Monaco face à Bruxelles : la fin d’un passe-droit financier ?

Cérémonie d’accueil officiel par le Prince Albert II de Monaco et la Princesse Charlène - Photo - Élysée
Cérémonie d’accueil officiel par le Prince Albert II de Monaco et la Princesse Charlène - Photo - Élysée

Onde de choc diplomatique et financière pour le Rocher ? L’avenir le dira. La Commission européenne s’apprête à inscrire Monaco sur sa liste noire des pays tiers à haut risque en matière de blanchiment d’argent et de financement du terrorisme.

Une décision lourde de conséquences, qui place la principauté aux côtés de pays comme l’Afghanistan, la Corée du Nord ou encore le Panama. Mais précision : Monaco est listé pour des retards dans la mise en œuvre de réformes, pas pour complicité active avec des réseaux criminels ou terroristes. Plus qu’une simple formalité administrative, c’est une rupture de confiance politique entre l’Union européenne et un partenaire jusqu’ici ménagé.

Depuis plusieurs années, la principauté s’efforce pourtant de réformer ses pratiques. En décembre 2022, cinq lois clés ont été adoptées pour renforcer la transparence, et une nouvelle autorité de supervision : Autorité monégasque de supervision des activités financières (AMSF) a vu le jour en 2023.

Mais selon les évaluations internationales, dont celle du GAFI (Groupe d’action financière), ces efforts restent largement formels. Les dispositifs existent, mais manquent encore d’efficacité dans leur application.

Juin 2024, la réputation ne suffit plus

En réalité, c’est la lenteur d’exécution qui est en cause. Bruxelles n’a pas attendu un éventuel blocage politique : le processus s’est enclenché automatiquement, à la suite de l’inscription de Monaco sur la liste grise du GAFI en juin 2024. Une mécanique bien huilée, où la réputation ne suffit plus : il faut désormais des résultats concrets, visibles et mesurables.

Cette décision tombe à un moment diplomatiquement sensible, alors même qu’Emmanuel Macron est en visite officielle à Monaco, les 7 et 8 juin 2025. Elle révèle une exigence accrue de l’Union en matière de surveillance financière, et pose une question : Monaco peut-elle encore rester un îlot de souveraineté financière à l’heure de la transparence généralisée ?

L’inscription sur cette liste noire n’est pas encore formellement actée, mais elle semble inéluctable, sauf si la Principauté répond ou retarde cette inscription via des engagements officiels. Pour Monaco, l’enjeu est de regagner la confiance, prouver que les réformes ne sont pas de façade et s’aligner pleinement sur les standards européens. Le temps des tolérances discrètes semble révolu.

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