Montpellier : l’union entre Les Écologistes et l’Assemblée des quartiers défie le système Delafosse

Alliance entre le Printemps montpelliérain et l’Assemblée des quartiers - Photo - DR CM
Alliance entre le Printemps montpelliérain et l’Assemblée des quartiers - Photo - DR CM

Alliance politique inédite pour mars 2026, le Printemps montpelliérain, mouvement écologiste, social et citoyen conduit par Jean-Louis Roumégas, a officialisé son alliance avec l’Assemblée des quartiers en vue des prochaines élections municipales.

Une union qui redessine le paysage local à gauche. « L’Assemblée des quartiers rejoint le comité de pilotage du Printemps montpelliérain aux côtés d’EELV, d’Ensemble, de L’Après et de Génération·s », se félicite Jean-Louis Roumégas. Pour le candidat à la mairie de Montpellier, cette alliance marque « un moment important de campagne » : « on ne peut pas mener de politique écologique sans intégrer les quartiers populaires. Nous voulons un projet qui rassemble toute la population, pas une écologie hors-sol. »

Rompre avec la logique d’exclusion

Du côté de l’Assemblée des quartiers, le choix de rejoindre le Printemps montpelliérain plutôt que La France insoumise n’est pas anodin. « Nous ne voulons plus être des figurants », explique Tarek Kawtari, militant historique du Petit-Bard et porte-parole départemental du mouvement. « Depuis quarante ans, les quartiers ont été instrumentalisés. On a servi d’image de diversité pour les campagnes électorales, mais sans jamais avoir voix au chapitre. »

Même constat en interview pour Djamel Ben Saïd, autre figure de l’Assemblée des quartiers et ancien animateur socioculturel : « les habitants des quartiers veulent passer du terrain social au terrain politique. L’écologie ne peut pas avancer sans justice sociale. La ZFE, par exemple, ne peut pas se faire sans accompagnement des familles modestes. Une politique cohérente doit marcher sur deux jambes : le social et l’écologie. »

Cette convergence entre militants des quartiers et écologistes repose sur un diagnostic partagé : la nécessité de réinventer la démocratie locale. C’est dans cet esprit que le Printemps montpelliérain propose la création de parlements de quartier élus, en rupture avec les actuels conseils de quartier, souvent jugés sans influence ou sous influence.

Des parlements de quartier élus par les habitants

Coralie Mantion, ancienne vice-présidente de la Métropole et cofondatrice du Printemps montpelliérain, précise : « Ces parlements seront élus par tous les habitants, pas seulement les inscrits sur les listes électorales. Ce ne sera plus du copinage municipal. Les habitants auront le pouvoir de déposer des délibérations au conseil municipal. »

Pour elle, il s’agit aussi de rendre visible la diversité de Montpellier : « trop souvent, la parole des habitants des quartiers populaires est écartée. Nous voulons qu’ils soient acteurs des décisions publiques. À la Paillade, on impose des projets sans concertation, du stade à la ZAC Sud Mosson. Cela illustre la manière autoritaire dont la ville est gérée. »

Coralie Mantion dénonce la « navigation à vue » du maire socialiste Michaël Delafosse et plaide pour « une vision d’ensemble où le stade de la Mosson redeviendrait un lieu de vie, ouvert sur le quartier toute l’année ».

Une alliance fondée sur la co-construction

Au sujet de la concurrence à gauche, Tarek Kawtari assume un choix différencié. Approchée par la France insoumise à Montpellier, « on nous a proposé des places sur la liste », dit-il, citant des échanges avec l’équipe de Nathalie Oziol, mais l’Assemblée des quartiers a néanmoins privilégié Jean-Louis Roumégas. « Ici, la méthode nous paraît plus ouverte et moins verticale », explique le militant. Il rappelle que leur mouvement s’allie ailleurs avec LFI, par exemple à Toulouse autour de François Piquemal : « ce n’est pas un refus de principe, c’est une question de pratiques locales et de garanties démocratiques. »

Cette alliance intervient après un accord national entre EELV et l’Assemblée des quartiers populaires. Pour Tarek Kawtari, ce rapprochement à Montpellier est avant tout le fruit d’une méthode : « nous avons discuté avec tous les partenaires de gauche, mais Le Printemps montpelliérain nous est apparu comme le plus ouvert » avec plus qu’un espoir, une vraie confiance dans les futurs parlements de quartiers appelés à remplacer les conseils de quartiers.

Le mouvement citoyen prévoit d’intégrer plusieurs membres issus de l’Assemblée sur sa liste, parmi eux, des militants associatifs, des commerçants, des acteurs du sport et de la culture, afin que la composition de la liste reflète la sociologie réelle de la ville, où près d’un tiers des habitants vivent dans les quartiers populaires. À noter aussi : avec les futurs colistiers devrait figurer Mohamed Mechmache, cofondateur du collectif ACLEFEU et figure nationale des luttes pour l’égalité et la citoyenneté dans les quartiers populaires. Installé depuis peu à Montpellier, il doit rejoindre la liste du Printemps montpelliérain, confirmant la volonté de Jean-Louis Roumégas d’associer des acteurs issus du terrain social et militant à la construction du projet municipal.

Une dynamique qui pourrait rebattre les cartes

Au-delà des symboles, cette alliance redonne une perspective politique à des territoires longtemps marginalisés. « Les quartiers ne sont pas condamnés à être des zones de relégation, mais doivent devenir des lieux d’innovation démocratique », aime à dire Jean-Louis Roumégas. Tarek Kawtari confirme le sens de cette démarche : « les quartiers, on les a longtemps confinés au foot et au hip-hop. Maîtriser le ballon c’est bien, maîtriser le verbe et la gestion de la cité, c’est tout aussi important. »

En scellant cette alliance, le Printemps montpelliérain va incarner une autre façon de faire de la politique : horizontale, participative et réellement inclusive. Un pari audacieux qui, à quelques mois du scrutin municipal, bouscule complètement les équilibres traditionnels à Montpellier.

À savoirQu’est-ce que l’Assemblée des quartiers ?

L’Assemblée des quartiers est un collectif citoyen qui se donne pour objectif de donner voix aux habitants des quartiers populaires dans les débats publics, en favorisant l’organisation locale, la solidarité et la participation démocratique. Elle réunit des collectifs, associations de terrain, militants et habitants qui souhaitent agir sur les enjeux de justice sociale, d’égalité des territoires et de démocratie de proximité.

Universités d’automne à venir
L’Assemblée des quartiers organise ses universités d’automne les 7 et 8 novembre à Pantin (Seine-Saint-Denis). Ces journées seront consacrées à des ateliers, tables rondes et échanges autour des dynamiques de quartiers, des luttes populaires et des perspectives d’action collective.

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