A69 : Quand la loi s’efface devant le bitume

Bitume, route, nature - Photo - LAB_ PLURIELLE INFO
Bitume, route, nature - Photo - LAB_ PLURIELLE INFO

[TRIBUNE] Le chantier de l’autoroute A69, reliant Toulouse à Castres, a récemment été stoppé par décision de justice, reconnaissant les atteintes environnementales majeures et les nombreuses irrégularités du projet. Mais, dans un coup de force inédit, le Sénat a modifié la loi pour permettre au chantier de reprendre, passant outre la justice et le bon sens. Cette manœuvre politique, dictée par les intérêts de quelques-uns, ouvre une brèche dangereuse pour l’avenir de nos territoires.

Routes : une fausse solution, un vrai désastre ? Toutes les études le démontrent : construire de nouvelles routes ne résout ni les problèmes de congestion, ni ceux de mobilité. Pire, cela encourage le trafic, aggrave la pollution et détruit irrémédiablement des espaces naturels précieux. L’A69 ne servira qu’à une minorité, au prix d’une destruction environnementale catastrophique. C’est la porte ouverte à toutes les dérives : artificialisation des terres, perte de biodiversité, aggravation des sécheresses, des inondations, dégradation de la qualité de l’air et pression foncière accrue.

En effet, la multiplication des routes a un impact direct sur l’environnement : le bitume imperméabilise les sols, réduisant la recharge des nappes phréatiques et augmentant le risque d’inondations. Par ailleurs, plus de routes signifient plus de voitures, donc plus de pollution de l’air, responsable de graves problèmes de santé. Enfin, les surfaces asphaltées amplifient les îlots de chaleur, aggravant les épisodes de canicule déjà fréquents dans le sud de la France, en détruisant les espaces naturels qui rafraîchissent l’air.

Le sud de la France en première ligne

Le sud de la France, déjà lourdement impacté par la densité du trafic, l’urbanisation galopante, la crise de l’eau et les canicules, est en première ligne. Si l’on laisse passer l’A69, d’autres projets destructeurs ne pourront plus être contenus :

Un nouvel échangeur à Narbonne, dont l’étude d’intérêt est cofinancée par Vinci.

Le COM de Montpellier : un projet d’élargissement à 10 voies (!) d’une route 2 voies existante, alors que toutes les études démontrent l’absurdité de la fuite en avant autoroutière et la disproportion du projet.

Le contournement de la RN113 à Lunel, en pleine zone maraîchère, alors que le nord du territoire dispose déjà de l’A9 et de la ligne TGV et que nous devons développer l’alimentation locale.

Le contournement de Nîmes, qui viendrait détruire 165ha de garrigues.

Le contournement d’Arles, en plein cœur de la Camargue, un espace protégé et déjà extrêmement sensible et en danger.

Mais il ne s’agit pas seulement de routes : même certains projets de transports collectifs, qui pourraient sembler vertueux, s’inscrivent parfois dans cette même logique obsolète de gigantisme et de destruction. C’est le cas de la future ligne LGV à l’ouest de Montpellier, qui prévoit la construction d’un immense viaduc et la traversée de zones naturelles et agricoles sensibles, au mépris de la ressource en eau, de la biodiversité et des besoins réels des habitants.

Tous ces projets impliquent des coûts financiers et environnementaux colossaux, supportés par les habitants du sud, qui subissent une double peine : destruction de leur cadre de vie et envolée des dépenses publiques pour des infrastructures du passé.
Face à l’ampleur de ces projets qui se cumulent et à leurs conséquences irréversibles, il est plus que jamais nécessaire d’ouvrir un vrai débat démocratique. Les habitants, les associations, les scientifiques doivent pouvoir s’exprimer et être entendus sur l’avenir de leur territoire, sur les choix d’aménagement et de mobilité. De telles décisions ne peuvent être prises sans réelle concertation, ni vérification de la réalité de l’intérêt général et sans considérer la préservation de notre cadre de vie.

Vinci construit, les élus détruisent

Vinci, géant du BTP, fait son métier : construire des routes, équilibrer ses comptes et engranger des profits. Mais où sont les élus ? Que font-ils, si ce n’est écouter les lobbies du béton et soutenir des projets obsolètes plutôt que les scientifiques, cela au détriment de l’intérêt général ? Comment peuvent-ils prétendre défendre le monde agricole, la santé, le cadre de vie, tout en sacrifiant nos terres, notre eau, notre air ?

Les manifestants, derniers remparts ? Face à cette folie, les manifestants, écologistes, riverains, agriculteurs, sont aujourd’hui les derniers remparts. Ils sont violemment réprimés, criminalisés, décrits comme des semeurs de trouble, alors qu’ils défendent simplement notre avenir commun.

Si la digue cède, si l’A69 passe, alors plus rien n’arrêtera la bétonisation du sud de la France. Nous perdrons ce qui fait encore la richesse et la beauté de nos territoires : la nature, l’eau, la qualité de vie qui nous restent. Il est encore temps de dire non à cette fuite en avant, de défendre un autre modèle de mobilité et d’aménagement du territoire, respectueux de l’environnement et des générations futures.

Le sud de la France et ses habitants ne doivent pas étouffer sous le bitume.

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