Après avoir noyé les manifestant·es sous une pluie de grenades LBD et de lacrymo faisant plus de 200 blessé·es dont quatre très grièvement, l’Etat est désavoué encore une fois par un tribunal administratif
La cour administrative d’appel de Bordeaux vient d’annuler ce mercredi 18 décembre l’autorisation environnementale délivrée en 2017 pour quatre méga-bassines du marais poitevin, et notamment celle de Sainte-Soline car elles menacent une espèce d’oiseau protégée. « L’eau stockée » à la date de décision dans la réserve de Sainte-Soline, la seule des quatre dont la construction est achevée, pourra néanmoins être utilisée cet été « par les agriculteurs raccordés », sans toutefois « donner lieu à un nouveau remplissage », a précisé la cour.
Ce n’est pas la première fois
Particulièrement symbolique, cette décision de la cour administrative d’appel de Bordeaux s’ajoute à une tendance générale. En janvier 2023, la Cour d’Appel de Bordeaux avait annulé l’autorisation du projet de retenues de substitution en Charente-Maritime, tandis qu’en février, l’utilisation de cinq mégabassines déjà construites dans ce département avait été interdite par le Conseil d’État. Le tribunal administratif de Poitiers a également annulé, en octobre de la même année, deux projets de 15 retenues d’eau en Poitou-Charentes.
Des points de spoliation de l’eau financés à 70% par l’argent public
À l’heure actuelle, sur les 16 réserves de ce projet financé à 70 % par de l’argent public, une seule fonctionne, à Mauzé-sur-le-Mignon. Le remplissage de celle de Sainte-Soline a commencé cet hiver et deux chantiers sont en cours à Épannes et Priaires. Un autre est prévu à Saint-Sauvant (Vienne).
Les associations à l’origine du recours « s’interrogent » pour leur part dans un communiqué « sur l’obstination de l’Etat et de la Coopérative de l’Eau à poursuivre ce projet délétère, jugé surdimensionné et attentatoire à la biodiversité par deux juridictions ».
Au-delà de ce projet, elles rappellent en effet que le Tribunal administratif de Poitiers avait réduit d’un quart avec exécution immédiate, début juillet, le volume maximal autorisé – jugé excessif – pour l’ensemble des prélèvements d’eau destinés à l’irrigation dans le marais poitevin. L’État, à son tour, a fait appel dans l’un de ces nombreux litiges judiciaires liés à ces réserves.
Son entêtement à servir les intérêts de l’agriculture industrielle nous coûte décidément fort cher en investissements, en frais de justice et de police, et en dégâts environnementaux et humains. Il est temps de mettre aux commandes du gouvernement celles et ceux qui se sont engagé·es clairement, par le programme sur lequel ils et elles ont été élu·es en juillet dernier, pour l’arrêt de cette technique de confiscation des ressources.
