François-Xavier Lauch invité à venir voir le visage des enfants qui dorment dehors

Prise de parole de Samuel Forest, responsable de l’association Solidarité Partagée novembre 2025 - Photo - Jean-Philippe Vallespir
Prise de parole de Samuel Forest, responsable de l’association Solidarité Partagée novembre 2025 - Photo - Jean-Philippe Vallespir

Depuis le 27 octobre, huit familles, dont quinze enfants, dorment sur le parvis de l’hôtel de ville de Montpellier. Expulsées d’un « squat » géré par l’association Solidarité Partagée, elles vivent dans le froid, à quelques mètres d’un pouvoir politique local et national qui se renvoie la responsabilité.

Ce lundi 3 novembre, environ cent personnes se sont rassemblées devant la préfecture de l’Hérault pour demander des solutions d’hébergement durables. Des représentants de la Ligue des droits de l’homme (LDH), de Solidaires, du NPA, de LFI, avec la députée Nathalie Oziol, et des écologistes autour de Jean-Louis Roumégas, étaient présents. Tous ont rappelé une évidence : aucun enfant ne devrait dormir dehors à Montpellier.

Samuel Forest, responsable de Solidarité Partagée, vit depuis huit ans aux côtés des personnes qu’il aide. Il est aujourd’hui la figure de ce que l’on peut appeler le campement de la mairie. « Je vis avec eux, je les accompagne, je fais au mieux pour qu’ils se sentent à peu près bien », dit-il. Devant la préfecture, il interpelle directement le représentant de l’État : « On invite le préfet François-Xavier Lauch à se déplacer, à venir rencontrer les enfants. Qu’il voie leurs visages, il sera choqué comme tout le monde et aura peut-être envie de les aider. »

[VIDEO] Interview de Samuel Forest, responsable de l’association Solidarité Partagée :

Le préfet de l’Hérault, prompt autrefois à venir dialoguer mégaphone en main avec les agriculteurs en colère, ne s’est pas déplacé. Ni samedi ni ce lundi, malgré deux occasions publiques. En janvier 2024, il était descendu de son bureau avec ses équipes place des Martyrs-de-la-Résistance lorsque des tracteurs et un feu de sarments illuminait la façade de la préfecture. Un an plus tard, pour quelques enfants grelottants, rien. Certes il n’ont pas de tracteurs ni le réseau de la FNSEA pour bloquer les villes et les autoroutes.

« Je n’ai jamais eu à servir de la soupe à un enfant par terre »

Monique Demante, porte-parole de l’association Une école un avenir, décrit une détresse quotidienne : « Je n’ai jamais eu à servir de la soupe à un enfant par terre », confie-t-elle. Chaque matin, elle croise des visages fatigués : « Les enfants me disent : Monique, on va aller à l’école, mais après on va rentrer et on n’a pas de maison. » La plupart ne sont pas retournés en classe ce lundi. Leurs écoles sont trop loin, leurs trajets trop longs.

Certaines familles refusent les hébergements ponctuels proposés par la solidarité des habitant·es : « après deux nuits au chaud, retourner dans le froid, c’est insupportable », explique Monique Demante. Beaucoup préfèrent rester ensemble, autour de Samuel, « le seul qui en prend soin d’eux depuis longtemps ».

[VIDEO] Interview de Monique Demante porte-parole de l’association Une école un avenir

Si la loi ne prévoit pas de relogement automatique, elle impose à l’État de garantir une mise à l’abri des familles, notamment lorsqu’il y a des enfants et le député écologiste Jean-Louis Roumégas, le sait : « avant même de procéder à l’expulsion, les solutions d’hébergement devraient être trouvées, surtout quand il s’agit d’enfants ». Et pour lui : « la ville peut très bien assurer le nécessaire pour une situation d’urgence, puis se retourner contre l’État ensuite. »

La Ligue des droits de l’homme de Montpellier a également pris la parole. Sa représentante Marie-Paule a dénoncé une « déshumanisation croissante » : « nous avons atteint un degré où des décideurs estiment que la place d’un enfant est de dormir dehors. Le droit au logement est un droit constitutionnel et reconnu par la Convention internationale des droits de l’enfant. » Elle a rappelé que dans la métropole, plus de 3 000 personnes dorment sans abri, pour 33 547 demandes de logement social et à peine 3 308 attributions en 2023.

Devant la préfecture, les voix des enfants résonnent davantage que les discours officiels. « On voudrait juste un logement pour se laver, dormir et faire les devoirs », dit Suel, 8 ans. Sara, adolescente, ajoute timidement : « On appelle le 115, mais il n’y a jamais de place. Merci d’être ici, merci pour votre aide. »

Dans cette indifférence institutionnelle, les associations organisent tant bien que mal une « cantine solidaire », des douches, des points de chaleur. Mais rien ne remplace la responsabilité politique. Ni l’État ni la mairie ne peuvent ignorer plus longtemps la réalité : à Montpellier, des enfants dorment dehors, à quelques mètres des bureaux où s’écrivent les discours sur la « ville à hauteur d’enfants ».

À l’approche de la Journée internationale des droits de l’enfant, le 26 novembre, l’immobilisme des autorités serait un aveu terrible, de défaillance morale et politique, révélant qu’en France, même les droits les plus élémentaires peuvent être relégués derrière la logique administrative.

Pour aider l’association Solidarité Partagée : solidarite.partagee.34@gmail.com.

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