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Quartiers populaires : « Ne pas voter, c’est ne pas exister »

Rencontre Quartiers Populaires Mohamed Bensaada Rhany Slimane Diangou Traoré - Photo - JP Vallespir
Rencontre Quartiers Populaires Mohamed Bensaada Rhany Slimane Diangou Traoré - Photo - JP Vallespir

« Ne laissez pas le soleil et le froid décider quelle conférence vous allez suivre ! » Les rires résonnent dans l’amphithéâtre en plein air de la Maison pour toutes et tous Escoutaire à Montpellier. Ce samedi 18 janvier, iels sont environ 80 personnes réunies dans le quartier Saint-Martin. Tou·tes sont venu·es pour une première édition montpelliéraine des « Rencontres locales des quartiers populaires ».

La journée, organisée par le groupe d’action de La France Insoumise du quartier Saint-Martin, propose quatre conférences avec des acteur·rices des mobilisations dans les quartiers populaires partout en France avec, en ligne de mire, les élections municipales de 2026. « C’est super de faire cette journée, on va nous entendre jusqu’à l’Hôtel de Ville ! ». Au micro, Rhany Slimane,  qui a grandi et vit dans le quartier, accueille le public.  Il veut affirmer la place des habitant·es des quartiers populaires dans les décisions politiques locales et nationales : « Celles et ceux qui veulent parler pour nous, la gauche institutionnelle, oublient trop souvent de nous représenter et de nous inclure dans la décision politique. »

[VIDEO] Interview avec Diangou Traoré, militante du quartier des Francs-Moisins à Saint-Denis :

Les premières conférences sont lancées. Côté jardin, on travaille sur la mémoire des luttes avec Tarek Kawtari, militant historique de l’Assemblée des quartiers et ancien co-fondateur du MIB, le Mouvement de l’Immigration et des Banlieues. Un mouvement qui a marqué l’histoire des luttes dans les banlieues, dans la continuité des mobilisations des années 1980, comme la Marche pour l’égalité et contre le racisme. Côté amphithéâtre, on s’intéresse au présent « Les Noir·es, les Arabes et la gauche », c’est le titre de la discussion avec Diangou Traoré, militante du quartier des Francs-Moisins à Saint-Denis dans le 93, et Mohamed Bensaada, venu de Marseille.

Les quartiers au rendez-vous des prochaines municipales

« Les prochaines municipales peuvent être un grand virage », estime le Marseillais. « Si les quartiers populaires mettent une personne qui nous représente à la mairie de Montpellier, ça va marquer une énorme évolution. » Installée de l’autre côté de la table, Diangou Traoré partage son analyse « On doit s’organiser et agir. Si tu ne le fais pas maintenant, pense à tes petit·es-enfant·es », lance-t-elle avant d’ajouter : « Nous, les habitant·es des quartiers populaires, on est légitimes ! On doit prendre possession et s’affirmer dans tous les espaces de la ville, car c’est aussi chez nous ! »

Pour Mohamed Bensaada, « il est capital de mettre des gens des milieux populaires en position d’être élu·es pour espérer capter le vote de celleux qui habitent dans ces quartiers. Ça ne marchera pas autrement. » Une position résumée par Rhany Slimane : « Le maire Michaël Delafosse nous décrit publiquement comme des “wesh en claquettes et chaussettes », on doit se mobiliser face à ce mépris. »

S’organiser pour peser sur les décisions locales

Le rapport de force passe surtout par la mobilisation les habitant·es des quartiers populaires, en particulier sur les questions de logement. Alors qu’une conférence est consacrée aux questions de laïcité, un autre atelier est dédié à la création d’un syndicat des locataires pour mieux peser face aux bailleurs HLM et privés. Face au public, Fatouma Camara représente les locataires d’Aubervilliers en Seine-Saint-Denis. « Nos problèmes à Aubervilliers, vous avez les mêmes ici », explique-t-elle. « Ce n’est qu’à plusieurs que l’on parvient à faire agir les bailleurs privés ou publics. ». Sylvain souhaite lancer la version montpelliéraine de ce syndicat des locataires « On a besoin d’agir concrètement pour améliorer notre vie. On veut faire ici, à Montpellier, la même chose qu’à Aubervilliers. »

Il est bientôt 17 heures, les conférences sont terminées et tout le monde se retrouve autour d’un goûter. Pour Fatouma Camara, ces journées de rencontre sont un vrai moment de prise de conscience : « C’est hyper précieux. Ça permet de se voir, de se parler et de créer du pouvoir d’agir ensemble. » explique-t-elle avant de conclure « On veut obtenir le respect des institutions. Elles doivent nous prendre en compte. On veut construire notre avenir. » Ce qui suppose aussi que les habitant·es des quartiers exercent leur droit de vote.

[VIDEO] « Ne pas voter, c’est ne pas exister ! » Rhany Slimane

Un nouveau rendez-vous est déjà fixé à Toulouse pour le 1er février. La ville va accueillir à l’initiative de la France Insoumise des militant·es de toute la France pour la troisième édition des « Rencontres nationales des quartiers populaires ». Un événement préparé comme ici à Saint-Martin, et qui a pour ambition de valoriser la parole politique des quartiers populaires.

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