Jeudi 5 juin à Montpellier, l’ambiance était à la fois combative et enthousiaste sur les lieux de rassemblement. À l’appel de la CGT34, plusieurs centaines de syndicalistes et citoyen·nes se sont retrouvés pour marquer ce qu’ielles qualifient de « victoire d’étape » dans le long combat engagé contre la réforme des retraites de 2023.
Au même moment, à Paris, l’Assemblée nationale adoptait une résolution portée par le groupe communiste demandant l’abrogation de cette réforme imposée au 49.3. Le texte a recueilli 198 voix contre 35. Une large majorité donc, quoique symbolique, mais qui redonne de l’élan aux forces syndicales et populaires qui n’ont jamais cessé de dénoncer cette loi contestée.
[VIDEO] interview Sébastien Boudesocque CGT 34, une mobilisation qui ne faiblit pas
Pour Sébastien Boudesocque, secrétaire départemental de la CGT Hérault, l’événement est le fruit d’une constance syndicale : « Depuis 2023, on a mis des millions de manifestants dans la rue, tous syndicats confondus. Le gouvernement a fait un déni de démocratie, il a refusé d’écouter la rue, il a refusé d’écouter les députés et il n’a pas laissé s’exprimer la démocratie sur ce texte de sa réforme des retraites…»
📢 « Quand on laisse la démocratie s’exprimer, elle parle fort. » Pour la CGT34, l’adoption par l’Assemblée de la proposition d’abrogation de la réforme des retraites est une victoire symbolique. 🎙️ Sébastien Boudesocque revient sur ce moment fort et la mobilisation toujours en… pic.twitter.com/GS1a73Cnl9
— PLURIELLE INFO (@Plurielleinfo) June 5, 2025
Jeudi, la CGT a donc organisé une journée de mobilisation ciblée, coïncidant avec l’examen de la proposition de loi communiste dans le cadre d’une « niche parlementaire », ces jours réservés aux groupes d’opposition. « C’est une réussite, » affirme Sébastien Boudesocque, « parce que cette fois, on a laissé la démocratie s’exprimer. »
Le poids des symboles
La proposition adoptée n’a pas force de loi. Il s’agit d’une résolution qui « affirme l’impérieuse nécessité d’abroger les mesures les plus régressives » de la loi du 14 avril 2023, notamment le report de l’âge légal de départ à 64 ans et l’extension à 43 annuités de cotisation. Elle a été soutenue par toute la gauche ainsi que le Rassemblement national, sans susciter de majorité de rejet au sein des autres forces parlementaires.

Dans les rangs syndicaux, cette avancée reste perçue comme significative : « Ce vote prouve que la mobilisation sociale reste la seule voie pour faire avancer nos propositions », analyse la CGT. Le syndicat rappelle ses alternatives concrètes : retour à la retraite à 60 ans, meilleure prise en compte de la pénibilité, égalité salariale femmes-hommes, et hausse générale des salaires comme socle du financement par répartition.
Une réforme toujours rejetée
Malgré l’entrée en vigueur de la loi depuis plus d’un an, l’opposition populaire reste massive : près de 65 % des Français continuent de souhaiter son abrogation. Une majorité transversale, qui renforce la légitimité du combat syndical selon Sébastien Boudesocque : « ce vote montre que le corps social a tenu. Qu’on peut encore peser. Même quand tout semble verrouillé politiquement. »
À Montpellier, comme dans d’autres villes, la CGT réaffirme son rôle même dans un contexte politique figé, où relancer la dynamique n’est pas simple. Le secrétaire de l’union départementale conclut ainsi : « il y a plusieurs formes de syndicalisme. Celui qu’on porte à la CGT, c’est un syndicalisme de terrain qui va de la revendication d’entreprises au projet de transformation de la société. Aujourd’hui, le projet de transformation de la société, il se concrétise par ce vote à l’Assemblée nationale sur l’abrogation de la réforme des retraites de deux-mille-vingt-trois. »
La suite au Sénat
L’adoption de la résolution ouvre toutefois un nouveau chapitre institutionnel. Le texte devra être examiné par le Sénat, dominé par la droite, qui s’est toujours montrée favorable à la réforme. En cas de rejet ou de modification, une nouvelle lecture devra avoir lieu à l’Assemblée. Quant au gouvernement, il pourrait saisir le Conseil constitutionnel s’il estime que le texte contrevient à la loi déjà promulguée.
Autrement dit : rien n’est encore gagné. Mais pour la CGT et les salarié·es mobilisé·es, cette séquence redonne de l’élan à la mobilisation et confirme que le rapport de force reste un levier, surtout après un passage en force.
