Dans une interview au journal Les Échos, Nicolas Revel, directeur général de l’Assistance Publique-Hôpitaux de Paris, déroule des propositions afin de sortir de « l’impasse financière » à laquelle nous serions confrontés au niveau de nos dépenses de santé.
Dans cette liste revient l’argument sur le fait que nous aurions trop d’hôpitaux en France, je cite : « Il n’est plus raisonnable de maintenir en France autant de petites structures hospitalières dotées de plateaux techniques sous-critiques en termes de nombre de médecins et de niveau de compétences ».
Cliniques privées lucratives contre hôpitaux publics
Toujours la même litanie, alors que le nombre d’établissements publics a fortement diminué ces dernières années et qu’il ne reste plus dans certains départements qu’un seul hôpital avec un service d’urgence et de la chirurgie ou une maternité. La première question à poser dans ce contexte est le problème de la régulation de l’affectation des médecins dans les hôpitaux en fonction des besoins et de la sécurité de la population en termes de temps d’accès, ce qui relève d’un droit constitutionnel.
Deuxième question que ne pose pas Nicolas Revel est le maintien de cliniques privées lucratives qui se placent en concurrentes des hôpitaux, en ciblant leurs activités sur les créneaux d’activités les plus rentables, notamment la chirurgie ambulatoire.
Donc, ce qui n’est pas raisonnable pour assurer un service public efficace et efficient, pour utiliser un adjectif à la mode dans le monde de N. Revel, est de maintenir en parallèle ces deux types d’établissement. La question est donc de savoir si les établissements qu’il faut fermer ne sont pas ces cliniques privées lucratives dans un contexte de crise démographique et financière pour, comme il le dit, « ajuster notre carte sanitaire ».
Coup d’œil sur le parcours du directeur de l’AP-HP
Pour bien comprendre pourquoi cet homme avance ces propositions, il faut étudier son parcours de haut fonctionnaire : secrétaire général adjoint de la présidence de la République sous François Hollande, directeur de la Caisse nationale d’assurance maladie, puis directeur de cabinet du Premier ministre Jean Castex. En résumé, il est en partie responsable de la situation de crise actuelle. Maintenant, il veut poursuivre dans la même logique, tant au niveau de l’établissement qu’il dirige avec la fermeture programmée de plusieurs hôpitaux à Paris et dans sa banlieue, mais également au niveau national.
Nous en avons assez de ces soi-disant sachants qui nous proposent toujours les mêmes solutions qui détruisent notre système de santé. Il est indispensable que les citoyens et les personnels de santé qui n’arrivent plus à assurer leurs missions au quotidien disent stop et imposent d’autres choix que cette casse de nos hôpitaux publics. Ce d’autant que nous sommes loin de la catastrophe annoncée pour les finances de la Sécurité sociale, avec un déficit en 2024 qui ne représente que 2,3 % des dépenses totales. Avec un petit effort sur les recettes, notamment en supprimant quelques exonérations de cotisations sociales inutiles, nous serions à l’équilibre.
