Mariage empêché à Béziers : Eva sort du silence, Ménard édile utile de Darmanin ?

Eva sort du silence, Ménard édile utile de Darmanin ? - Photo - LAB_ PLURIELLE INFO
Eva sort du silence, Ménard édile utile de Darmanin ? - Photo - LAB_ PLURIELLE INFO

Après son audition par le service d’état civil le 4 mars, Eva, la femme à qui Robert Ménard a refusé de célébrer le mariage avec son compagnon Mustapha, a pris la parole lors d’une conférence de presse pour éclaircir sa situation. Désormais, elle cherche à obtenir l’autorisation de se marier en Algérie, où Mustapha a été expulsé en juillet 2023.

C’est un dossier marqué par des tensions politiques et médiatiques, avec des interventions du maire de Béziers, Robert Ménard, et du ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, qui ont selon elle, « instrumentalisé » son histoire à des fins politiques.

Répondre aux attaques

Entourée de soutiens, notamment de la Cimade et de la Libre Pensée, Eva a dénoncé des déclarations mensongères relayées par certains médias et personnalités politiques. « On a utilisé notre situation à des fins politiques et on nous a publiquement traînés dans la boue », a-t-elle déclaré. Elle a particulièrement nommé Bruno Retailleau, qui, interrogé par plusieurs médias, a affirmé que son compagnon était entré irrégulièrement en France. Or, Eva a brandi un visa attestant du contraire. Elle regrette que « personne n’ait pris la peine de vérifier ces déclarations » avant de les relayer.

Ménard édile utile de Darmanin et aujourd’hui de Retailleau ?

Elle est également revenue sur le rôle du maire de Béziers. Pour elle, Robert Ménard n’a pas bloqué son mariage pour suspicion de fraude, mais pour adresser un message politique sur l’application des OQTF (Obligation de Quitter le Territoire Français). « Il savait que ce n’était pas un mariage blanc, mais il a voulu faire un coup médiatique » a-t-elle assuré, citant un entretien en mairie où Robert Ménard n’avait pas cacher cet objectif. En 2023, l’édile de Béziers attendait de Gérald Darmanin qu’il l’autorise à enfreindre la loi; qu’il lui garantisse un soutien en quelque sorte. Le maire de Béziers avait même lâché : «  j’attends, peut-être qu’il changera d’avis, peut-être qu’il me donnera l’autorisation. » Et l’histoire confirme qu’il a bien eu le feu vert du ministre. Ainsi Ménard aurait été l’édile utile de Gérald Darmanin à l’époque, et encore aujourd’hui le relai local de Bruno Retailleau.

Une procédure judiciaire contournée

Le 20 juillet 2023, veille de son audience devant un juge des libertés, Mustapha a été expulsé en urgence. Cette expulsion a suscité des interrogations quant au respect des procédures légales et des droits fondamentaux. Eva dénonce une procédure bâclée et entachée d’irrégularités : « On lui a retiré son droit à un procès en l’expulsant de nuit, sans laissez-passer consulaire, avec un passeport périmé ». Pour elle, cette expulsion précipitée aurait été orchestrée pour éviter que la justice ne statue en faveur de Mustapha, dans le but probable de « protéger Ménard. »

Un acharnement politique et personnel

La médiatisation de l’affaire a bouleversé la vie d’Eva. Accusée de militantisme politique par Ménard, elle affirme n’avoir « jamais mis les pieds dans une association ou un parti ». Elle dénonce l’exploitation de son histoire par certains élus, notamment pour justifier une proposition de loi qui autoriserait les maires à refuser de marier des personnes sous OQTF.

Eva a également été la cible de harcèlement après la révélation de son nom de famille par Robert Ménard sur un plateau télé. « Mon nom a été lâché en direct, les gens ont retrouvé mes réseaux sociaux, j’ai reçu des insultes et des menaces », confie-t-elle. Exposition médiatique, qu’elle n’a pas choisie : « Je ne voulais pas montrer mon visage, mais aujourd’hui, je veux affirmer haut et fort que nous avons été victimes d’un abus de pouvoir. »

L’espoir d’un mariage en Algérie

Malgré tout, Eva tente de poursuivre ses démarches. Elle espère pouvoir épouser Mustapha en Algérie, puis faire reconnaître leur union en France. Mais là encore, des obstacles subsistent. Le maire de Béziers doit transmettre un certificat de non-opposition à l’ambassade de France pour que le mariage soit validé. Or, Eva craint un nouveau blocage : « Il nous l’a déjà refusé une fois, qui nous dit qu’il ne recommencera pas ? »

D’un autre côté, l’Algérie elle-même pourrait opposer un refus, notamment en raison de son statut de mère célibataire, situation non reconnue par le Code civil algérien. Si le mariage aboutit, elle pourrait demander un visa pour Mustapha en tant que conjoint de Française.

Une vie brisée

Émue aux larmes, Eva a exprimé son épuisement face à cette situation. « On ne nous a laissé aucune chance. On nous a volé notre mariage, nos projets, notre bonheur ». Depuis l’expulsion de Mustapha, qui était en France depuis l’âge de 15 ans, elle enchaîne les allers-retours en Algérie pour le retrouver. « Notre vie est rythmée par des tampons sur un passeport », résume-t-elle tristement.

Elle envisage même de quitter Béziers pour échapper au climat hostile qui l’entoure. Mais un autre combat l’attend : si Mustapha revient en France, il devra demander un titre de séjour, avec le risque qu’une nouvelle OQTF lui soit délivrée. « Si la préfecture décide de refuser son titre, on repart pour trois ans d’enfer », craint Eva.

Cette affaire démontre toutes les dérives possibles lorsqu’un élu outrepasse son rôle d’officier d’état civil pour imposer sa vision politique. Lorsqu’un maire a d’autres ambitions que celle de choyer sa commune et se voit déjà ministre de la droite extrême, il sème la confusion et l’agitation plutôt que d’offrir l’apaisement à sa ville. Pour Eva, il ne s’agit pas d’un combat militant, mais d’un simple droit à vivre sa vie en paix. « On veut juste être ensemble. C’est trop demander ? »

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