Parking Aristide Briand à Sète : symbole et coeur de toutes les colères

Collectif Bancs Publics Stop au parking Sète septembre 2025 - Photo - Isabelle Goutmann
Collectif Bancs Publics Stop au parking Sète septembre 2025 - Photo - Isabelle Goutmann

Dans le contexte de révolte qui marque cette rentrée 2025, la réalisation du parking en centre-ville de Sète avec son cortège de mépris, de dénis environnementaux, de malversations, de répressions policières, d’aveuglement de la justice, offre un concentré symbolique de la colère populaire. Il représente tout ce dont les citoyen·nes ne veulent plus : les profits au détriment des humains et de la nature, le béton contre les ressources naturelles et la socialisation. Point à chaud de la situation ce 6 septembre, au lendemain d’une « opération surprise ».

Après le choc qu’a constitué la décision du tribunal administratif du 17 juillet dernier validant le permis de construire du parking Aristide Briand, le Collectif Bancs Publics a démonté un à un tous les arguments du juge par la publication en quatre épisodes d’un « roman noir de l’été » intitulé « Histoire de Faussaires » publié sur les réseaux. Y ont été traitées avec sérieux et humour la problématique du trafic automobile en centre-ville, puis celle des arbres, celle du détournement de l’eau et en dernier épisode, la question de la mobilité et de la sociabilité.  Christophe Lalia, animateur du Collectif Banc Publics, a déploré que ce jugement du 17 juillet ait été pris en méconnaissance des réalités de terrain : « il faudrait que le juge vienne aujourd’hui pour constater ce qui se passe. Montpellier, c’est pas loin, c’est juste à 30 km. »

Opération surprise

Heureusement, toutes les procédures ne sont pas closes. Certaines sont même instruites avec le plus grand sérieux. Ainsi la procédure pénale (et non civile ou administrative), lancée suite à la plainte déposée auprès du procureur de Montpellier et qui vise à pénaliser des « atteintes à l’environnement » (pompages d’eau excessifs sans étude d’impact obligatoire) et des « faux et usages de faux » notamment dans les registres de prélèvements d’eau. Dans ce cadre, une ordonnance du tribunal pénal de Montpellier a permis à une délégation d’entrer sur le chantier avec un commissaire de justice, un serrurier et la police nationale pour y vérifier le débit des pompages. Christophe Lalia pour le collectif Bancs Publics et Henri Loison pour le comité des usagers du cycle de l’eau du Bassin de Thau et pour la prud’homie des pêcheurs des étangs de Thau et d’Ingril ont fait retour de cette visite tenue secrète jusqu’au dernier moment pour éviter que des éléments soient dissimulés. La visite a duré environ 1h30 et a permis de relever de nombreuses anomalies qui seront fournies au procureur en charge de la procédure.

Sète le parking d'un désastre annoncé - Photo - PLURIELLE INFO
Sète le parking d’un désastre annoncé – Photo – PLURIELLE INFO

Un chantier sous la pression du calendrier électoral

Cela a été annoncé en grande pompe dans la presse locale : le parking sera livré en décembre. Sur place, lors de cette visite du 5 septembre, on en est encore à l’état d’un gros « sarcophage » oppressant. Et c’est plutôt le stress, la lassitude et l’inquiétude qui dominent, aussi bien du côté des responsables et ouvriers du chantier que du maître d’ouvrage, la SPLBT. « Le calendrier du chantier est bousculé par des élus en campagne électorale qui mettent une pression pas possible », constate la délégation. Et cela au prix de la sécurité. Car même s’ils n’étaient pas venus pour cela, il n’a pas échappé aux visiteurs-surprise l’étrange atmosphère régnant sur les lieux. Henri Loison, qui fut par le passé relais pour la Caisse Régionale d’assurance maladie en hygiène et sécurité, a été frappé par l’impression d’un chantier « hasardeux » aux conditions défaillantes : des blocs de béton déplacés sans annonce ni protection, une odeur d’urine au 2e sous-sol qui laisse deviner une absence de toilette (ou de possibilité d’y accéder pour les ouvriers..?). Quel que soit le plan de communication déployé par la mairie,  l’état apparent d’avancement et les annonces d’inauguration imminente ne contredisent en rien la réalité d’une atteinte à la nappe phréatique et d’une catastrophe écologique et économique qui ne sont pas sans conséquence sur la suite de l’histoire. Les citoyen·nes n’ont pas dit leur dernier mot.

Leçon de botanique ou la longue arnaque des arbres

Tout aussi inquiétante est la perspective des aménagements en surface sur une dalle de 5000 m2 de béton. Elle est entourée d’escaliers dont on peine à imaginer les accès pour des handicapés ou des personnes âgées. Les plans affichés sur les palissades montrent une belle place arborée. En complément de l’épisode consacré à cette « arnaque des arbres », Louis Belot a fait  samedi la démonstration, maquette à l’appui, de l’impossibilité de faire pousser des arbres – alors que 600 000 euros sont prévus pour leur achat ! – sur seulement 1,20 m de terre. « Les racines cherchent l’eau en profondeur. Forcément, les arbres connaîtront un stress hydrique » promet l’orateur (comme c’est déjà le cas pour les quelques arbres qui n’ont pas été enlevés) «  avec des risques d’arrachage et de soulèvement du sol ». En tout état de cause, jamais un tilleul argenté  ne pourra atteindre sa taille et sa maturité normales . D’ailleurs, il n’y a qu’à voir ce qu’il advient des plantations place de la Comédie à Montpellier.

Rétroactivement, il remet en cause le diagnostic qui a justifié l’abattage des platanes de cette place en 2015. « Pourquoi alors ceux de la place Léon Blum ou du parc du château d’eau (Simone Veil) étaient exempts de cette maladie ? ». Selon lui, c’est parce qu’il y avait déjà ce projet de parking que les platanes ont été abattus sur l’esplanade. Et il alerte le public : « il est encore prévu d’abattre des arbres à côté là, dans le projet de salle Brassens. Partout, on végétalise, ici, on bétonnise toujours plus ! »

Sortie toujours introuvable

En l’état actuel des informations, il semblerait que l’entrée et la sortie se feraient au même endroit, rue Gabriel Péri, sans connaître encore la conformité de la largeur de cet accès unique. Mais la sortie par tunnel rue Henri Barbusse n’est pas à exclure puisqu’il figure sur un permis de construire validé par un juge. « Ils nous arnaquent depuis le début » déplore Christophe Lalia qui constate aussi la pression mise sur le personnel de ce chantier incertain, dont le collectif se déclare solidaire.

Avec l’espoir que les responsables de ce désastre, que « ceux qui ont triché, soient punis un jour », le Collectif appelle à amplifier la mobilisation citoyenne, notamment le 10 septembre, pour mettre un terme partout à ses logiques affairistes dévastatrices. « Révoltons-nous. C’est ici notre colère ! »

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