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Face au parking écocide de François Commeinhes : « puisque l’eau résiste sur cette place, résistons avec elle ! »

Sète Chantier du parking place Aristide Briand - Photo Collectif Bancs Publics
Sète Chantier du parking place Aristide Briand - Photo Collectif Bancs Publics

La place Aristide Briand à Sète, au cœur d’un débat environnemental et financier, cristallise des préoccupations locales sur la gestion des ressources naturelles et l’utilisation des fonds publics. 

Le projet de construction d’un parking souterrain en plein centre-ville a suscité dès son émergence les plus vives contestations, non seulement parce qu’il touchait à la place historique « l’Esplanade » avec ses arbres, son kiosque à musique, son aire de jeux pour les petits, ses terrasses et sa fontaine, mais aussi car il semblait incohérent de drainer en centre ville une circulation automobile déjà très problématique qu’il y aurait plutôt intérêt à dissuader. Chemin faisant, bien d’autres problèmes sont apparus avec un chantier de plus en plus monstrueux qui n’est pas sans rappeler le traumatisme du « trou des Halles »

L’opposition va croissante, alimentée par un bouleversement environnemental plus que probable concernant une nappe phréatique découverte lors des travaux. Ce projet, porté par la Société Publique Locale du Bassin de Thau (SPLBT) et exécuté par l’entreprise NGE, est sous le feu des projecteurs : son impact écologique, son coût pour les contribuables, sans compter les désagréments pour le cœur de ville, commencent à sérieusement inquiéter les Sétois et les Sétoises.

Le SPLBT, dont les actionnaires incluent la Commune de Sète, Sète Agglopôle Méditerranée, Sète Hérault Méditerranée et la commune de Marseillan, a pour mission de soutenir l’aménagement commercial et artisanal ainsi que la gestion des parkings publics. Ce projet de parking souterrain sous la place Aristide Briand fait partie d’un investissement de plusieurs dizaines de millions d’euros, financé par les contribuables de ces collectivités territoriales.

Le collectif Bancs Publics Sète, qui mène une bataille acharnée contre ce projet, dénonce les dépenses liées à cette infrastructure. Ils critiquent comme le comité des usagers de l’eau bassin de Thau ce qu’ils considèrent être une « politique publique aventureuse » qui, selon eux, manque de considération pour l’intérêt général. Les élus locaux, en particulier ceux de l’opposition municipale à Sète, ont exprimé aussi leurs inquiétudes, arguant que le projet pourrait avoir des répercussions négatives à la fois sur le plan environnemental et financier.

Une eau douce d’origine karstique

L’un des points très contestés du projet concerne la gestion des eaux souterraines sur le site. Dès juin 2023, des études hydrogéologiques avertissent de la complexité de construire un parking souterrain en présence d’une nappe phréatique. Malgré ces alertes, les travaux ont continué, ils se heurtent aujourd’hui à la réalité des sols de cette place.

Lors du conseil municipal de septembre 2024, Vincent Sabatier, adjoint au maire, a affirmé que l’eau présente sous la place Aristide Briand était « très salée », en référence à de précédentes analyses. Plus péremptoire, déjà en novembre 2023, ce même adjoint de François Commeinhes déclarait : « Il n’y a jamais eu d’eau à Sète, avant qu’on aille la chercher à Issanka. » Cependant, un prélèvement effectué le 2 octobre 2024 à la demande de Bancs Publics Sète a montré des résultats différents. Les analyses, réalisées sur un échantillon prélevé à l’angle de la rue du 11 novembre, ont révélé une salinité de 3,4 g/l, démontrant certainement qu’il s’agit principalement d’eau douce (90 %), potentiellement d’origine karstique, mélangée à une faible proportion d’eau salée provenant du Grand Canal de Sète. Pour comparaison, la salinité du Grand Canal avait été mesurée à 37,8 g/l en novembre 2023.

Ces résultats soulignent l’importance de cette eau douce, un bien commun dont il faudrait assurer la protection. Le pH mesuré à 7,7 indique que l’eau est dans les normes des eaux naturelles, corroborant l’hypothèse d’une source d’eau douce localisée.

L’opposition s’amplifie pour défendre un « bien commun »

Les associations et certain•es élu•es municipaux s’unissent pour contester la faisabilité de ce projet. Laura Seguin, conseillère municipale d’opposition à Sète, a pris la parole pour dénoncer l’incapacité de la SPLBT à gérer ces contraintes et a demandé une réévaluation du projet, pour prendre en compte l’impact écologique. Le collectif Bancs Publics appelle à un arrêt du projet et à la sauvegarde de cette ressource naturelle. Pour le comité des usagers de l’eau bassin de Thau « puisque l’eau résiste sur cette place, résistons avec elle ! »