Lettre ouverte au préfet de la Région Occitanie, à la préfète de l’Hérault ainsi qu’aux élu·es des communes de Sète Agglopôle, des conseils régional et départemental, des députés et sénateurs du territoire.
Rappel des faits
L’étang de Thau fait régulièrement l’objet de pollutions dues aux rejets d’eaux usées à la suite de fortes pluies.
Au mois de décembre 2022, des eaux usées non traitées ont été déversées dans l’étang de Thau, secteur Sète, de nouveaux rejets ont eu lieu en décembre 2023, secteur Pomérols sans information de la population.
En décembre 2025, deux nouvelles pollutions ont été constatées: le 15 décembre avec une probabilité de présence de norovirus infectieux faible et le 22 décembre 2025 la parution d’un arrêté préfectoral (DDPP 34-25-XIX-321) qui a stipulé le retrait des moules sorties de l’eau depuis le 22 décembre 2025 sur la zone A (Bouzigues/Loupian) et un allongement de la durée de purification à 72 heures minimum pour les huîtres en ce qui concerne la même zone.
Ces rejets d’eaux usées dans le milieu naturel ont pour conséquence la contamination des coquillages de l’étang de Thau par un virus appelé « Norovirus », constituant un danger pour la santé publique, en particulier pour les consommateurs de coquillages. Ces crises sanitaires puis économiques dont les causes sont connues constituent des dangers constants pour les populations et les professionnels.
Interrogations sur l’alerte et les mesures sanitaires
D’après les autorités préfectorales, les pollutions sont dues à des déversements d’eaux usées observés sur les réseaux autour de la lagune de Thau à la suite d’épisodes pluvieux.
Les mesures informant la population et les professionnels sont prises par arrêtés préfectoraux en cas de danger sanitaire. En 2022, le Préfet de l’Hérault a pris un arrêté interdisant la commercialisation des coquillages le 29 décembre 2022, connu publiquement le 30 décembre 2022, avec effet rétroactif au 22 décembre 2022 et rappel des produits mis en vente sur le marché après le 15 décembre 2022. La crise de décembre 2023 sur le secteur de Pomérols a été méconnue de la population et des consommateurs.
D’où viennent les eaux usées non traitées ?
La seule cause de contamination des coquillages par le norovirus est l’infection par des eaux usées non traitées en provenance de systèmes d’épuration des communes (Rapport agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail).
Sur l’étang de Thau, à l’origine, cinq communes après lagunage déversaient des eaux dans l’étang de Thau : Loupian, Mèze, Montbazin, Villeveyrac, Marseillan, la station d’épuration des eaux usées de Sète Eaux Blanches rejetant les eaux traitées par un émissaire en mer, sauf en cas de surverse et forts débordements des réseaux d’eaux usées.
Quand SUEZ ENVIRONNEMENT FRANCE devient concessionnaire du traitement des eaux usées pour Sète Agglopôle Méditerranée
Le montant de la concession accordée en 2017 pour 20 ans est de 277 millions d’euros. La construction de la
nouvelle station d’épuration des eaux usées des Eaux Blanches à Sète pour un montant de 72 millions d’euros inclut le raccordement des communes de Poussan-Bouzigues, de Gigean et de Frontignan Plage. Le concessionnaire s’est engagé à investir progressivement 19 millions d’euros pour aménager les réseaux autour de la lagune, sans réels effets à ce jour.
La station d’épuration des eaux usées de Sète Eaux Blanches, par temps sec, rejette les effluents traités par l’émissaire en mer existant. Par temps de pluie, un ouvrage d’écrêtage et un bassin tampon de 6 000 m3 permettent de faire face à la pluie mensuelle et de stocker les eaux pluviales en cas d’intempéries exceptionnelles.
Au-delà, les eaux décantées sont dirigées vers l’émissaire en mer et les eaux traitées sur la file membranaire rejetées dans le canal de la Peyrade pour rejoindre l’étang de Thau.
En 2025, de nouveaux travaux ont été réalisés sur la commune de Sète pour un montant de 4,5 millions d’euros, mais 40 km de réseaux unitaires (eaux pluviales et usées transportées dans la même canalisation) subsistent, alors que l’émissaire en mer est défaillant sur plus d’un kilomètre, limitant les efforts consentis par les collectivités publiques.
Questions restées sans réponse
Quelle est l’origine des rejets d’eaux usées non traitées dans l’étang de Thau en 2022,2023 et 2025 ? Le concessionnaire Suez France (Thau Maritima) et Sète Agglopôle Méditerranée doivent répondre à cette question.
Nous renouvelons nos propositions:
– Une enquête diligentée avec publicité sous la responsabilité du Préfet de Région Occitanie et de Madame la Préfète de l’Hérault, et de ses services pour connaître l’ensemble des éléments concernant les pollutions constatées de l’étang de Thau en 2022, 2023 et 2025.
– La création d’une commission d’enquête parlementaire de l’Assemblée Nationale sur l’ensemble de ces événements sanitaires.