À l’assemblée, Sylvain Carrière défend la biodiversité et la pêche artisanale

Le mercredi 11 décembre 2024, la commission développement durable et de l’aménagement du territoire de l’Assemblée nationale a organisé une table ronde sur la pêche durable, la ressource halieutique et la biodiversité.

Des experts, des scientifiques, des professionnels de la pêche et des parlementaires ont échangé leurs expériences et leurs observations, pour tenter de trouver des solutions à la raréfaction des ressources marines et à la crise du secteur de la pêche. Parmi elleux, le député de l’Hérault Sylvain Carrière y a fait une intervention aussi documentée que critique à l’égard d’un secteur où la recherche du profit cause des ravages irréversibles. Il s’est adressé aux « experts de la pêche réellement durable » en précisant l’emploi de cet adverbe en ces termes :  » J’emploie le terme de pêche réellement durable, car la tromperie menée par les industriels, les multinationales de la pêche et les politiques complices est abyssale. »

« Qu’il y a-t-il de durable dans la pêche (industrielle) au chalut qui revient à racler les fonds marins avec des filets larges comme des terrains de football ? » interroge-t-il, « Les coraux et herbiers marins (posidonies de Méditerranée), habitats de la biodiversité marine sont raclés, leurs germes détruits pour des dizaines voire des centaines d’années si ce n’est définitivement. »

Biodiversité marine menacée

« Définitivement oui, » prévient le député « car avec le réchauffement climatique le corail n’est plus en capacité de se régénérer, +1,5°C en 2024, +2°C demain, c’est 70% à 100% des espèces de coraux qui sont voués à disparaître, avec elles les refuges permettant aux larves de poissons de se développer. »

Les industriels n’en ont que faire. La pêche aux profits vaut bien des labels de durabilité comme le MSC (Marine Stewardship Council qui permet d’assurer au consommateur final l’origine et la traçabilité des poissons consommés). « Ces labels sont de simples arguments de vente et surtout des autorisations pour continuer le massacre comme si de rien n’était, aux dépens de la pêche artisanale réellement durable. »

« Ainsi, la part des populations de poissons surexploités est passée de 10% en 1974 à 37% aujourd’hui… Tout comme la pêche artisanale qui fait vire 90% des ouvriers de la pêche. Dans le même temps, la pêche artisanale qui contribue à 40% des prises mondiales et fait vivre 90% des ouvriers de la pêche est menacée. Les 500 millions de personnes qui vivent de la pêche artisanale dans le monde se voient économiquement pillés par les multinationales. À cette surpêche qui épuise les ressources de la mer est conjuguée une pollution marine qui n’a jamais été aussi importante: engrais, hydrocarbures, plastiques et microplastiques. Ces plastiques représentent d’ailleurs 200 millions de tonnes, soit 20 000 Tours Eiffel. »

Les experts présents se sont exprimés en termes moins politiques, mais tout aussi préoccupants. Pour Laurent Debas de l’association Planète Mer, il faut trouver d’urgence le moyen de lutter contre l’effondrement de la biodiversité. La ressource étant déjà rare et menacée par le changement climatique, c’est toute la survie du secteur de la pêche qui est en jeu. Pour Didier Gacuel, professeur en écologie marine et halieutique à l’Institut Agro Rennes-Anger,  il faut changer de mode de production, « laisser les poissons grandir« , exclure les chalutiers des bordures côtières (il rappelle qu’avec ces bateaux, il faut 2 litre de gasoil pour pêcher 1 kg de poisson), réprimer la pêche illégale qui représente 20% du tonnage mondial de la pêche. « On a 10 à 15 ans maximum devant nous pour sauver le secteur« .

L’expérience du territoire du Bassin de Thau

Le député Sylvain Carrière a apporté au débat une autre dimension : « La pression humaine sur les milieux aquatiques, je l’observe tous les jours dans ma circonscription, et sur l’étang de Thau » a souligné Sylvain Carrière. « Les conchyliculteurs que j’ai l’occasion de rencontrer à de nombreuses reprises sont sans cesse sous le joug d’une pollution du milieu naturel et de la perte de toute leur production… Ainsi le norovirus qui les affecte régulièrement lors des fêtes de fin d’année est directement causé par une saturation des réseaux d’assainissement, reflet d’une urbanisation importante du littoral qui a un effet direct sur la qualité des milieux lagunaires et par extension, marins. »

Tout le monde s’accorde à constater la fragilité des équilibres et la nécessité de changer de modèle. « Cela ne se fera pas d’un claquement de doigts » comme l’a indiqué l’un des experts, mais ils soulignent qu’il faut investir massivement dans la Recherche-développement afin de définir intelligemment les normes ( par exemple de taille des filets) et les quotas et d’accompagner les travailleurs de la mer vers des pratiques vertueuses. Cela suppose à la fois d’augmenter l’investissement public, notamment dans la recherche et de soustraire le secteur à la rapacité des fonds privés, le plus souvent étrangers.

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