[EDITO] François Bayrou, 73 ans au compteur et toujours dans la course, incarne à lui seul le mystère insondable de la politique française. Ni tout à fait là, ni jamais vraiment absent.
L’homme se définit comme le roi de l’entre-deux, ami intime d’Henri IV. Certains disent qu’il lui parle tous les jours ( une information de source proche du nouveau premier ministre :-). Un jour ministre, un autre opposant, et parfois les deux à la fois, le béarnais cultive l’art subtil de la contradiction. En ce mois de décembre 2024, il s’offre le plaisir de plaquer Emmanuel Macron dans la ligne des 22 mètres. Brigitte a fait la grimace, son homme a dû faire un claquage.
Rewind, 2007 : François Bayrou, le chevalier blanc du centre, enchaîne les plateaux télé en promettant de dynamiter le clivage gauche-droite. Avec 6 820 119 de voix, soit 18,57 % au premier tour de la Présidentielle, il fait trembler l’establishment… Avant de plonger dans une belle traversée du désert, où il aurait croisé, non pas le Petit Prince, mais bien Henri de Bourbon. En revanche François de Pau qui voulait réconcilier la France finit par fracturer son propre camp. Une prouesse. Le Modem devient le partenaire junior de Renaissance.
Centrisme façon Bayrou : quand un homme flou invente l’extrême-centre, sans le savoir ?
C’est bien là tout le paradoxe du président du MoDem : être partout et nulle part. Un triangle des Bermudes. Soutien de Macron, mais critique de certaines de ses réformes ; chantre de l’Europe, mais défenseur acharné des agriculteurs français ; amoureux des livres, mais capable de citer Johnny Hallyday en meeting. Bref ! Caen le 1er mars 2007 : « Ce ne sont pas les individualités qui font le succès d’une équipe, les individualités, c’est bien, les talents, c’est bien, mais ce qui fait le succès d’une équipe, c’est l’esprit d’équipe. » OK !?!… C’est parti pour la mêlée. François Bayrou est un Rubik’s Cube politique où il manquerait des couleurs : difficile à résoudre, mais fascinant à observer ou à jeter !
Et que dire de ses « coups de génie » ? Lorsqu’il obtient le poste de Haut-Commissaire au Plan, on s’interroge : est-ce un placard doré ou un retour stratégique ? Matignon sera-t-il son local de campagne pour la Présidentielle de 2027 ? La réponse : fidèle à son ADN, elle reste floue. À Pau, il joue les chefs d’orchestre en jonglant entre culture, rugby et politique locale. Quel homme magnifique aux mille contradictions ! On pourrait presque l’aimer…
Si François Bayrou était un plat, il serait une garbure : un mélange improbable, un peu réchauffé, mais étrangement savoureux, sauf à prendre une gifle ou une gastro sans s’y attendre. Il incarne ce centrisme à la française qui dit tout et son contraire avec un sourire bienveillant. Bref ! C’est le Monsieur Jourdain du « En même temps ».
À la question « qui est François Bayrou ? », on pourrait répondre : une énigme. Mais une énigme qui a du charme, des casseroles (affaires judiciaires, en cours, bonjour !) et une passion débordante pour le Scrabble. Si si, c’est très sérieux, on ne rigole pas !
D’accord, c’est une blague. Mais encore quelques années et François Bayrou assumera sa voie : celle des mots croisés, sans forcément de sens, mais avec lesquels on marque des points. Avec ses discours interminables et ses citations latines ou pas, nul doute qu’il brillera dans les tournois de Scrabble à Pau. Entre un mot compte triple et une discussion animée sur la conjugaison du verbe aimer, François continuera à faire ce qu’il fait de mieux : jouer avec les mots… arbitrer, sans appliquer aucune de ses idées, en jouant avec les nerfs des Français·es, pardon des Palois·es. Soutien et courage aux assistant·e·s de vie.
