PLURIELLE.INFO

À Sète, le sens très sélectif de l’argent public

Argent public quels choix quelles urgences - Photo - Ludo Sprajer
Argent public quels choix quelles urgences - Photo - Ludo Sprajer

Silence radio du côté des services municipaux face aux questions posées sur le budget alloué pour leurs consommations aux participant·es du rassemblement de motos organisé par une association agathoise le 8 septembre dernier. Interrogée à son tour, l’opposition a indiqué que cette générosité avait pour fondement, non pas une délibération du conseil municipal, mais une décision du Maire et de lui seul.


En date du 4 septembre 2024, cette décision du Maire soumise, avec de nombreuses autres, pour  simple information  au conseil municipal suivant, est rédigée en ces termes : « Considérant que la ville de Sète souhaite offrir un cadre convivial et festif au rassemblement des «Brescoudos» qui se déroulera à Sète, le dimanche 8 septembre 2024”, le maire décide “ À I’occasion du grand rassemblement de motos organisé par I’association « Brescoudos Bike Week » dont I’étape finale se déroulera à Sète, le dimanche 8 septembre 2024, la Ville prendra en charge les repas des participants, sous forme de bons utilisables chez tous les commerçants sétois délivrant des repas et venant en réduction, le cas échéant, du montant de ces derniers. Le tarif de ce bon sera d’une valeur unitaire de 9 €, pour environ 1000 participants soit un montant total prévisionnel de 9.000 € TTC. »

LIRE AUSSI, Clientélisme : Deux en Un 

Impossible de savoir si la dépense réelle était inférieure ou supérieure au “montant prévisionnel”, mais on retiendra qu’environ 10 000 € ont été attribués à des « Marlon Brando » d’opérette, traversant la ville sur des montures pétaradantes et luxueuses. Nul nécessiteux parmi ces touristes casqués, pas plus que chez les restaurateurs qui ont encaissé les “bons du maire”.

Lors du conseil municipal du 16 décembre, Mme Gizardin, adjointe à l’action sociale a fait valoir son “sens aigu de l’argent public” pour justifier  avec d’autres arguments la non-ouverture d’une salle permettant aux SDF de dormir et de se laver par temps froid . Beaucoup d’observateur·trices ont opposé le gouffre financier du parking de la Place Aristide Briand à cette petite pingrerie que la tournée offerte aux  bikers ne rend que plus indécente.

Car pour n’en rester qu’aux dépenses de fonctionnement, on constate que le “sens aigu de l’argent public” est visiblement à sens unique. Il prend soin de contourner une réalité : d’après le collectif « les morts de la rue », plus de 800 SDF meurent chaque année sur le trottoir, avec un âge moyen de décès de 48 ans.