2e édition de la Fronde populaire : pari gagné

Sète mai 2025 Mathilde Imer, Sébastien Rome, Safia Dahani - Photo - Isabelle Goutmann
Sète mai 2025 Mathilde Imer, Sébastien Rome, Safia Dahani - Photo - Isabelle Goutmann

Sous l’appellation de « La fronde Populaire », plusieurs candidats et candidates héraultais•es du Nouveau Front Populaire* (NFP), ont lancé à l’automne dernier une intéressante initiative : réunir celles et ceux qui se sont mobilisé·es lors des dernières élections législatives pour le Nouveau Front Populaire, afin d’échanger les expériences de luttes pour résister à la vague brune et faire vivre des perspectives de reconquête.

La 1re édition avait eu lieu à Montarnaud le 30 novembre 2024. La deuxième s’est tenue le 4 mai à Sète et a connu un beau succès, malgré la pluie qui tambourinait la toile du toit de la salle Brassens . Par la participation d’abord : d’environ 300 participant·es ; par l’ambiance à la fois studieuse et fraternelle, par l’organisation impeccable d’une multiplicité d’activités avec d’importantes contraintes matérielles (acoustique de la salle et impossibilité d’utiliser les espaces extérieurs) et bien sûr, par la grande qualité des échanges.

Elus et électeurs du RN : qui sont-ils ?

La journée a commencé par une conférence animée par Sébastien Rome, ancien député de la 4e circonscription, qui accueillait Safia Dahani, du Centre de Sociologie des organisations, spécialiste du fonctionnement du RN , et de Mathilde Imer, représentante du « labo des partis », centre d’étude et de transformation des partis politiques.

Avec un langage accessible et toujours en interaction, les trois intervenant•es ont fait le point des nombreuses études menées sur l’électorat RN (ou zemourien). Il résulte de cette connaissance la nécessité pour la gauche d’abandonner toute posture moralisatrice et d’être plus attentive à la représentativité en son sein des classes populaires.

Par delà les différences qui existent entre la base électorale et les dirigeants du RN, entre le nord et le sud de la France, entre les catégories précarisées et les plus privilégiées de cet électorat RN, le point commun à tou•tes ces électeur•trices est le racisme, révélant sa parfaite normalisation dans le débat politique. « Ils savent très bien pour quoi ils votent » souligne Safia Dahani. Le débat argumenté, nourri des interventions du public, a cependant mis en avance le décalage entre le climat ambiant qui laisse penser une progression quasi inéluctable des idées de droite extrême dans l’opinion, et les tendances progressistes réelles qui traversent la société notamment par rapport à la conscience écologique, féministe, la tolérance envers les minorités, etc.

Autre idée forte : dès lors qu’on agit collectivement, comme pendant le mouvement des Gilets Jaunes, ou quand on gagne, comme dans les expériences Territoire Zéro Chômeur, les idées haineuses reculent.

Ateliers, Théâtre-forum,cercle de paroles, jeu de rôle… pour combattre l’extrême-droite

Après le déjeuner autour d’une paëlla et un intermède spectaculaire de marionnettes géantes représentant les monstres de l’empire Bolloré, retour à la réflexion collective sous les formes les plus inventives : des ateliers pour aborder en groupes, permettant à tout le monde de s’exprimer, les thèmes aussi variés que « Lutter contre l’abstention » animé par Julia Mignacca, écologiste ancienne candidate Nupes et Alenka Doulain, conseillère municipale et communautaire groupe Montpellier Union Populaire , Chloé et Rémi, militant•es des « Victoires Populaires »,  « De la tranquillité publique à la sécurité sanitaire »  animé par Lise Flores et Marie-Thérèse Mattera, toute deux écologistes respectivement à Lunel et à Sète, « Extrême droite dans l’Hérault, on vous voit » avec Nadia Belaouni (ex-candidate NFP-LFI de la 9e circonscription) et Daniel Kuperstein (Collectif de Lutte contre l’extrême droite Bassin de Thau), « Mobilité et transition écologique » avec Elisabeth Jaune, écologiste de la Vallée de l’Hérault et Arnauld Carpier, communiste-NFP, président de l’association « Transportons-nous », mais aussi les problématiques de logement avec Rhany Slimane (LFI) et Laura Seguin (conseillère municipale et communautaire à Sète) et un zoom sur la nature spécifique du vote RN dans les communes du littoral méditerranéen effectué par Laurent Hercé (élu écologiste à Sète) et Leïla Acherar et d’autres ateliers encore sur les luttes et organisations locales ainsi que sur l’action sur les réseaux sociaux… impossible de tous les citer.

La Question « Comment répondre aux argumentaires de l’extrême droite » a été abordée sous forme de Théâtre, forum dirigé par Audrey, Arthur, Louise et Péa, co-fondateur•trices du Quartier Généreux (également co-organisateur de l’événement).

Une journée riche et intense qui a gagné le pari de brasser plusieurs générations, à l’écoute les unes des autres, de croiser des sensibilités politiques et des cultures militantes différent•es, de confronter des regards et des expériences de diverses zones du département, le tout dans un esprit positif de respect et de coopération. Une réussite, donc. On attend le prochain rendez-vous avec intérêt.

*Les initiateur·trices de la Fronde Populaire : les candidat·es NFP Sébastien Rome, Magali Crozier, Nadia Belaouni, Gabriel Blasco mais aussi Alenka Doulain, Lise Flores, Julia Mignacca 

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