Les vœux se succèdent, mais ne se ressemblent pas. Mercredi, ce devait être petits fours et champagne aux vœux de la Municipalité au Chais des Moulins. Jeudi, pour le collectif Bancs Publics, simple tour du gigantesque trou béant dans lequel a été engloutie la place Aristide Briand, avec distribution de papillotes à l’arrivée.
Malgré le vent glacial et l’âpreté de la lutte, l’ambiance était résolument joyeuse et festive pour les vœux du collectif qui veut, comme le dit la chanson qui passe dans la sono, « continuer à danser« . L’infatigable Christophe Lalia se réjouit : »Nous, avec nos petits moyens, mais avec notre force et notre résistance, et la foi en ce qu’est la politique citoyenne, on peut développer des trésors de créativité. On a des gens formidables, plein d’idées, une belle dynamique. Après trois ans, on est toujours là, plus vivant et résolu que jamais« .
Comme le veut ce qui devient désormais une tradition, chaque rendez-vous du collectif offre son lot de surprises. Pour ce début d’année, des calendriers sont proposés, on défile en chantant fort et en plaisantant, on commente le grand panneau de chantier où figurent le nom de tous les organismes et entreprises responsables du massacre écologique et humain de la place, lesquels se font un à un copieusement « houhouter » ou « haouhaouter », dans une sorte de catharsis collective de trois ans de lutte et de colère.
La loi du profit
En réponse aux palissades qui cachent le chantier inondé, sur lesquelles des images publicitaires présentent une place somptueuse dotée d’arbres magnifiques qui jamais ne pourront pousser sur le béton, c’est sur les grillages de la rue du 11 novembre que les manifestant·es accrochent encore les fanions de leurs dénonciations : « Je pompe donc je suis« , « NGE : Niqueurs Grands Espaces« , »Au nom du pez, du fric et du Saint Pognon !« , « ce chantier est la honte« . Ou encore « Ne pas se résigner« , un slogan qui pourrait s’appliquer à tous les secteurs de la vie auxquels la loi du profit porte atteinte.
À la surprise générale, de cette rue qui surplombe le chantier, les vœux et mots d’ordre du collectif sont projetés au rayon laser, en vert (la couleur de l’espoir) sur la façade des immeubles de la rue du 8 mai 1945, tandis que la foule reprend avec le fidèle François de vieux tubes aux paroles réécrites avec humour pour fustiger l’équipe Commeinhes et les slogans pour galvaniser l’action. De quoi se recharger pour l’année !
