Montpellier face au mur climatique : les Shifters invitent au débat

COM Contournement ouest de Montpellier - Photo - screen Vinci
COM Contournement ouest de Montpellier - Photo - screen Vinci

Alors que les canicules précoces et les pénuries d’eau inquiètent déjà le territoire, un projet routier d’envergure ravive les tensions : le Contournement ouest de Montpellier (COM), autoroute censée désengorger l’ouest de la métropole.

Mais selon l’association des Shifters, ce projet va à rebours total des engagements climatiques de la collectivité. Ces bénévoles sont plus de 35 000 à l’échelle nationale et ils œuvrent pour appuyer scientifiquement la transition écologique.

Le  trafic induit

Ici dans l’Hérault, leur analyse technique du COM est implacable : d’après leurs calculs, les émissions de CO₂ générées par cette nouvelle infrastructure représenteraient à elles seules jusqu’à 87 % du « budget carbone transports » de Montpellier en 2050, annihilant tous les efforts locaux en matière de mobilité durable. Le cœur du problème ?

Le phénomène de « trafic induit », bien connu des spécialistes, mais largement ignoré par les promoteurs du COM est simple, basique : construire une autoroute attire davantage de circulation. Cette dynamique n’a pas été intégrée au calcul officiel des émissions, ce que dénonce aussi l’Autorité environnementale dans un avis publié récemment. Celle-ci évoque une étude de trafic pourtant disponible, mais volontairement écartée, et critique la faiblesse méthodologique du dossier ayant servi à déclarer le projet d’utilité publique.

Erreurs, maladresses volontaires ou involontaires impliquent un moratoire

Face à ces dérives, les Shifters demandent un moratoire sur le projet, une révision complète de l’étude d’impact, et la mise en débat d’alternatives bas carbone : voies réservées au covoiturage et transports en commun, maillage cyclable renforcé, réduction de la place de la voiture solo dans l’espace public. Les erreurs, les maladresses volontaires ou involontaires impliquent un moratoire.

Univershifté au Corum les 7 et 8 juin

Pour alerter les citoyens comme les décideurs, ils organisent l’Univershifté au Corum les 7 et 8 juin. Ce forum national, soutenu par la Métropole et de nombreux mécènes, proposera débats, ateliers immersifs, tables rondes et rencontres avec des personnalités engagées comme Jean-Marc Jancovici, Antoine Peillon ou Flore Vasseur.

Parmi les temps forts : une table ronde, vendredi 7 juin à 11h15, sur le thème « Projets routiers vs urgence climatique : qui doit freiner ? » avec la présence d’experts indépendants et de représentants du débat public. Les promoteurs du COM, eux, n’ont pas donné suite à l’invitation.

À Montpellier, les choix d’aménagement qui se dessinent aujourd’hui pèseront lourd dans la balance climatique de demain.

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Une autoroute sur des chiffres biaisés ? Explications

Le projet d’autoroute ouest de Montpellier (COM) est accusé de reposer sur une étude d’impact trompeuse. Les Shifters révèlent que le dossier officiel a ignoré une étude de trafic de 2018, pourtant disponible, qui prévoyait une hausse du trafic et donc des émissions de CO₂. À la place, l’État a validé le projet sur l’idée d’une baisse de 102 000 tonnes de CO₂, contredite par l’analyse indépendante des Shifters, qui chiffre l’impact réel entre +269 000 et +460 000 tonnes (2028-2048). L’Autorité environnementale confirme ces critiques, pointant des « incohérences », des données « confuses » et une méthodologie à « reprendre complètement ». Le COM est donc un projet déclaré d’utilité publique sur des bases erronées.

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