète », doit éviter le bétonnage à tout prix, comme en témoignent les récentes constructions de parkings en cours, souvent critiquées pour les impacts environnementaux, autant que pour leur inutilité. C’est dans ce contexte que Laurent Hercé propose de tester une alternative : « des centaines de places de parking sont inutilisées chaque jour dans notre ville, soit parce que les propriétaires sont au travail, en vacances ou qu’ils ne résident à Sète qu’une partie de l’année. » Le constat est simple : plutôt que de dépenser des millions dans de nouvelles constructions, il faut mettre à profit les ressources existantes.

À l’image des pionniers de l’économie de partage, Laurent Hercé propose de s’appuyer sur les outils numériques déjà largement adoptés par les Sétois. Tout comme on réserve une chambre ou un logement, l’idée est de pouvoir, en temps réel, identifier, réserver et payer une place de parking privée via une application. « C’est un concept ultra-sécurisé et pratique, qui permet de réserver une place libre, payer en ligne et accéder au parking en utilisant un code ou une application numérique », détaille le responsable politique.

Régie municipale et partage des revenus

La simplicité de cette technologie rend la solution adaptable et peu coûteuse. En partenariat avec la municipalité, une application de régie municipale pourrait ainsi mutualiser les places disponibles, générant des revenus partagés entre les résidents et la ville. Ce modèle offre des avantages financiers directs aux habitants, qui, sans investissements lourds, peuvent monétiser leur place de parking à certaines périodes. 

De plus, le modèle de mutualisation des parkings pourrait s’avérer extrêmement écologique, en évitant des tonnes de béton, « les émissions de CO2 sont réduites de manière significative, et le foncier est préservé. » Laurent Hercé voit dans cette solution l’opportunité de répondre aux besoins de stationnement sans sacrifier les espaces verts ou les espaces publics : « chaque mètre carré libéré de béton est un mètre carré que l’on peut consacrer à des projets plus bénéfiques pour les citoyens. »

Une gestion collective et écologique de la ville

Flexible, ce système permettrait « d’adapter en permanence l’offre de stationnement, » par exemple en restreignant les places dans certains quartiers à certains moments. En modulant l’offre selon les zones, la ville pourrait à terme faciliter le stationnement en périphérie, « encourager les pratiques de type Park & Ride » (stationnement relais) et « fluidifier la circulation en centre-ville », explique Laurent Hercé. 

Ce projet placerait Sète à l’avant-garde des villes « intelligentes » en France, prêtes à adopter des solutions modulables et économes en ressources. Son application pourrait ajuster l’offre de stationnement à la demande, « sans engager la ville sur des décennies, sans engagement à long terme contraignant de 30 ans minimum, alors que tout aura changé d’ici là, » souligne le conseiller écologiste d’opposition.

En transformant chaque place de parking inutilisée en ressource partagée, la vision de Laurent Hercé ouvre des perspectives prometteuses pour une gestion collective et écologique de la ville. Une affaire à suivre car François Commeinhes, maire de Sète, a semble-t-il « demandé à la SPLBT, si elle ne pouvait pas gérer ces choses. »

[VIDEO] Intervention de Laurent Hercé, conseiller d’opposition au conseil municipal de Sète, septembre 2024 : 

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