Lancement de la « concertation » du projet de viaduc de Poussan le 7 novembre

Simulation projet de viaduc - Illustration - ALT Alerte LGV Thau
Bassin de Thau simulation projet de viaduc - Illustration - ALT Alerte LGV Thau

Jeudi 7 novembre à 18h30, une réunion publique aura lieu au foyer des campagnes à Poussan, organisée par SNCF Réseau. Objet de cette rencontre : informer le territoire du dispositif de concertation à mettre en place autour du projet de viaduc de Poussan, partie intégrante de la future Ligne Nouvelle Montpellier-Perpignan (LNMP). 

Ce rendez-vous soulève déjà d’importantes inquiétudes. Pour les habitant·es du bassin de Thau, associations et collectifs divers, ce projet ferroviaire représente une grave menace environnementale et sociale, avec de nombreuses interrogations qui demeurent sans réponse. Mauvais départ pour une concertation programmée avec les très à la mode « atelier citoyen » ou autres « Comité du viaduc de Poussan » dont devrait accoucher cette réunion publique, mais dans le but , annoncé par les organisateurs, est de travailler à la rédaction « d’un avis détaillant les caractéristiques architecturales attendues du viaduc et son insertion paysagère ».

Un tracé coûteux et destructeur

Flash-back : annoncé dans les années 90 et repoussé à maintes reprises, le projet LNMP renaît en 2019. Mais pour beaucoup, il semble décalé des priorités actuelles : avec ses deux phases d’aménagement, la ligne mixte conçue pour accueillir des trains à grande vitesse et de fret, sème des doutes. Sur le terrain, l’opposition s’organise, notamment autour de l’association Alerte LGV Thau (ALT), un collectif citoyen qui milite pour une alternative plus respectueuse de l’écosystème et de la qualité de vie des habitants. ALT ne s’oppose pas à l’idée de moderniser le réseau ferroviaire, mais critique fermement ce tracé spécifique, qualifié de coûteux et destructeur.

Le bassin de Thau est une région sensible, avec des ressources naturelles et agricoles vitales pour ses habitants. L’un des points les plus controversés du projet est bien ce viaduc dont les piliers devraient traverser le principal captage d’eau potable de la région, situé à Issanka. Ce site alimente notamment la ville de Sète et de nombreuses communes environnantes. La perspective de voir ce captage d’eau compromis par des travaux de construction massifs inquiète : risques de contamination, dégradation de la nappe phréatique, impact sur la biodiversité du parc boisé.

Face à cette préoccupation, la SNCF Réseau a indiqué qu’une étude hydrogéologique est en cours, réalisée en partenariat avec l’Agence Régionale de Santé et Sète Agglopôle Méditerranée. Mais où en sont ces investigations ? Pour l’heure, la question, encore sans réponse, alimente les craintes locales quant à la capacité des infrastructures à préserver et à conserver la qualité de cette ressource en eau.

La vitesse au détriment de l’environnement et du cadre de vie

Tensions, c’est tout le paysage du bassin de Thau qui serait affecté par ce projet. Le viaduc de Poussan suscite de vives inquiétudes quant à son impact visuel, écologique et touristique. Les citoyens dénoncent une artificialisation des sols et une dégradation du cadre naturel au profit de quelques minutes de trajet gagnées entre Montpellier et Béziers. Une perspective que beaucoup jugent incompatible avec la préservation du patrimoine naturel et agricole local. Dans un contexte d’effondrement climatique, les critiques appellent à reconsidérer la priorité donnée à la vitesse au détriment de l’environnement.

Au-delà de l’aspect écologique, le projet LNMP pose également des questions d’ordre économique et de priorités d’investissements. Alors que de nombreux usagers du bassin de Thau réclament une amélioration des trains régionaux et quotidiens, le choix de toujours prioriser l’investissement dans les lignes à grande vitesse soulève le mécontentement. Et pour les habitant·es de Sète, l’inquiétude est d’autant plus vive qu’ils verraient disparaître à terme la desserte TGV de leur ville, les contraignant à se déplacer ou à prendre des correspondances jusqu’à Montpellier ou Béziers. 

La réunion publique sera-t-elle une opportunité pour se faire entendre ? 

Si  le très officiel Conseil de développement Sète Agglopôle Méditerranée présidé par Bruno Arbouet a fait  savoir dans la presse locale (le Midi Libre) qu’il boycotterait cette réunion qu’il  taxe « d’atelier coloriage« , d’autres, à l’exemple des membres d’Alerte LGV Thau comme de nombreux citoyens comptent saisir l’occasion ce jeudi 7 novembre pour faire valoir leurs préoccupations et demander des garanties sur la préservation de leurs ressources et de leur cadre de vie. Ils espèrent des réponses concrètes de la part de la SNCF Réseau, qui devra convaincre de l’utilité, de la pertinence et de la viabilité écologique de son projet, des nuisances sonores et visuelles plutôt que de créer un comité citoyen pour ergoter sur l’esthétique des piliers d’un viaduc en bord d’étang de Thau.

Même si le calendrier prévisionnel de réalisation prévoit le début des travaux avant la fin 2029 pour une mise en service proche de 2034, c’est maintenant, en 2024 et 2025, que tout est en jeu !

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