Le collectif AutreCom, présent en force au Conseil de métropole a affiché les nouveaux panneaux d’entrée et de sortie de la nouvelle ville : Saint-Jean de Vinci. L’action de ce mardi était faite pour alerter des dérives possibles d’une maîtrise d’ouvrage privée pour le Contournement ouest de Montpellier (COM). 

Céline Scornavacca, porte-parole du collectif AutreCom, veut dénoncer une perte de contrôle de la métropole sur ce projet et pointe une série de décisions qui confie la maîtrise d’ouvrage à ASF (Autoroutes du Sud de la France), filiale de Vinci, sur la ligne 2 du tramway, le réseau d’eau potable et la fibre optique. « On se demande si on n’est pas en train de perdre la main sur l’ouest de notre métropole », déclare-t-elle. Céline Scornavacca dénonce aussi l’absence d’une enquête environnementale préalable, malgré les recours en cours et l’exemple du Grand Contournement Ouest de Strasbourg, déclaré illégal après sa construction. « C’est très important d’attendre que la justice fasse son travail », ajoute Céline Scornavacca et note qu’un sondage de Vinci révèle que 68 % des habitants sondés ne connaissent pas ou très peu le projet. Le collectif AutreCom demande un moratoire pour prendre le temps de mieux comprendre et débattre autour de ce projet controversé.

[VIDEO] Céline Scornavacca, Porte-parole du collectif AutreCom :

« Le COM n’est que mensonges » Coralie Mantion

En conseil de métropole, pour Coralie Mantion EELV Conseillère d’opposition « le COM n’est que mensonges », même tempo du côté Manu Reynaud encore lié au maire socialiste : « ne parlons pas de contournement, mais parlons de méga autoroute de Vinci ». Le maire LFI de Grabels Réné Revol, ici vice-président, s’interroge « pourquoi nous n’avons pas toutes les données sur la table pour nous prononcer clairement ? » Et son constat est direct : «  nous prenons beaucoup de risque en créant cette liaison ». Alenka Doulain  va droit au but et s’adresse à Michaël Delafosse : « vous avez livré notre territoire aux désidératas de Vinci. » La Conseillère métropolitaine s’inquiète de l’indépendance du territoire face aux grands groupes,« circulez, il n’y a rien à voir, Vinci va tout prendre en charge, c’est payé. » Puis elle dénonce clairement « l’ambiguïté sur le caractère autoroutier du projet. » Et lance à l’attention du Président de la métropole : « c’est Vinci qui paye, mais il semble surtout avoir acheté votre silence. »

Rewind : En juin 2020, Michaël Delafosse s’engageait dans une lettre adressée à Greenpeace à ne pas financer le Contournement ouest de Montpellier (COM) et à plaider pour sa transformation en un « boulevard urbain » limité à 50 ou 70 km/h. Il s’affirmait ainsi en opposition aux projets autoroutiers « incompatibles avec les objectifs climatiques » et promettait de prioriser « les mobilités décarbonées », mais ça c’était avant !

Quatre ans plus tard, les doutes s’installent durablement. Ce mardi 10 décembre en conseil de métropole, l’affaire 53 est donc pointée du doigt, il y est question d’une convention relative aux travaux de construction de la ligne 2 du tramway, pour un montant de 6,84 millions d’euros HT. Elle a été adoptée par la majorité du conseil, mais soulève toute l’opacité et les incertitudes de l’ensemble du projet de COM.

Alors que se passe-t-il avec les affaires 52 et 53 ? Facile : le COM devrait devenir un nouveau tronçon autoroutier entre l’A709 et l’A750, mais aujourd’hui pour le construire, il faut toucher à la ligne 2 du tramway du côté de Saint-Jean-de-Védas. En gros, il va falloir creuser une tranchée et faire passer des routes au-dessus et au niveau des rails. Résultat : le tram sera coupé entre juillet 2026 et juin 2027. Pendant ce temps, il y aura des bus pour le remplacer. Tout ça est géré par ASF, Montpellier Méditerranée Métropole avance le pognon des travaux pour adapter le tram et le service de bus, ASF remboursera.

Problèmes : certaines ambiguïtés dans cette convention suscitent des inquiétudes. Une partie de ces travaux pourrait-elle être financée par les contribuables, alors qu’ils semblent liés au COM ? L’absence de clarté soulève des interrogations parmi les élus, notamment sur les dépenses imputées au budget métropolitain sans débat public.

De plus, l’ancien engagement de Michaël Delafosse — obtenir de l’État une révision du COM en boulevard urbain — reste flou. Le projet conserve des caractéristiques autoroutières sur plusieurs sections, avec des tronçons à 90 km/h et un échangeur Nord rénové pour faciliter le passage des camions entre l’A750 et l’A709. Ces choix contredisent les promesses faites en 2020.

« Je plaide pour que ce soit une route nationale ». Michaël Delafosse

La vitesse sera négociée plus tard, 2024 en Conseil de métropole ce 10 décembre : « moi je vais vous dire je plaide pour que ce soit une route nationale et que le moment venu, on puisse prendre la décision d’abaissement à la vitesse. » Puis le Président Delafosse semble piétiner dans ses explications : « aujourd’hui les conditions de financement telles qu’elles ont été obtenues sans un euro des contribuables de la métropole. Enfin, pardon ! Des entreprises qui contribuent à la métropole puisque le financement par le contribuable de la métropole, c’est très très très très faible et bien c’est par le modèle du péage autoroutier et qui pousse à faire, à réaliser ce projet, c’est-à-dire avec actuellement une configuration à 90 km/h. Mais on travaille ! » Bref ! le modèle économique repose sur le système de péage autoroutier, et pour la suite il faudra s’assoir autour d’une table pour renégocier. Jean-Luc Savy le maire de Juvignac parle d’un « boyau central » comme pour mieux canaliser circulation et pollution, entre Copil & Cotech, au contact de Vinci tous les 3 mois, il se veut rassurant et stigmatise l’opposition en caricaturistes.

Reste que le collectif AutreCOM et plusieurs élus regrettent ce qu’ils qualifient d’opacité et dénoncent l’inadéquation entre les engagements pris et la réalité des décisions. Le COM, tel qu’il se dessine aujourd’hui, apparaît bien loin des ambitions écologiques affichées. Certains parlent d’un « projet monstrueux ». À suivre…