Pollution de l’eau dans l’Hérault : l’État agit face aux PFAS avant l’entrée en vigueur de la réglementation européenne

Pollution, PFAS et Nature - Photo - Carl Tronders
Pollution, PFAS et Nature - Photo - Carl Tronders

Alors que les « polluants éternels » font l’objet d’une attention croissante à l’échelle européenne, la préfecture de l’Hérault annonce une série de mesures destinées à encadrer et traiter la présence de PFAS dans l’eau potable.

Trois communes du département : Lunel-Viel, Saint-Just et Saint-Nazaire-de-Pézan dépassent d’ores et déjà les futures normes européennes, prévues pour 2026. Une situation préoccupante à laquelle les autorités entendent répondre sans délai, selon le communiqué du 1er avril 2025 du préfet de l’Hérault.

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Campagne régionale pour cerner les risques

Dans un souci d’anticipation, l’agence régionale de santé (ARS) Occitanie a lancé dès février 2024 une campagne de recherche sur les PFAS, ces substances per- et polyfluoroalkylées reconnues pour leur persistance dans l’environnement et leur toxicité.

Sur les 326 sites analysés en région, 25 étaient situés dans l’Hérault. Résultat : trois communes présentent des taux supérieurs à la limite de qualité de 0,10 µg/L pour la somme de 20 PFAS, seuil qui deviendra obligatoire au 1er janvier 2026 conformément à la directive européenne.

À Lunel-Viel, la concentration moyenne atteint 0,15 µg/L. À Saint-Just et Saint-Nazaire-de-Pézan, elle s’élève à 0,12 µg/L. Ces dépassements ont motivé la mise en place d’un comité de suivi départemental, réuni le 19 mars en préfecture, pour coordonner les investigations et définir les pistes de traitement.

Une pollution sans origine identifiée

Les services de l’État, en lien avec les collectivités concernées, ont mené plusieurs séries d’analyses pour localiser la source de cette contamination. La DREAL n’a pas relevé d’impact significatif en provenance des sites industriels. De leur côté, les collectivités ont effectué des prélèvements à la sortie des stations d’épuration, dans les cours d’eau du Dardaillon Est et Ouest, ainsi qu’au niveau des piézomètres proches du captage des Horts.

Aucune de ces investigations n’a permis, à ce jour, d’identifier un point d’origine précis. La pollution semblerait donc diffuse, ce qui complique les démarches d’intervention. Une nouvelle enquête environnementale va être lancée par les opérateurs de l’eau afin de poursuivre les recherches.

Un traitement par charbon actif dès cet été

En parallèle des investigations, des mesures concrètes sont prévues pour limiter l’exposition de la population.

Les exploitants Suez et Veolia, en charge de la distribution d’eau potable dans les communes concernées, installeront d’ici au 1er juillet 2025 un système de filtration par charbon actif. Ce procédé, déjà testé dans d’autres territoires, permet de capter les molécules de PFAS et de ramener leur concentration sous le seuil réglementaire.

Reste que ce dispositif de traitement représente un coût important. C’est pourquoi le préfet de l’Hérault a annoncé un accompagnement financier en partenariat avec l’agence de l’eau, pour limiter l’impact budgétaire pour les collectivités locales.

Alignement avec les exigences européennes

Avec cette campagne préventive et l’annonce de solutions concrètes, la préfecture de l’Hérault s’aligne sur les exigences européennes à venir. Un mouvement de prise en compte des PFAS dans la politique de santé publique est plus qu’urgent. Ces composés, utilisés dans de nombreux produits industriels ou de consommation courante (revêtements antiadhésifs, textiles, mousses anti-incendie, etc.), sont au cœur de plusieurs enquêtes scientifiques et journalistiques en raison de leurs effets potentiels sur la santé, notamment sur le système immunitaire, le foie ou les fonctions hormonales.

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