Le mensonge est une arme à double tranchant. Délibéré ou par omission, il s’immisce dans le discours politique, façonnant une réalité alternative au gré des intérêts du moment. Étonnant ? Pas vraiment, hélas.
Le dictionnaire en donne une définition simple : « affirmation contraire à la vérité faite dans l’intention de tromper ». Pourtant, cette frontière entre vérité et tromperie est souvent plus trouble qu’il n’y paraît, notamment lorsqu’elle s’invite dans les affaires publiques.
Dernier exemple en date, la déclaration de François Bayrou, Premier ministre de l’extrême centrisme français, sur l’affaire Notre-Dame de Bétharram. Ce foyer pour mineurs en difficulté, géré par une congrégation religieuse, est au cœur d’accusations de violences et de maltraitances.
François Bayrou, le Béarnais dont la ville de Pau est proche de l’établissement, assure aujourd’hui qu’il n’avait aucune connaissance des faits qui s’y déroulaient. Et cela, même si son épouse y aurait enseigné le catéchisme. Huummm ! Une déclaration qui interroge, tant la question des silences et des non-dits s’impose dans cette affaire. Le mensonge par omission est-il moins grave que l’affirmation d’une contre-vérité ? Dans le cas de François Bayrou, l’opinion publique est en droit de s’interroger.
Le mensonge n’est pas toujours une question de mots, mais parfois de silence.
Ce maire de Pau, capable de prendre un jet pour SA ville, plutôt que de se rendre à Mayotte, impliqué dans de nombreux dossiers locaux, pouvait-il réellement ignorer une situation aussi grave dans un établissement situé à quelques kilomètres de chez lui ?
La ligne est mince entre un véritable aveu d’ignorance et une volonté de se distancier d’un scandale. L’histoire politique regorge de personnalités ayant utilisé l’omission comme parade face à la controverse. « Ne pas savoir, ne pas se souvenir, ne pas avoir été informé… » Ces formules, maintes fois entendues, participent d’un brouillage du réel.
Dans le cas de Notre-Dame de Bétharram, la question est moins celle du mensonge pur et simple que celle de la responsabilité d’un élu vis-à-vis des institutions de son territoire. Ignorance feinte ou réelle méconnaissance, François Bayrou devra désormais faire face à ces interrogations. Une affaire qui rappelle que dans le champ politique, le mensonge n’est pas toujours une question de mots, mais parfois de silence.
