Vincent Hergott est le nouveau visage de la campagne d’Isabelle Perrein. Candidate qui, semble-t-il, a décidé de donner le rythme de ces prochaines municipales.
Vendredi 24 octobre, au Club de la presse de Montpellier, la candidate centre droit a présenté ses propositions sur la sécurité et la tranquillité publique, aux côtés de Vincent Hergott, aujourd’hui délégué national pour les unités d’élite de la police nationale (RAID, BRI, Sécurité civile). Ce dernier devient le référent sécurité de sa liste-équipe pour les municipales de 2026.
Désormais c’est une habitude, d’entrée de jeu, Isabelle Perrein donne le ton encore une fois très punchy : « la sécurité est la première de nos libertés et le premier devoir d’un maire digne de ce nom ». Une formule percutante, mais qui peut aussi prêter à réflexion : à force d’opposer sécurité et liberté, on risque d’oublier que la liberté demeure la première des sécurités.
La candidate a surtout dénoncé « une politique d’effets d’annonce » et « des tweets à la place des actes » de la part du maire sortant PS, avant d’ajouter : « la sécurité n’a pas de couleur politique. Ce n’est pas un sujet de droite ou de gauche, c’est une obligation morale envers les habitants », omettant qu’il n’y a pas une, mais plusieurs conceptions de la sécurité, clairement de droite ou de gauche, plus ou moins républicaines, plus ou moins répressives, plus ou moins sélectives ou discriminantes…
Un constat sévère sur le bilan de Michaël Delafosse
Prenant la parole, Vincent Hergott a livré un diagnostic sévère. Selon lui, « Montpellier souffre d’un véritable cancer de la sécurité ». Il reproche au maire sortant de « soigner ce cancer avec de l’aspirine » à coups de mesures « cosmétiques ». De là à dire que Delafosse est le Didier Raoult de la sécurité, il n’y avait qu’un pas… que Vincent Hergott n’a pas tout à fait franchi, mais qu’il a clairement suggéré.
Pour ce policier expérimenté, le dispositif municipal actuel est « indigne d’une grande métropole » : « 200 policiers municipaux pour 310 000 habitants, c’est un ratio d’un agent pour 1 500 habitants, contre un pour 1 000 dans les grandes villes comparables ».
Vincent Hergott dénonce une police municipale « désorganisée, démotivée, cantonnée à la circulation », et critique « une communication politique déconnectée du terrain ». Le prof du Lycée Joffre, Sébastien Cote, en charge de la sécurité, appréciera.
Une « police de proximité » recentrée sur la tranquillité publique
Ancien responsable du renseignement, Vincent Hergott met en avant le « sentiment d’insécurité », un indicateur par nature difficile à objectiver et proche des enquêtes d’opinion, auxquelles on peut souvent faire dire ce que l’on veut. Il s’appuiera pourtant sur ce ressenti pour affirmer qu’il a observé une progression « exponentielle » depuis le début du mandat de Michaël Delafosse.
En revanche, son diagnostic est plutôt rassurant sur la nécessité d’un retour à la « police de proximité », centrée sur le contact avec les habitant·es. « Mettre du bleu sur le terrain », selon la formule consacrée s’inscrit dans la lignée de la doctrine mise en place à la fin des années 1990 sous le gouvernement de Lionel Jospin, inspirée des anciennes « hirondelles » de la police parisienne à la différence que cette police de proximité était nationale.
Pour réussir cette politique, il affirme vouloir « doubler les effectifs municipaux » et « réorienter les missions » vers la prévention et la présence de terrain plutôt que la verbalisation. Sur la question des moyens, Isabelle Perrein précise que ce doublement représenterait « environ 48 millions d’euros sur un mandat », une somme qu’elle compte financer par une réaffectation budgétaire : « avant la gratuité des transports, la TAM encaissait 42 millions d’euros. Ce n’est pas une question d’impôts, mais de priorités ».
« Si cela devait arriver, je démissionnerais. »
Interrogé sur le choix de la municipalité lors de récentes manifestations, où la police municipale avait été déployée casquée et équipée de boucliers, Vincent Hergott a dénoncé une « confusion des genres » et s’en est clairement démarqué : « la police municipale n’a pas à se substituer aux forces régaliennes », a-t-il répondu. Affirmant « connaître le métier de policier et les prérogatives du régalien », il a assuré qu’une telle dérive « ne se produirait pas » sous son autorité : « si cela devait arriver, je démissionnerais. » Un engagement dont il dit qu’il sera « comptable devant les Montpelliérains », pour garantir une stricte distinction entre maintien de l’ordre national et tranquillité publique locale.
Fermeté assumée et coopération avec l’État
Favorable à l’armement des agents, il justifie : « un policier municipal est une cible comme les autres. Être armé, c’est d’abord pouvoir se défendre ». Concernant la vidéoprotection, il plaide pour un usage pragmatique, « un outil indispensable de dissuasion et d’enquête », mais souhaite une meilleure concertation avec la police nationale : « les référents sûreté doivent redevenir les chefs de projet de ces dispositifs ».
« Harceler les dealers »
Sur la question des trafics de drogue, Vincent Hergott défend une approche ciblée : « la police municipale ne réglera pas le narcotrafic, mais elle peut harceler les dealers pour les faire fuir ». Objectif affiché : « pourrir la vie des trafiquants, pas celle des Montpelliérains ».
Le policier, installé à Montpellier depuis cinq ans, revendique un attachement personnel à la ville : « celle que j’ai retrouvée n’est plus celle que j’ai connue il y a trente ans. J’aimerais lui redonner cette qualité de vie perdue ».
Isabelle Perrein résumera l’enjeu ainsi : « aimer sa ville, c’est la défendre. Et cela commence par rendre aux Montpelliérains le droit à la tranquillité ».
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