Poursuivi pour injure publique par La France insoumise (LFI) pour l’avoir qualifiée de « mouvement détestable, violent, complotiste, passionnément antisémite », Raphaël Enthoven a été relaxé, jeudi 6 novembre, par le tribunal correctionnel de Paris. « Ces propos n’ont pas excédé les limites admissibles de la liberté d’expression », ont estimé les magistrats.
Pourtant, le tribunal a admis que les propos de ce philosophe chéri des radios et plateaux TV ont « une portée outrageante » à l’égard de LFI et « comportent un caractère injurieux », d’autant qu’ils jettent « le discrédit sur ce mouvement dans son entier, de façon généralisante et essentialisante ».
Mais d’après les juges, ses messages injurieux s’inscrivent « dans le sillage » d’un « débat d’intérêt général majeur /…/ dans lequel une responsabilité dans ce climat de haine et de violence sur fond d’antisémitisme, comme l’a dénoncé Raphaël Glucksmann, a été imputée à La France insoumise ».
Fort de l’énoncé du jugement, Raphaël Enthoven s’est autorisé à en remettre une couche en déclarant sans la moindre preuve : « la France insoumise est un mouvement antisémite, passionnément antisémite ». « C’est même le premier parti antisémite de France. »
Les réactions ne se sont pas faites attendre. « La France insoumise est sidérée par une telle décision » a réagi Manuel Bompard, coordonnateur du mouvement, « qui revient à reconnaître un privilège de droit d’injure accordé à certains contre d’autres ».
Le soir même, Jean-Luc Mélenchon a averti les militant·es réuni·es en conférence :« Il n’y a pas de justice pour vous, “insoumis” ! Vous devez arrêter de croire que quand vous êtes insultés par le bras armé des puissants, vous avez des droits égaux à ceux des puissants. » Il a annoncé que le jugement serait envoyé aux plus de 500 000 militant·es du mouvement, car pour lui « tout est occasion d’éducation politique de masse ». Compte-tenu de ce contexte, le mouvement n’a pas encore décidé si il faisait appel de la décision.

