Le PS à Matignon ou l’art de se disqualifier pour 2027

Qui pour remplacer François Bayrou - Photo - DR Matignon
Qui pour remplacer François Bayrou - Photo - DR Matignon

Le parti socialiste se rêve à Matignon. Depuis la chute annoncée du gouvernement Bayrou, Olivier Faure et ses proches multiplient les signaux : ils seraient « prêts » à gouverner.

Au fond, la manœuvre en dit moins sur la force retrouvée des socialistes que sur leur réflexe d’appareil : toujours prêts à gouverner, même sans majorité, même en reniant le programme sur lequel ont été élu·es ses député·es, quitte à se perdre une nouvelle fois dans les illusions de la quatrième république.

Quid de la réalité ? La gauche socialiste ne dispose que de 121 députés, même en comptant ses potentiels alliés écologistes et communistes. Un chiffre dérisoire, bien loin des 289 sièges nécessaires pour atteindre la majorité absolue. Cette simple arithmétique implacable révèle toute l’ineptie de la situation. Comment imaginer gouverner avec une minorité aussi fragile, alors même que l’actuelle coalition centriste et LR, forte de plus de 200 députés, peine déjà à trouver un équilibre ?

Le PS tente de justifier sa prétention en invoquant l’exemple de Michel Barnier, nommé malgré un groupe réduit à 42 députés LR titulaires, auxquels s’ajoutent 7 apparentés, soit un total de 49 députés. Mais la comparaison est trompeuse : Barnier avait été choisi comme figure de compromis par l’Élysée, non comme chef d’un camp en quête de revanche. Ne serait-ce pas sur le même postulat que serait désigné un éventuel premier ministre émanant des rangs du PS ?

L’Élysée, « travailler avec les socialistes »

Olivier Faure et ses lieutenants assurent vouloir gouverner autrement, sans 49.3, au prix d’accords « texte par texte ». Ils brandissent un contre-budget financé par de nouvelles taxes sur les grandes fortunes et les multinationales, mais sans reprendre les propositions du NFP , ou plutôt sans préciser lesquelles sont jetées aux orties… Leur seul espoir : arracher un accord de non-censure avec le bloc central macroniste. Selon les informations de France info, Emmanuel Macron lui-même a enjoint son camp à « travailler avec les socialistes ». Autrement dit, bâtir une majorité de circonstances avec les rescapés de la majorité présidentielle, sans LFI, sans LR et sans RN.

Dans ce jeu d’équilibriste tablant sur une liquidation de la France Insoumise, les socialistes tentent une opération à haut risque suicidaire : un passage éclair à Matignon sans majorité réelle risquerait de les mettre en dessous des résultats d’Anne Hidalgo de 2022 (1,75%), en survêtement le PS aurait une place de choix sur le banc de touche pour 2027. Pour Jean-Luc Mélenchon, leur stratégie est « consternante », car elle revient à s’offrir en recours à Emmanuel Macron.

4 septembre 2025, entretien avec Bayrou

Alors que le premier secrétaire du PS souhaiterait pouvoir « abattre le gouvernement » et « devenir Premier ministre » selon les mots du Premier ministre lui-même, ce jeudi 4 septembre 2025, les leaders socialistes, avec Olivier Faure, Patrick Kanner et Boris Vallaud ont rencontré François Bayrou qui tente encore de leur tendre la main.

À la sortie de son entretien, Olivier Faure a livré un concentré de démagogie politique. Il a convoqué l’image de « cette maman seule qui se demande comment elle arrivera à finir le mois » tout en pensant « à ces chefs d’entreprise qui se demandent comment remplir leur carnet de commandes ». Bref ! La rhétorique de l’égalité universelle où tout le monde est pris par la main.

Sur la dette, il reconnaît qu’elle est « devenue insupportable », mais assure qu’on peut la réduire « en allant chercher l’argent dans la poche de celles et ceux qui ont beaucoup profité, pendant ces 8 ans sous le règne du Président de la République ». Olivier Faure promet un plan « parfaitement équilibré » qui permettrait à la fois de réduire la dette, d’augmenter le pouvoir d’achat, de suspendre la réforme des retraites et d’investir 10 milliards dans la transition écologique. Le PS se présente comme une solution de sortie d’impasse, mais cette position de recours tient plus d’un argument de posture que d’une force politique réelle. Le patron du PS veut se rendre audible par tous, entre promesses sans fâcher, et solutions simples face à des problèmes d’une complexité redoutable. Une stratégie de communication efficace à court terme, mais qui révèle surtout le vide d’un Parti Socialiste incapable d’assumer un cap clair, mais surtout radical. Mieux, Olivier Faure se félicite même d’un Laurent Wauquiez qui n’écarte pas un gouvernement PS et dit pouvoir « ne pas les censurer », et qu’il en ferait de même avec un gouvernement RN. Rien de raisonnable donc dans cette pseudo sortie de « crise politique ». Le chaos politique n’est pas à venir, il est déjà là ! Et tout arrangement politicien avec son acteur principal, Emmanuel Macron, ne fera que l’aggraver.

Après les marches pour le climat, Stéphane Herb s’engage pour défendre la démocratie et la citoyenneté

Jean-Noël Barrot 12 novembre 2024 des propos sans aucun sens et condamnables

L’Union Juive Française pour la Paix demande la démission du ministre des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot

Notre-Dame de Bétharram - illustration - LAB_ PLURIELLE INFO

Affaire Bétharram : le témoignage glaçant de la fille de François Bayrou

Share via
Copy link