Tribunal administratif : « L’incontrôlable créatif » Manu Reynaud reste exclu des Écologistes

Manu Reynaud 2e adjoint au maire de Montpellier - Photo - LAB_ PLURIELLE INFO
Manu Reynaud 2e adjoint au maire de Montpellier - Photo - LAB_ PLURIELLE INFO

Exclu en novembre 2024 du parti Les Écologistes, Manu Reynaud, 2e adjoint de Michaël Delafosse, maire de Montpellier, n’a pas obtenu gain de cause en référé devant le tribunal administratif, mercredi 2 avril.

Le juge a renvoyé l’affaire au fond. Face à l’échec de son référé demandant l’annulation de son exclusion, Manu Reynaud avoue en conférence de presse mercredi : « la situation est trop grave pour être tranchée en urgence ».  L’élu, resté dans la majorité municipale après le départ de ses colistier·es Coralie Mantion et François Vasquez, est-il vu désormais comme la caution écologiste du maire PS Michaël Delafosse ?

Un créatif incontrôlable ou manipulateur, ou les deux ?

L’adjoint conteste la légalité de son exclusion et espère un jugement avant les municipales de 2026. Très touché en 2024, il confiait avec le décalage qu’on lui connait « il faut différencier l’exclusion de l’euthanasie. » Convoqué déjà à sept reprises chez EELV, Manu Reynaud a épuisé toutes ses vies dans ce parti qui a su pourtant l’accueillir 23 ans durant.

Contrairement à certaines interprétations, son exclusion ne serait pas liée à une divergence stratégique en vue des municipales de 2026. Il s’agirait d’une décision fondée sur des comportements jugés inacceptables : menaces envers d’autres élus écologistes (notamment François Vasquez), tentatives de pressions politiques pour conserver son poste de président de groupe, et proximité jugée excessive avec le PS, notamment avec l’exécutif municipal montpelliérain. Des propos menaçants auraient été proférés tels que « si je ne suis plus président du groupe, j’appuie sur le bouton nucléaire » ou « on sait ce qu’il advient de ceux qui essaient de me couper la tête ».

Mais voilà, ce créatif de talent, capable de se déguiser en fantôme pour dénoncer la gare Sud de France, ou de baptiser Montpellier « capitale de la pédale » pour aborder le sujet des mobilités, semble loin de son âge d’or de « Directeur marketing » chez les écolos. Dans le monde de l’entreprise, on pourrait parler de faute professionnelle, quand Manu Reynaud fait pointer le nom de domaine qu’il a acheté « bienvenue chez les dingues » sur le site des Écologistes. À partir de quand sa créativité et son humour, voire son sens de la provocation, tournent à la manipulation ? Et la question est de savoir au service de qui ?

Quoiqu’il en soit, sa voix n’est plus très audible dans sa famille politique. Accroché au « job » qu’est devenu son mandat dans le cube bleu de la mairie, il n’aurait plus selon ses ancien·nes camarades la réflexion ni l’engagement pour participer à mettre en œuvre une vraie politique écologiste à Montpellier et dans la métropole. L’idée de voir revenir au premier plan « le marionnettiste » des primaires des Municipales de 2020 n’est pas envisageable. Si l’intéressé parle de « purge idéologique », son exclusion semble le fait d’un comportement jugé destructeur et toxique pour le collectif écologiste.

« Coming out socialiste »

Avec humour, certain·es  lui souhaitent d’être capable de faire enfin son « coming out socialiste. » Son agitation judiciaire pourrait alors se décrypter aussi comme une nouvelle stratégie de déstabilisation des Écologistes. Reste à savoir si pour les Municipales, Delafosse fera comme Delga lors des régionales 2021. La présidente de région sortante avait gardé ses fidèles écologistes dans sa liste au premier tour, en les opposant à ceux de liste EELV conduite par Antoine Maurice, pour ensuite complètement fermer la porte à une fusion de liste. Diviser pour régner, on connaît la devise. Mais en même temps, à Montpellier, un écolo exclu a-t-il la même valeur stratégique ?

Sinon Manu Reynaud aura toujours sa caravane*, ou une place dans la liste « Yes we clown » de Rémi Gaillard, qui sait ! Mais pour 2025, le Congrès fédéral des Écologistes se fera sans lui.

*Septembre 2024: la caravane pour l’union de la gauche et des écologistes à Montpellier est lancée par le 2e adjoint de Michaël Delafosse.
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