L’annonce de la suppression de 100 % des subventions à la culture dans l’Hérault a provoqué une onde de choc. L’article de Libération du 28 janvier a relayé cette décision et a provoqué de vives réactions. Face aux critiques, Kléber Mesquida, président du Conseil départemental de l’Hérault, sort de sa réserve et répond point par point.
Le président est accusateur, ses mots sont sans ambiguïté : « les collectivités territoriales sont asphyxiées par l’État ! » Selon lui, cette coupe budgétaire s’inscrit dans un cadre plus large de restrictions financières imposées aux départements. Il rappelle que 29 autres départements sont également touchés par cette dégradation financière. En cause, une baisse massive des dotations de l’État, à laquelle s’ajoutent des charges nouvelles imposées par celui-ci.
Un contexte budgétaire alarmant, 103 millions d’euros de pertes pour l’Hérault
Résultat : 103 millions d’euros de pertes pour l’Hérault en 2024. Pour compenser, le Conseil départemental prévoit un recours à l’emprunt à hauteur de 140 millions d’euros en 2025, essentiellement pour financer des infrastructures lourdes comme les routes et collèges en construction (Juvignac et Maraussan). « Nous ne pourrons pas lancer d’opérations nouvelles », tranche Kléber Mesquida, et justifie ainsi l’absence de marges de manœuvre pour la culture.
Une baisse, mais pas une suppression totale
Si certains dénoncent une disparition pure et simple du soutien à la culture, l’élu nuance et assure que certaines aides sont maintenues : « nous maintiendrons les financements pour la lecture publique, les médiathèques, les écoles de musique, les actions dans les MECS et les EHPAD, ainsi qu’à l’EPIC du Domaine d’O (3,1 M€) et l’EPA Hérault Culture (2 M€). » Une enveloppe réduite, mais pas totalement supprimée.
Le président du Conseil départemental souligne également que d’autres collectivités ont pris des décisions similaires. Il cite la Haute-Garonne, qui a réduit son budget culturel de 50 %, contre 48 % pour l’Hérault. Par ailleurs Kléber Mesquida rappelle « qu’il est strictement interdit d’emprunter pour augmenter les recettes de la section de fonctionnement afin d’accorder des subventions et que nous ne pouvons pas y donner suite. » Il ajoute : « la Région Occitanie nous a déjà annoncé la suppression de 100 000 € de subvention pour notre programmation culture ».
L’État, premier responsable du « chaos budgétaire »
Pour Kléber Mesquida, cette situation n’est pas qu’un cas isolé, et dénonce la gestion budgétaire de l’État depuis sept ans, l’accusant d’avoir mené le pays dans une crise financière majeure. Il en veut pour preuve le montant des « restes à charge » de l’État pour les aides à la personne, qu’il évalue à l’équivalent de 20 ans du budget pour la culture dans le Département.
Quant au dispositif Hérault Matériel Scénique, il précise que les équipements ont été transférés gratuitement aux intercommunalités, qui en assureront désormais la gestion. Un choix qui, selon lui, permettra de garantir leur pérennité malgré la crise budgétaire.
Kléber Mesquida appelle à un changement de perspective et souhaiterait « que la presse, qui stigmatise systématiquement les collectivités, souligne fortement la défaillance de l’État dans sa gestion erratique depuis 7 ans, qui a conduit le pays dans le chaos budgétaire. »
Pour l’heure, la décision est actée et le monde culturel de l’Hérault va devoir composer avec une drastique réduction des aides publiques.
