Montpellier : un moratoire de deux ans sur la ZFE, une victoire pour les oppositions à Michaël Delafosse

Michaël Delafosse conseil de métropole de Montpellier le 13 février 2025 - Photo - JP Vallespir
Michaël Delafosse conseil de métropole de Montpellier le 13 février 2025 - Photo - JP Vallespir

La Zone à Faibles Émissions (ZFE) est suspendue pour deux ans. Dans la métropole de Montpellier, il sera possible de se déplacer avec sa « vieille » auto, sans se faire verbaliser, comme si l’on avait acheté un nouveau SUV 4X4 de 2025 hybride ou pas.

Une victoire pour le groupe MUPES, qui dénonce inlassablement une mesure injuste, qui permet à ceux qui en ont les moyens de changer de véhicules pour circuler librement et à ceux qui n’ont pas ce pouvoir d’achat d’être totalement pénalisés. « Michaël Delafosse a finalement cédé ». Alenka Doulain, Clothilde Ollier et Flora Labourier saluent le ralliement des maires de la métropole : « c’est une nouvelle victoire de notre groupe pour les habitantes et les habitants ».

Ce qu’il faut comprendre, c’est que la ZFE reste en vigueur dans la Métropole de Montpellier et c’est uniquement un moratoire sur la verbalisation qui a été adopté et qui court jusqu’en 2027. Comme le dit justement François Vasquez : « si l’on n’est pas capable de faire respecter la règle, c’est que la règle n’existe pas ! »

[VIDEO] Interview avec Alenka Doulain : 

Pour Alenka Doulain du groupe MUPES : « il faut revenir sur la méthode catastrophique de cafouillage, de culpabilisation des gens qui a été celle de Michaël Delafosse. » Si la conseillère métropolitaine se félicite du moratoire sur la verbalisation de la ZFE à Montpellier, elle dénonce une mesure « terriblement injuste » qui laissera toujours « 50 000 métropolitains sans solution. » Cette suspension de deux ans est un acquis, mais ne règle rien pour 2027, « la transition écologique doit être juste si on veut qu’elle fonctionne. » Elle note un problème qui n’est pas un simple détail : l’absence d’aides locales pour remplacer les véhicules polluants, contrairement à Strasbourg ou Toulouse.

Alenka Doulain estime que le mandat de l’actuel maire sur la mobilité « n’est qu’un rattrapage » et que le report des bus-trams laisse les habitants sans alternative. « On culpabilise les gens alors que c’est le système qui ne fait pas d’efforts. » Pour une transition mieux acceptée, l’élue propose une convention citoyenne dès 2026 : « Construire avec les gens, pour les gens, c’est ce qui marche. »

Un maître mot à retenir : « pédagogie ! »

Bousculé par « la sagesse » du maire de Castelnau-le-Lez qui demandait un simple report, ce moratoire laisse un maître mot à retenir ce 13 février : « pédagogie ! » Bref, à un an des élections municipales, ce statu quo semble convenir à tout le monde, même à ceux qui font mine d’être contrariés. Entre campagne électorale et pédagogie, il faudra savoir lire entre les lignes, « il faut qu’il y ait une stratégie en faveur de la qualité de l’air, voilà l’opinion qui est la nôtre, » annonce déjà Michaël Delafosse ce jeudi. « Il faut rappeler que la France est en retard sur ce sujet », insiste le maire-président. « Aujourd’hui à travers ce vote… c’est le moratoire sur la verbalisation, la stratégie d’accompagnement et de pédagogie sur la ZFE et en 2027, il pourra y avoir un débat, sur par exemple est-ce qu’on commence à verbaliser les Crit’Air 5 ou pas. » Ah oui ? Et quid Crit’Air 3 et 4 ? Des mots à retenir qui pourraient laisser comprendre qu’un nouveau moratoire serait possible ? La volubilité du président du conseil de métropole laisse toujours la porte ouverte à beaucoup d’interprétations ou d’imprécisions, au choix.

[VIDEO] interview avec Laurent Jaoul

Pour l’heure, pas d’amendes, et Laurent Jaoul, maire de Saint-Brès parle de « victoire politique. » Opposé à cette mesure avec trois autres maires, il se félicite d’avoir rallié 23 communes, jusqu’à obtenir ce report de la ZFE. C’est oublier le travail fait depuis 2022 par le groupe d’Alenka Doulain. Mais, il ne cache pas sa satisfaction, et précise : « il n’y a que les combats qu’on ne mène pas, qu’on ne peut pas gagner ». Concernant l’EPCI Montpellier Méditerranée Métropole, il rêve d’ailleurs : « la loi m’empêche de quitter la métropole, mais si j’avais le choix, mon cœur se tourne vers le Pays de l’Or. »

Pour Coralie Mantion « si l’on veut assainir l’air de Montpellier et de sa métropole, d’autres mesures que la ZFE sont beaucoup plus efficaces », et la responsable politique des écologistes cite : « arrêter le projet funeste d’incinérateur, stopper le projet autoroutier du Contournement ouest de Montpellier, revoir le plan de circulation, mettre en place des zones à trafic limité… » On comprend vite que le programme de 2026 pour Les Écologistes est déjà dans les starting-blocks. Même l’exclu Manu Reynaud a alerté sur la future « méga-autoroute de Vinci », dans une tonalité qui laisserait presque présager d’une prochaine sortie de la majorité socialiste. Enfin, pour l’instant, la question ne se pose pas.

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