On dirait bien que Michaël Delafosse a un petit problème avec la liberté d’expression. Après avoir signé la pétition lancée contre Wikipédia par l’hebdo réac Le Point, le voilà qu’il récidive en signant une autre tribune parue le 21 mars dans Le Monde, initiée par le collectif “Nous vivrons”, demandant d’intégrer dans la loi « l’antisionisme comme nouvelle forme d’antisémitisme ».
Dès son élection de 2017 , Macron avait déjà tenté la formule “l’antisionisme constitue la forme réinventée de l’antisémitisme”, histoire de préparer les esprits à une nouvelle inquisition, alors qu’en l’état, la législation considère l’antisionisme comme une opinion et l’antisémitisme comme un délit.
Pas plus que pour les initiateurs de cette tribune, sans doute n’est-ce pas dans l’espoir de faire baisser l’antisémitisme que le maire de Montpellier l’a signée, mais probablement pour y côtoyer des personnalités d’envergure nationale (comme Manuel Valls, François Hollande et Carole Delga, mais aussi des macronistes comme Gabriel Attal, Aurore Bergé et Guillaume Kasbarian…), même si c’est sur le registre peu reluisant de la restriction de liberté et du soutien inconditionnel à un État expansionniste et génocidaire.
Car nul ne s’y trompe : cet appel à confondre antisionisme et antisémitisme sert à rendre illégale toute critique à l’égard de l’État d’Israël et à justifier de réprimer toute forme de soutien au peuple palestinien, spolié de ses terres et persécuté depuis 1947, comme si cela n’était pas déjà suffisamment expérimenté, notamment ici dans l’Hérault, à coups d’interdictions de manifestation et de poursuites judiciaires arbitraires…
En réaction à cette tribune, Attac et la Libre Pensée ont lancé une pétition déjà signée par 1 200 personnalités. L’écrivaine Dominique Eddé a publié dans le Monde un texte puissant titré “On n’affaiblit pas le racisme avec des interdits, on s’interdit ce qui le renforce” en faisant référence à la persistance du déni de la guerre engagée contre les Palestinien·nes depuis plus de 70 ans. Une partie de bras de fer est engagée sur le sens des mots et leur lien aux faits.
Car pendant ce temps des échanges « mondains », Jordan Bardella, Marion Maréchal Le Pen et toute l’extrême droite internationale étaient invité·es à un colloque sur l’antisémitisme à Jérusalem. Pendant ce temps, le 26 mars, deux ministres français participaient à un meeting “contre l’Islamisme” organisé par le lobby pro-israélien Elnet à Paris, tandis que le Likoud, parti de Netanyahou, rejoignait Patriots, mouvement créé par le hongrois Viktor Orban, regroupant toutes les extrêmes droites européennes (y compris l’AfD allemand), scellant ainsi officiellement l’alliance du sionisme et du fascisme.
Pendant ce temps, le cessez-le-feu a été rompu par Israël et les massacres ont repris à Gaza, 1 000 personnes tuées en 48 heures d’après Amnesty International. Des centaines de milliers d’Israélien·nes sont descendu·es dans la rue pour dire leur refus de la reprise de la guerre.
Les signataires de la Tribune du 21 mars ne l’ont-ils pas remarqué, ou bien, est-ce au contraire cela qu’iels cherchent à effacer ?
