Toujours inquiet des affaires de la cité, Philippe Saurel s’interroge. L’ancien maire de Montpellier (2014-2020) et ex-président de la Métropole n’a rien perdu de son sens civique et républicain.
« Les politiques sont plus sales que la plupart des petites gens » écrit un·e Gilet Jaune héraultais·e dans les cahiers de doléances de l’hiver social de 2019. L’ancien maire de Montpellier, aujourd’hui élu d’opposition, partage cette phrase sur les réseaux en ce mois de mai 2025, et dit avoir été frappé par la lucidité et la dignité des contributions. Il en notera une autre, importante : « je suis fâché de voir que l’État a établi un salaire minimum, mais n’a rien fait quant au salaire maximum ! »
Certes, cette révolte méritait mieux qu’un placard d’archives. Une révolte éborgnée par Christophe Castaner, ministre de l’Intérieur de l’époque, ancien membre du Parti socialiste devenu patron du mouvement En Marche (LaREM) d’Emmanuel Macron. Aujourd’hui, Philippe Saurel exhume ces doléances. Non par nostalgie, mais par souci de mémoire. Il y lit des aspirations encore vives, des propositions oubliées, et peut-être les germes d’une autre forme d’avenir politique.
Une exigence de clarté
S’il n’émet pas de doléances, en revanche, il fait une veille républicaine attentive. Dans un courrier adressé au préfet de l’Hérault et à la Chambre Régionale des Comptes, daté du 22 avril 2025, celui qui fut exclu du Parti socialiste en janvier 2014 dénonce un flou persistant autour de deux structures para-métropolitaines : l’Agence de Développement et des Transitions et l’association Montpellier 2028 constituée pour soutenir la candidature de Montpellier comme Capitale européenne de la Culture.
À la veille des municipales de 2026, cette démarche, lucide et méthodique, sonne comme un retour au premier plan pour un homme que certains disaient retiré. Plus qu’une offensive, c’est une exigence de clarté. Le conseiller d’opposition interpelle sur l’absence de comptes rendus d’activité et de bilans financiers de ces deux organismes. Des documents qu’il dit avoir sollicités en conseil de Métropole le 8 avril, sans réponse à ce jour.
2023, on se souvient non sans sourire, de cette phrase de Michaël Delafosse : « on ne va pas mettre un opéra dans chacune des communes. » L’édile voulait peut-être avec humour souligner l’importance de la candidature Montpellier2028 qui était dotée d’un budget de 67 millions d’euros. Et, 124,8 millions d’euros supplémentaires devaient être dédiés à la construction d’infrastructures.
Alors la question de Philippe Saurel est la suivante : comment sont utilisés les fonds publics alloués, notamment ceux de mécènes, alors que la candidature de Montpellier au titre de Capitale européenne de la culture pour 2028 n’a pas été retenue ?
Ce souci de transparence est aussi tourné vers la fameuse Agence de Développement, rebaptisée « et des Transitions ». Un outil voulu stratégique, fédérateur, durable pour, dit-on, « accompagner l’écosystème économique vers une croissance plus responsable » dont les commandes ont été confiées à l’ex tête de liste LR-UDI de 2020, Alex Larue. Philippe Saurel relève un manque de lisibilité de la gestion de l’agence , d’autant que le projet, doté d’un budget d’un million d’euros (pour commencer), affichait des ambitions régionales fortes, avec l’appui de la Région et de nombreuses intercommunalités. Lancée en fanfare dès 2020 comme « l’affaire numéro un » du Conseil de Métropole, cette Agence de développement économique devait incarner une stratégie métropolitaine ambitieuse. Certains esprits chagrins ou éclairés y avait vu surtout une opération d’engluage de la droite locale et de son principal représentant, au cas où celui-ci aurait de nouvelles ambitions électorales.
La ville est un bien commun
Dans la continuité de son engagement, Philippe Saurel semble inquiet, mais vigilant, et déterminé. Il souhaite comme il l’avait confié à notre rédaction en janvier dernier « rendre la ville aux Montpelliérains ». Ce responsable politique questionne, interroge, alerte, comme pour rappeler que la ville n’est pas un fief partisan, mais un bien commun. Lui qui a été mis à l’écart par ce que l’on pourrait nommer la « Firme PS », reste un contre-pouvoir puissant dans une ville en manque de transparence.
