Les communistes de l’Hérault ont tenu une conférence de presse à Montpellier, lundi 17 février 2025, dans le prolongement de la séance du Conseil départemental consacrée au débat d’orientation budgétaire, avec l’idée « d’une vraie bataille politique à conduire avec la population. »
En présence d’Hervé Martin, adjoint au maire de Montpellier, Corinne Gournay-Garcia et Gabriel Blasco, conseillers départementaux, ainsi que Jean-Marc Biau, conseiller régional, Nicolas Cossange, secrétaire départemental du PCF, s’inquiète d’une situation financière des collectivités locales, qu’il qualifie de « crise sans précédent ». Pour les élus communistes, cette crise budgétaire est avant tout le résultat de choix politiques. « Le gouvernement met à genoux les collectivités alors qu’elles portent 70 % de l’investissement public », lance Jean-Marc Biau, qui dénonce une « politique de rigueur déguisée ».
Hold-up sur les budgets locaux
Pour Nicolas Cossange, la loi de finances adoptée par le gouvernement constitue une attaque frontale contre les collectivités territoriales. « L’État exige plus de trois milliards d’euros d’économies alors que celles-ci ne représentent que 8 % de la dette du pays ». Cette politique budgétaire restrictive, selon lui, remet en cause les principes mêmes de la décentralisation. « Les collectivités n’ont plus qu’un pouvoir d’administration fictif », affirme-t-il. Il note que l’essentiel de leurs missions repose sur des délégations de l’État, en particulier pour les départements, chargés de verser les aides sociales. Or, ce sont précisément ces aides qui subissent des coupes budgétaires drastiques.
Montpellier et sa métropole à la peine
Hervé Martin a chiffré les pertes pour Montpellier et sa métropole. « nous devons faire face à une coupe de quatre millions d’euros pour la ville et de neuf millions pour la métropole », précise-t-il. Une réduction qui s’ajoute à une tendance de fond : « En vingt ans, les dotations d’État par habitant ont baissé de 25 % en euros constants. » Malgré ces contraintes, l’élu assure que la municipalité reste déterminée à préserver ses services publics, notamment dans la petite enfance, un secteur particulièrement exposé à la privatisation. « Des prédateurs attendent de pouvoir récupérer ces marchés. Nous devons résister », insiste-t-il.
L’Hérault, un département au bord de l’asphyxie
Corinne Gournay-Garcia a décrit une situation critique pour le Conseil départemental. « En cinq ans, l’État a ponctionné 1,79 milliard d’euros au département », détaille-t-elle, puis elle cite des coupes sur les aides sociales et les restrictions sur les ressources propres. « Nous n’avons plus le droit de lever l’impôt, nous sommes totalement sous contrainte ».
Gabriel Blasco rappelle que cette « asphyxie » des départements est le fruit d’une stratégie entamée sous Nicolas Sarkozy, qui avait déjà tenté de supprimer cette collectivité. « Petit à petit, on nous retire nos ressources tout en nous imposant des dépenses nouvelles. Le risque d’une mise sous tutelle de la préfecture n’est plus théorique », prévient-il.
Les coupes budgétaires dans la culture, qui ont suscité une vive émotion, ne sont qu’un symptôme d’une crise gouvernementale qui devrait se transformer en mobilisation plus large . « Quarante-huit pour cent des subventions aux associations culturelles sont supprimées, mais d’autres secteurs sont également touchés », précise le conseiller départemental communiste, à propos de la vie associative et de l’insertion.
Une région en perte de vitesse
Jean-Marc Biau a, de son côté, évoqué l’impact des restrictions budgétaires sur la région Occitanie :« nous devons absorber une baisse de 135 millions d’euros, ce qui oblige à des arbitrages douloureux entre fonctionnement et investissement ». La formation professionnelle, les aides aux communes et les infrastructures de transport sont en première ligne. Si la région prévoit d’investir dans de nouveaux matériels ferroviaires, ces commandes sont reportées faute de moyens immédiats. « Nous nous laissons des marges de manœuvre en espérant des recettes supplémentaires via le versement mobilité, mais rien n’est garanti ».
Un combat politique pour tous
Les élus communistes entendent poursuivre leur mobilisation, tant au niveau local que national, pour faire entendre leur voix. « Il faut en finir avec cette logique d’austérité et aller chercher l’argent là où il est, dans les très grandes entreprises et chez les plus riches », martèle Nicolas Cossange. En attendant, les collectivités de l’Hérault tentent d’éviter un désastre budgétaire, au prix de choix toujours plus contraints. « On nous demande de gérer la pénurie, ce n’est pas notre conception de l’action publique », conclura Hervé Martin en invitant « la population à se saisir de ces sujets. »
Le secrétaire départemental du PCF ajoutera : « aujourd’hui avec le cadrage budgétaire national, les collectivités ne pourraient pas faire face à une situation sanitaire comme celle du Covid. »
Bien qu’ils s’expriment comme s’ils étaient aux commandes du Département et de la Région, ces élu·es communistes se sont bien gardé·es de critiquer le refus du parti socialiste (PS) – qui dirige pourtant ces deux collectivités – de voter la censure contre le gouvernement Bayrou, lequel impose son budget par 49.3. Comment dénoncer un budget quand on n’a pas tout mis en œuvre pour le combattre et que l’on se félicite même, comme le fait le PS par voie d’affichage, de l’avoir amélioré, alors qu’il s’agit du pire budget des 25 dernières années ?
