Le train à 1€ le premier weekend du mois est un formidable laboratoire pour tester les motivations en termes de mobilité. Je suis en route pour Perpignan, depuis Sète, avec mon vélo léger. Comme il fallait s’y attendre, le train est bondé, et le nombre de vélos dépasse la capacité des rames.
Au minimum une centaine de voyageurs debout dans les allées, peut-être plus, et j’en suis. C’est très inconfortable et malencontreux, mais cela prouve au moins une chose : une grande proportion de la population est prête à prendre le train, dès lors que des tarifs très attrayants sont proposés. On peut penser que le TER d’aujourd’hui transporte le double de passagers que le même TER en temps normal, sans réduction.
Si les français sont prêts à faire Sète Perpignan pendant 1 heure et 45 mn debout dans un train, c’est que le coût d’un voyage n’est pas anodin. De 20 à 45 euros en temps normal, soit de 40 à 90 euros l’aller retour. Alors, dès qu’une offre à prix réduit est proposée, c’est l’effet d’aubaine. Et c’est tant mieux. Mais la vraie question, c’est celle de la répartition des crédits alloués au transport ferroviaire. Et notamment du siphonnage de ces crédits par les lignes grande vitesse.
6 milliards sur ce même tronçon pour le nouveau TGV, cela fait combien de rames en moins pour le « train d’en bas » ?
Choisir une solution « 360 km/h » hyper coûteuse, plutôt qu’une solution classique « 200 km/h »(voire 260 km/h) beaucoup moins chère, à qui ça profite ? 6 milliards sur ce même tronçon pour le nouveau TGV, cela fait combien de rames en moins pour le « train d’en bas » ? Et même, si l’on allouait 12€ de subvention à 500 millions de passagers des TER (uniquement sur notre région ! Cela fait quelques années de trajets !) est-ce que l’on ne dépenserait pas plus utilement les 6 milliards consacrés au projet pharaonique ?
En fait, lorsque vous êtes coincé debout dans un TER pendant 1H45, vous avez le temps de réfléchir. Et vous ne pouvez pas vous empêcher de penser que votre situation inconfortable profite à quelqu’un : le businessman qui fera Francfort – Barcelone en première classe en train grande vitesse, tout frais payés par son entreprise. Parce que le petit monsieur, même langoureusement allongé dans un siège basculant et servi à la place par le restaurant du bord, ne concevait pas de faire le trajet en une demi-heure de plus… Le temps c’est de l’argent, pas vrai ? Enfin, le temps des « riches »…
