Projets fumeux : pourquoi les méga-incinérateurs ne sont pas la solution

Illustration, waste incineration plant - Photo - An Sicht
Illustration, waste incineration plant - Photo - An Sicht

Brûler les déchets pour produire de l’énergie « verte » : sur le papier, l’idée semble séduisante. En réalité, c’est un mirage. Derrière les projets d’incinérateurs géants ou d’unités de production de CSR (combustibles solides de récupération) se cache un aveuglement que dénonce aujourd’hui Zero Waste France avec sa campagne « Stop aux projets fumeux ».

Sous couvert d’économie circulaire, les collectivités et industriels cherchent à valoriser énergétiquement des montagnes de déchets non recyclables. Or, ces installations, présentées comme modernes et écologiques, enferment nos territoires dans un modèle dépassé : celui du tout jetable. Car pour fonctionner, un incinérateur a besoin d’être alimenté en permanence. Autrement dit, il faut produire toujours plus de déchets pour le rentabiliser.

Triez, mais continuez à jeter

Les CSR sont un trompe-l’œil. Leur combustion libère du CO₂, des particules fines et des métaux lourds, parfois à proximité d’écoles ou de zones habitées. Chaque tonne brûlée, c’est une ressource perdue et un signal contradictoire envoyé aux citoyens : triez, mais continuez à jeter. D’autant que les incinérateurs ne représentent qu’une part marginale de la production énergétique française, loin d’être « décarbonée ».

Le coût public

L’autre paradoxe, c’est le coût public. Ces infrastructures mobilisent des centaines de millions d’euros de subventions, au détriment de la prévention, du réemploi et du compostage, pourtant bien plus efficaces sur le plan environnemental et économique. Au lieu d’investir pour brûler, pourquoi ne pas investir pour réparer, recycler, réduire ?

Zero Waste France appelle à un moratoire sur tous les nouveaux projets d’incinérateurs et d’unités CSR. L’association réclame la fermeture progressive des plus anciens, la transparence sur leurs émissions, et un rééquilibrage des politiques publiques vers la réduction à la source.

Impact climatique, sanitaire et économique

Dans la même logique, le député insoumis René Pilato a déposé à l’Assemblée nationale une proposition de moratoire parlementaire sur la construction de nouveaux incinérateurs. Le texte, soutenu par plusieurs associations environnementales, veut suspendre les projets tant qu’une évaluation complète de leur impact climatique, sanitaire et économique n’aura pas été réalisée.

Une initiative politique rare qui note l’urgence et la nécessité de repenser la hiérarchie des modes de traitement des déchets à l’échelle nationale, avant que la France ne s’enferme dans des infrastructures du passé.

La bataille n’est pas seulement technique, elle est culturelle et politique. Elle oppose deux visions du monde : celle qui continue à traiter les déchets comme une fatalité, et celle qui les regarde comme une erreur de conception. Face aux « projets fumeux », l’intelligence collective des territoires doit rester en alerte.

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