Expulsions à Montpellier : la communication prend le pas sur l’action

Montpellier 2025 des enfants dorment dans la rue devant la mairie - Photo - Une école un avenir
Montpellier 2025 des enfants dorment dans la rue devant la mairie - Photo - Une école un avenir

Après trois nuits d’enfants dormant sur le parvis de l’hôtel de ville, la mairie de Montpellier a publié un communiqué presque triomphal vantant sa « mobilisation » et rejetant la responsabilité sur l’État.

La titraille du service de presse est directe en mode promo et en capitales : « FAMILLES EXPULSÉES D’UN SQUAT : LA VILLE DE MONTPELLIER MOBILISÉE POUR LEUR TROUVER UNE SOLUTION DE RELOGEMENT D’URGENCE »

Selon la version officielle, la ville aurait proposé « dès le début de la semaine » un hébergement temporaire aux familles expulsées du 501 rue de la Croix Lavit le 27 octobre. La réalité, elle, est moins reluisante : aucune solution concrète n’aurait été offerte avant la quatrième nuit passée dehors, confirment les associations Solidarité Partagée et Une école un avenir. « On a demandé l’ouverture d’un gymnase, la mairie a refusé, de peur que cela devienne un squat », rapporte Pierre Renard, infirmier et militant présent sur place.

La mairie parle aussi de « refus » de la part des familles. Or, ces refus tiennent à des propositions floues, séparant mères et enfants, sans garantie de sécurité ni de durée. Jeudi soir encore, la police empêchait l’installation de tentes devant la mairie. La première mise à l’abri partielle ( douze personnes hébergées dans un local associatif ) n’a eu lieu que dans la nuit de jeudi à vendredi, sous la pression publique.

Autre élément enjolivé : le « diagnostic social » réalisé par le CCAS. il s’agit d’un suivi administratif, pas d’une solution de relogement. Pendant qu’on remplissait des fiches, des enfants grelottaient sous les néons municipaux de la place Georges Frêche.

200 personnes ont manifesté devant la préfecture

Le 1er novembre, près de 200 personnes ont manifesté devant la préfecture pour dénoncer ce double discours. Sur place, des élu·es de la majorité de Michaël Delafosse : difficile d’avoir une prise de parole franche pour certaines associations devant un tel parterre. Mais dans le lot, Michel Calvo, adjoint aux solidarités, a reconnu avoir refusé d’ouvrir un gymnase pour ne pas « officialiser un squat » rapporte Le Poing. Un aveu qui contredit la communication de la mairie vantant son « action résolue pour la protection des plus fragiles ». Mairie qui glisserait au passage par la bouche de Michel Calvo au journaliste du média Le Poing : « vous n’êtes pas sans savoir que votre journal n’est pas en odeur de sainteté chez nous… » Une temporalité mal choisie face au drame de ces derniers jours.

Opération de communication de crise

Il serait intéressant que monsieur Calvo précise ce que recouvre, pour la mairie, cette notion « d’odeur de sainteté » appliquée à un média et qu’il donne pour bien informer les administrés, les critères de sainteté, surtout si ces critères sont liés à des relations contractuelles engageant les finances de la ville et de la métropole. Michel Calvo en conviendra certainement, il y a d’autres priorités budgétaires que la maîtrise du récit de l’équipe municipale via la presse.

Bilan, la mairie a réagi après coup, sous pression, puis tenté de maquiller un retard par une opération de communication. Michaël Delafosse renvoie la responsabilité à l’État, mais la loi lui permet de réquisitionner tout bâtiment en cas de danger grave. Quinze enfants dormant dehors suffisent à en relever un. La mairie parle d’humanité, mais pratique pour l’heure, la communication de crise.

Une cagnotte et une pétition sont en ligne sur le site d’Une école un avenir, qui relaie en temps réel la mobilisation et les besoins urgents des familles. Un nouveau rassemblement est prévu ce lundi 3 novembre 2025 à 12h devant la préfecture de Montpellier.

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