Mercredi, l’union locale de la CGT à Lunel a rencontré les éducateurs spécialisés de l’APS34, une association de prévention intervenant auprès des jeunes et des familles dans les quartiers populaires de Lunel, Marsillargues et Lunel-Viel. Cette rencontre a permis de pointer une situation préoccupante : la suppression annoncée d’un poste d’éducateur à Lunel, conséquence directe des coupes budgétaires imposées par le Département de l’Hérault et l’agglomération lunelloise qui aurait décidé d’arrêter le financement à compter de 2026.

Les éducateurs, qui assurent un travail de terrain quotidien auprès de publics fragilisés, dénoncent une décision lourde de conséquences humaines. Leur équipe est passée de 7 à 4 personnes entre 2023 et aujourd’hui, avec un contrat à durée déterminée non renouvelable, et depuis 6 mois, on leur indique qu’un nouveau poste doit être supprimé dans de brefs délais, jusqu’ici reportés, alors même que les besoins restent importants dans ces territoires marqués par des difficultés sociales majeures.

« Le travail social est souvent invisible, car nous intervenons auprès de jeunes éloignés des dispositifs classiques », témoigne l’un des éducateurs présents. « Nous sommes un pont entre les jeunes, leurs familles et les institutions. Mais comment continuer lorsque les postes disparaissent et que les moyens se réduisent ? »

Leur mission ne se limite pas au soutien scolaire. Ils accompagnent également des familles en grande difficulté, notamment face aux violences intra-conjugales, qui représentent près de 54% des violences physiques recensées dans le département. Une éducatrice souligne : « On s’adapte à leur environnement, leur vécu, leur santé. Certains jeunes n’ont jamais vu de médecin ou de gynécologue. Parfois, on aborde la sexualité, on fait le lien avec les institutions, les familles, et les collèges, où notre présence est désormais mieux accueillie. »

Malgré cela, la réduction continuelle des effectifs oblige désormais un seul agent à assurer à la fois les missions générales et le poste spécifique d’adulte relais. Cette surcharge inquiète profondément l’équipe : « C’est très angoissant pour nous. Nous ne savons pas quand nos contrats prendront fin, ni qui partira. Assurer un suivi humain et durable dans ces conditions semble impossible. »

Face à cette situation, la CGT de Lunel appelle à la mobilisation pour dénoncer ces choix budgétaires qui menacent non seulement l’emploi des travailleurs sociaux, mais surtout la capacité même de l’APS34 à poursuivre sa mission cruciale. Elle a également annoncé qu’elle sollicitera prochainement le Département de l’Hérault, l’Agglomération du Lunellois et la mairie de Lunel afin d’alerter sur les risques psychosociaux encourus par les agents concernés. Un rassemblement est d’ores et déjà envisagé afin d’alerter les pouvoirs publics et la population sur cette situation dramatique.

À un moment où les besoins d’accompagnement sont grands dans ces quartiers, cette rencontre entre la CGT et les éducateurs révèle un clivage préoccupant entre les ambitions affichées et les réalités des décisions politiques locales.