Les annonces de licenciements et de fermetures de sites se multiplient dans le secteur social et médico-social de l’Hérault. Avec les restrictions budgétaires du Conseil départemental, ce sont de nombreux salariés et de bénéficiaires qui se retrouvent abandonnés.
La CGT Action Sociale Est Hérault soutient la mobilisation de l’APS34, qui risque de voir disparaître un tiers de ses effectifs d’éducateurs de rue. Une disparition qui met en péril l’accompagnement des jeunes des quartiers prioritaires.
500.000 euros de coupe budgétaire
Les équipes de l’APS34 interviennent dans les secteurs sensibles de Montpellier, mais aussi à Lunel, Béziers, Sète et Frontignan. Elles refusent de voir ces jeunes, souvent livrés à l’exclusion et à la violence, perdre l’un des derniers remparts contre la marginalisation.
Avec une réduction de 25% des financements, la précarité des travailleurs sociaux s’aggrave, alors que les populations en difficulté perdent un soutien essentiel. Concernant l’Association de Prévention Spécialisée 34 (APS34), « on est sur une coupe confirmée de 500.000 euros, » précise Sophie Vidal, CGT actions sociale Est Hérault.
Du côté de l’Adages qui accueille des enfants, adultes ou des personnes âgées handicapées ou en situation de fragilité ou de difficulté sociale, « on est sur la fermeture de trois pôles, trois centres sociaux qui sont La Devèze, Sabine et Croix d’argent » explique aussi la responsable syndicale, tout en notant : « même si au niveau de la direction l’explication donnée était de recentrer leur activité sur la prise en charge des gamins et sur la prise en charge handicap mental psychiatrique, en attendant ils ferment les pôles ! »
Derrière ces suppressions de postes, la CGT dénonce une politique budgétaire aux conséquences dramatiques : si l’accompagnement se dégrade, plus de situations de détresse vont naître dans un secteur déjà en déséquilibre constant. « Moins le Conseil départemental finance les associations, plus il favorise la précarisation des travailleurs et des bénéficiaires, » alerte le syndicat. L’épuisement des équipes, et le recours à l’intérim pèsent déjà sur un secteur en crise.
25 mars, date du vote du budget départemental
Face à ces menaces, l’APS34 a mis en place une caisse de grève pour soutenir ses salariés les plus précarisés. Le mouvement social se poursuivra jusqu’au 25 mars, date du vote du budget départemental.
Le débrayage débute le 12 mars en soutien aux licenciements déjà en cours. Sophie Vidal, confirme que « les structures ont déjà procédé à des licenciements, touchant principalement le personnel administratif, en raison de restrictions budgétaires annoncées. Une note interne de la direction générale des APS 34 précise cette politique de licenciement préventif. »
Plusieurs mobilisations sont prévues :
• Mercredi 12 et 19 mars 2025 : grève et rassemblement à 13h, place de la Comédie à Montpellier.
• Mardi 25 mars 2025 : mobilisation à 11h devant l’Hôtel du Département de l’Hérault qui devrait être une intersyndicale.
Les revendications sont claires : aucun licenciement, aucune coupe budgétaire, et des moyens renforcés pour accompagner les jeunes en difficulté. Objectif : mobilisation massive pour défendre la mission des travailleurs sociaux et préserver la protection de l’enfance.
Pour l’association 2 Choses Lune qui lutte contre l’exclusion et les discriminations, Sophie Vidal note : « on était sur la perte d’un tiers des salariés avant la dernière grève qu’on a faite avec eux début janvier, pour l’instant tout est levé. Les salariés sont conservés, donc quand on veut trouver les solutions, a priori on les trouve. »
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Marche arrière toute ?
De son côté, le Département veut rassurer les acteurs·trices de la prévention spécialisée dans un communiqué du 11 mars à 15h46 dans lequel il renvoie la balle à certaines communes : « Malgré une situation budgétaire exceptionnelle, et dans l’attente de voter son budget les 24 et 25 mars prochains, le Département entend poursuivre son engagement dans la lutte contre la marginalisation et la pauvreté des jeunes et des familles. Pour 2025, la majorité départementale proposera au vote du budget primitif 2025 un montant de subvention au profit de l’Association de prévention spécialisée de l’Hérault (APS 34) qui permettra d’assumer cette mission à l’identique de 2024. Ce choix permettra de maintenir les effectifs de l’association […] Le Département tient par ailleurs à préciser que cette politique publique est censée être cofinancée par les communes touchées par ces phénomènes de marginalisation des jeunes et des familles. Or, depuis plusieurs années, force est de constater le désengagement financier de certaines communes, telles que Béziers et Sète, (estimé à 900 000 euros depuis 2014) qui amène le Département à compenser les aides versées aux associations spécialisées. »
Rendez-vous le 25 mars pour juger sur pièces !
