Saignée industrielle : la CGT alerte sur l’explosion des plans sociaux, « décembre sera rouge ! »

Sophie Binet Secrétaire Générale de la CGT - Photo - JP Vallespir
Sophie Binet Secrétaire Générale de la CGT - Photo - JP Vallespir

Depuis plusieurs mois, la CGT tire la sonnette d’alarme sur une hémorragie industrielle sans précédent en France. À travers les chiffres dévoilés par Sophie Binet, secrétaire générale de la confédération, le constat est implacable : les suppressions d’emplois s’accélèrent à un rythme alarmant pour devenir désormais un « danger grave et imminent. »

180 000 emplois menacés

Sophie Binet : « La CGT appelle les salariés à se mettre en grève et occuper leurs usines pour empêcher leurs licenciements. » En mai dernier, on recensait déjà 180 plans de sauvegarde de l’emploi (PSE). Ce chiffre est monté à 200 en octobre, pour atteindre aujourd’hui 250. En seulement quelques mois, ce sont des milliers de postes supprimés et des territoires entiers qui subissent les répercussions de cette désindustrialisation. Ces derniers mois, « nous assistons à une saignée tristement historique dans l’industrie » près de 180 000 emplois sont menacés et 252 plans de licenciements sont en cours.

PSE un outil de gestion de crise qui brise des vies

Les PSE, souvent perçus comme un outil de gestion de crise pour les entreprises, cachent une réalité beaucoup plus sombre. Ce sont des vies brisées, des familles plongées dans l’incertitude, et des bassins d’emplois laissés à l’abandon. La fermeture d’usines ou le déplacement d’activités à l’étranger ne se résument pas à des lignes comptables dans les bilans financiers : elles abîment profondément le tissu économique et social local. De petites villes ou zones rurales, autrefois structurées autour d’un acteur industriel majeur, voient leur avenir compromis. Les commerces, les services publics et la dynamique locale en sont directement affectés, l’effet domino s’impose avec violence et fragilise tous ces territoires.

« Danger grave et imminent… nous pouvons perdre durablement notre industrie ! » Dans sa déclaration du 27 novembre, Sophie Binet a dénoncé une politique qui favorise les grandes entreprises et les actionnaires au détriment des salariés. « Il faut agir ! » La secrétaire générale appelle à une prise de conscience collective et à des mesures d’urgence pour enrayer cette spirale de délocalisations et de fermetures. « La France est en train de perdre des pans entiers de son industrie, ça fait des mois que la CGT alerte dans le désert… Ce n’est pas seulement une question économique, c’est une question de souveraineté et de justice sociale », a-t-elle expliqué.

Les raisons d’un phénomène inquiétant

Plusieurs facteurs expliquent cette montée en flèche des PSE. Les crises successives, qu’il s’agisse de la pandémie de Covid-19 ou de l’impact économique de la guerre en Ukraine, ont fragilisé de nombreuses entreprises. Cependant, la CGT pointe du doigt des stratégies financières douteuses : des groupes rentables n’hésitent pas à restructurer pour maximiser leurs profits au détriment de leurs salariés. Les aides publiques, comme celles du plan de relance ou les exonérations fiscales, sont utilisées de manière abusive par des entreprises qui, une fois les fonds perçus, délocalisent leurs activités ou ferment des sites.

Quelles solutions pour stopper l’hémorragie ?

Pour Sophie Binet et la CGT, il est urgent de réorienter la politique industrielle du pays. Parmi les mesures proposées, il y a impérativement la conditionnalité des aides publiques au maintien de l’emploi et l’interdiction des PSE pour les entreprises qui réalisent des profits. D’autres syndicats appellent à une meilleure protection des salariés et à des investissements massifs dans des filières d’avenir, comme la transition énergétique. Enfin, la CGT plaide pour une relocalisation industrielle ambitieuse, qui doit s’appuyer sur des filières stratégiques et des projets régionaux porteurs. L’objectif ? Renforcer la souveraineté économique du pays pour créer des emplois pérennes.

Pour motiver un dialogue constructif : « Décembre sera rouge ! »

Le sujet prend de l’ampleur dans le débat public, la CGT organise des actions de mobilisation à l’échelle nationale. Pour Sophie Binet, l’urgence est de mettre fin à cette logique destructrice et d’engager un dialogue constructif avec le gouvernement. Pour motiver un dialogue constructif : « Décembre sera rouge ! » Le 3 décembre sera la journée d’actions unitaire des retraité·es, le 4 la mobilisation et la grève unitaire chez Auchan. Pour le 5 décembre, la mobilisation sera unitaire et pourra compter sur la grève dans la fonction publique. Le 10 décembre les dockers prennent le relais et feront grève. Le 11, passage de flambeau pour la mobilisation unitaire et la grève des cheminot·es. Le 12 décembre ce sera la mobilisation dans l’industrie.

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