L’association Arts et Culture a réuni ce mardi à Lunel une trentaine de participants sous le tilleul de la place des Caladons pour débattre du thème « Engagement ou désengagement des jeunes en politique ». Dans un contexte marqué par une forte abstention électorale chez les jeunes, la soirée a permis d’échanger sur les causes de ce phénomène et d’explorer des pistes pour encourager leur implication citoyenne.
Il a aussi été rappelé que le désengagement ne touche pas uniquement la jeunesse : toutes les générations sont concernées par la montée de l’abstention et le recul de la participation politique, même si les jeunes restent les plus touchés.
Le cercle vicieux de la non-participation
Au fil des échanges, un constat s’est imposé : lorsque les jeunes ne votent pas, les candidats adaptent leurs propositions à ceux qui se déplacent aux urnes, c’est-à-dire principalement les plus âgés. Ce cercle vicieux renforce le sentiment de non-représentation de la jeunesse et accentue leur éloignement de la vie politique. Mais ce phénomène s’inscrit dans une tendance plus large de désengagement citoyen qui concerne l’ensemble de la société.
Propositions des jeunes pour les municipales
Interrogés sur la proposition qu’ils porteraient s’ils étaient candidats aux municipales, les jeunes présents ont livré des idées concrètes. Sami, qui vit à Montpellier, souhaiterait rendre sa ville plus attractive afin de créer de l’emploi localement et retenir les jeunes talents. Mathilde, lunelloise, travaillerait pour sa part, sur la transmission et l’échange intergénérationnel, en proposant la mise en place d’assemblées citoyennes ouvertes, axées sur les besoins individuels pour construire le commun. Azzedine, également lunellois et très investi localement dans l’association arts et cultures, a quant à lui insisté sur la nécessité de changer l’accès à la culture et à l’information en général, tout en soulignant que le sujet le plus important reste la santé des jeunes : « Je pense que c’est très important de les écouter et de comprendre leur mal-être et leur malaise, parce que ça peut mener à des situations catastrophiques. »
[VIDEO] Interview Azzedine Laidani :
Chiffres clés et tendances récentes
Si la participation électorale des jeunes reste faible – seuls trois jeunes sur dix déclaraient vouloir voter aux Européennes de 2024 et l’abstention atteint parfois 70 % –, leur engagement sous d’autres formes progresse. Près de 80 % consacrent régulièrement du temps à des actions citoyennes, que ce soit dans le bénévolat associatif, les manifestations ou les pétitions en ligne. Les études récentes confirment que les jeunes privilégient aujourd’hui des formes d’engagement hors des institutions traditionnelles, tout en exprimant une forte attente d’espaces de participation plus ouverts et concrets. Mais la désaffection vis-à-vis des urnes concerne aussi de nombreux adultes, signe d’une crise de confiance plus globale envers le système politique.
Sortir du cercle vicieux : s’investir et défendre ses idées
Pour sortir de ce cercle vicieux, les participants ont insisté sur la nécessité pour les jeunes de s’investir personnellement et de défendre leurs propres propositions. C’est en s’engageant activement dans la vie publique, en commençant par le niveau local, et en portant leurs idées que les jeunes, comme l’ensemble des citoyens, pourront peser sur les choix politiques et obtenir une meilleure représentation.
La soirée-débat de Lunel a illustré une jeunesse lucide sur ses difficultés, notamment sur la question de la santé, mais aussi prête à s’engager autrement, à condition que les institutions sachent s’ouvrir à ses attentes. Elle a également rappelé que le désengagement politique est un défi collectif, qui appelle à renouveler les formes de participation pour tous. L’initiateur de la soirée , Tahar, envisage déjà de renouveler ce type d’initiative pour poursuivre la réflexion et encourager de nouvelles formes d’engagement citoyen.
