À Vergèze, dans le Gard, plus de 3 000 manifestant·es se sont mobilisé·es ce jeudi 3 juillet pour défendre l’avenir de la verrerie du groupe américain Owens-Illinois (O-I), menacée de fermeture.
Fournisseur historique des bouteilles Perrier, l’usine voit ses 164 emplois directs – et près de 300 indirects – gravement menacés par une restructuration brutale annoncée par le géant de l’emballage.
[VIDEO] Sophie Binet Secrétaire générale de la CGT « les aides publiques ne sont pas là pour engraisser les actionnaires »
Au cœur de cette mobilisation nationale, portée par une large intersyndicale, la Secrétaire générale de la CGT, Sophie Binet, a créé la surprise. Devant une foule de salariés et de soutiens venus de toute la France, elle a annoncé qu’un repreneur potentiel avait été identifié : « Nous avons trouvé une piste de repreneur sérieux, prêt à reprendre l’usine, à deux conditions. Il faut qu’O-I accepte de vendre au lieu de licencier, et que Nestlé s’engage à garantir les volumes. »
Trois des quatre lignes de production du site sont aujourd’hui dédiées à la fabrication des bouteilles en verre pour la source voisine de Nestlé Waters, elle-même secouée par le scandale des eaux filtrées. Pour les salariés, la reprise par Nestlé ou par un industriel soutenu par Nestlé apparaît comme la voie la plus cohérente. Mais O-I, dénoncé pour sa stratégie faite pour étouffer la concurrence, semble préférer liquider que transmettre.
Vergèze : la verrerie menacée, La France Insoumise plaide pour une nationalisation temporaire
Sophie Binet a élargi les enjeux : « On n’en peut plus des plastiques partout. Le verre est une filière d’avenir. » Pour elle, seuls 35 % des bouteilles utilisées en France sont encore fabriqués localement. Un non-sens industriel doublé d’un désastre environnemental, que les manifestants entendent faire remonter au plus haut niveau.
La CGT appelle désormais l’État à s’impliquer pleinement. Elle réclame le remboursement des 15 millions d’euros d’aides publiques versées à O-I ces dernières années, et une vraie conditionnalité des subventions. « Ce n’est pas possible que les entreprises fassent le choix du chômage sans conséquence », lance Sophie Binet. Une rencontre est prévue le 10 juillet avec le préfet du Gard. Celui-ci a laissé entendre qu’il avait « des billes à leur donner », laissant espérer une issue politique à cette crise sociale.
Présents aux côtés de FO et de la CFE-CGC, les militants CGT gardent l’espoir. La venue attendue de figures politiques comme François Ruffin témoigne d’un soutien grandissant. Vergèze est devenu, en quelques jours, le symbole d’une filière stratégique en péril et d’un affrontement entre logique industrielle et logique financière.
Alors que l’avenir du site reste suspendu à une décision de la maison mère américaine, la présence de Sophie Binet et l’annonce d’un repreneur crédible ont insufflé un nouvel élan. Les salariés de la verrerie O-I savent désormais que leur combat dépasse, de loin, les grilles de leur usine.
Le mouvement s’inscrit dans un contexte social tendu que rappelle Marie Dufresne, secrétaire générale de l’union départementale CGT du Gard, alors que d’autres entreprises du Gard et de l’Hérault – Solvay, Royal Canin, Éminence – traversent également des difficultés.
