Mouvement du 10 septembre à Sète : un plein succès

Sète action du 10 septembre 2025 - Photo - PLURIELLE INFO
Sète action du 10 septembre 2025 - Photo - PLURIELLE INFO

Préparée par trois assemblées citoyennes, l’opération « Bloquons tout » a rempli ses objectifs à Sète : exprimer sa colère en lui donnant des perspectives, enrayer même à petite échelle la folle machine du profit pour faire céder les politiques austéritaires et autoritaires de Macron et ses affidés. Ni la démission de Bayrou et encore moins la nomination au poste de 1er ministre du ministre des armées n’ont calmé la colère, bien au contraire « Nommer un clone, c’est bien la preuve que Macron se moque de nous ».

Dans la nuit, dès 6 heures, des petits groupes se forment en divers points de la ville et convergent vers les ronds-points définis en Assemblée générale : lycéen·nes ou étudiant·es, salarié·es en grève, commerçants, artistes, artisan·tes, retraité·es, militantes ou pas. Résultat, les axes d’entrée dans la ville sont rapidement tous bloqués. Que l’on vienne de Marseillan, de Balaruc ou de Frontignan, on trouve des comités d’accueil partout qui procèdent à des ralentissements ou blocages filtrants, chaque groupe ayant défini la méthode employée et tiré ensuite les enseignements de leur action.

Coté des Salins, on a particulièrement soigné les pancartes et on se réjouit d’être proche d’une boulangerie qui, en signe de solidarité au mouvement, est venue offrir un plateau de pains au chocolat.

Sète action du 10 septembre (entrée ouest salins) - Photo - PLURIELLE INFO
Sète action du 10 septembre (entrée ouest salins) – Photo – PLURIELLE INFO

Coté Pointe courte, quelqu’un a apporté sa sono qui permet aux bloqueur·ses et aux bloqué·es de danser ensemble au son de HK. Tout se passe dans le calme et la convivialité malgré les embarras qui s’ajoutent aux travaux en cours derrière la gare.

Les choses sont plus compliquées à l’entrée du Port où un agent de sécurité a prévenu : « vous risquez d’avoir affaire aux dockers et avec eux, ça ne rigole pas ». Surprise dans les rangs de la trentaine de lève-tôt qui pensaient sincèrement rencontrer de la solidarité de la part des travailleurs du port. La suite des événements a confirmé l’avertissement. Ce lieu symbolique avait été choisi non seulement parce que le port est le cœur économique de la ville, mais surtout pour bloquer l’usine SAIPOL, filiale du groupe AVRIL dont le président n’est autre qu’Arnaud Rousseau, président de la FNSEA, « véritable auteur de la loi Duplomb », avec pour mot d’ordre « bloquons les pollueurs et les empoisonneurs ». L’exigence écologique est un des ressorts du puissant mécontentement qui s’est levé cet été dans le pays. Mais l’usine SAIPOL était ce jour-là fermée et, en fait de dockers, il s’avère qu’il s’agirait plutôt de nervis de Bolloré. Plurielle reviendra sur cette affaire quand tous les éléments seront réunis.

[VIDEO] incident à l’entrée du port :

Pour éviter que les choses ne dégénèrent, le groupe d’activistes s’est déplacé ensuite pour moitié au Pont des Arts et l’autre moitié au rond-point de la Peyrade où il a été rejoint par des Frontignanais, jusqu’à atteindre une centaine de manifestant·es. La bonne humeur est de retour. Le blocage s’est poursuivi sans heurt ni incident jusqu’à midi.


En tout état de cause, le bilan effectué le soir même place de la mairie par les 200 participant·es et soutiens à l’action est unanime : à quelques exceptions près – émanant le plus souvent de sympathisant RN -, et malgré la gêne occasionnée par des bouchons géants, partout l’ambiance était détendue et même souvent chaleureuse. Les témoignages de soutien sont nombreux « si je pouvais, je serai avec vous. Mais je ne peux pas risquer de perdre mon boulot », « nous aussi, on n’en peut plus de ces richards qui nous gouvernent  et nous méprisent», « Macron, faut le faire sauter »… on prend le tract, on discute…. Dans l’échange le soir place Léon Blum, une militante relève que les automobilistes les plus stressés par la situation étaient souvent des femmes, majoritairement des soignantes qui savent combien un retard est difficile à rattraper dans des conditions de travail extrêmement dures. Une attention particulière leur a été apportée.

Les Sétois·e ont pu se réjouir de la présence discrète et plutôt apaisante de la police nationale à tous les rassemblements de la journée. Sacré contraste avec les moyens déployés à Montpellier où la police a chargé et gazé dès les premiers blocages. Conscient·es d’être « chanceux », mais pas à l’abri de la répression à venir, une formation de street-médic est organisée tandis qu’un jeune appelle à volontaires pour constituer une fanfare au service du mouvement. Des intervenantes énoncent tous les bars et commerces qui se sont montrés solidaires, chaudement applaudis. On apprend également que le chantier du parking Aristide Briand a été perturbé. À chaque étape, les idées foisonnent. Les participant·es se donnent rendez-vous pour organiser les prochaines actions destinées à faire monter la pression jusqu’à la journée du 18 septembre. Chacun·e peut s’exprimer, des nouvelles formes d’organisations sont expérimentées, bref, une démocratie directe, sans chef, où on se plaît à inventer de nouvelles actions, loin de toutes les fadaises des médias qui préfèrent réduire le mouvement à une poignée d’insoumis.

Bilan positif donc d’une mobilisation citoyenne apartisane qui voit enfler et rajeunir ses rangs à chaque assemblée. Qui peut donc croire la litanie des puissants et des commentateurs à leur service qui affirment que cette journée a été un flop ? Outre le nombre de blocages, d’arrêts de travail et de manifestations qui ont marqué cette première journée, il fallait y être en immersion pour en mesurer la portée : l’espoir largement partagé de se débarrasser de Macron, de stopper les dégâts perpétrés par sa caste de privilégiés, et de tout changer.

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