Poussan : à l’Ehpad La Mésange, un personnel en grève face au silence de Domidep

Poussan grève et mobilisation à l’Ehpad La Mésange - Photo - PLURIELLE INFO
Poussan grève et mobilisation à l’Ehpad La Mésange - Photo - PLURIELLE INFO

Depuis l’aube, un piquet de grève tient sous le vent, devant l’EHPAD La Mésange à Poussan. Une mobilisation rare dans un petit établissement, mais révélatrice d’un profond malaise. « On est là depuis six heures trente, et vraiment déterminées », affirme Alexia Laforge, psychologue et déléguée syndicale CGT.

Selon elle, la dégradation s’est accélérée depuis le rachat de la structure par le groupe Domidep en janvier 2025. « Les conditions de travail se dégradent. On supprime des postes, on est très souvent en sous-effectif, on nous impose des changements sans concertation et pour des résultats qui ne sont même pas efficaces. »

« On entasse les résidents »

Sur le trottoir, aides-soignantes et agent·es de service racontent le quotidien. Sarah Djedi résume d’une phrase ce que beaucoup murmurent : « il n’y a plus l’humain, il n’y a que l’argent qui compte. » Elle décrit des locaux trop exigus : « On les entasse, comme si je vous mettais dans dix mètres carrés avec plusieurs fauteuils. Les résidents sont regroupés devant une télé dans un espace minuscule. Ceux qui marchent ont peur de se lever. »

À cette contrainte matérielle s’ajoute la montée de la dépendance des personnes accueillies : « On nous fait entrer des GIR 1 et GIR 2, parce que c’est ce qui rapporte. Mais l’établissement n’est pas adapté. » [GIR (pour Groupe Iso-Ressources) est un outil officiel utilisé en France pour mesurer le degré de perte d’autonomie d’une personne âgée, NDLR]

Salaires, primes et retards de paiement

La situation salariale cristallise aussi la colère. Plusieurs aides-soignantes évoquent des heures supplémentaires non payées sans réclamation insistante, ou des retards de complémentaire prévoyance.
Une salariée décrit six mois d’attente après un accident du travail : « tous les mois, on me dit : le mois prochain… Ça fait six mois. »

Sandrine Bouteiller pointe le mépris du groupe Domidep avec la prime de partage de valeur ( PPV) : « aucun salarié n’aura les 450 euros. On nous dit qu’on ne vaut pas 37,50 euros par mois, malgré le sous-effectif. »

Un dialogue social rompu

Le communiqué de presse de l’Union locale CGT de Sète, daté du 12 novembre 2025, confirme avec Arnaud Jean, l’ampleur du malaise : « Les salariés constatent une dégradation importante des conditions de travail et d’accompagnement des résidents. La direction est aux antipodes d’une écoute attentive. »

Les revendications portent sur le rétablissement des postes supprimés, des recrutements immédiats en CDI, l’attribution d’une prime de partage de la valeur, un treizième mois, une prime d’astreinte, ainsi qu’une amélioration du matériel et une vraie salle de repos.

Alexia Laforge résume : « Quand on parle humain, on nous répond en chiffres. Mais derrière les chiffres, il y a des femmes qui tiennent debout par conscience professionnelle, et des résidents qui méritent d’être accompagnés dignement. »

Un silence lourd du côté de la direction

La nouvelle directrice, Emilie Gazeau, arrivée une semaine avant, découvre cette situation, quant à la directrice régionale Coralie Faure venue sur le site, elle n’a pas reçu les grévistes. Une absence de dialogue que les salariées vivent mal. « On a essayé de discuter, on n’a pas de réponse » affirme Alexia Laforge.

Pour l’instant, Domidep n’a pas réagi publiquement face à cette situation pourtant inquiétante ni aux revendications largement justifiées. Ce mutisme alimente la colère d’un personnel qui répète ne plus pouvoir « travailler dans ces conditions ».

Sur le piquet, entre fatigue et colère, un mot revient malgré tout : espoir. « On veut redonner du sens à notre travail et de la dignité à nos aînés », insiste encore Alexia Laforge. Une bataille qui, pour elle, dépasse les murs de La Mésange.

Montpellier Municipales 2026, la sécession des écolos est-elle consommée ? - Photo - LAB_ PLURIELLE INFO

Montpellier Municipales 2026 : la sécession des écolos est-elle consommée ?

Interview de BadMulch l’homme qui bouscule les codes de la politique - Photo - Screen Twitch

BadMulch, le Batman du monde politique

Collectif Bancs Publics Stop au parking Sète septembre 2025 - Photo - Isabelle Goutmann

Parking Aristide Briand à Sète : symbole et coeur de toutes les colères

Share via
Copy link