À 18 voix près, Sébastien Lecornu a évité ce jeudi la chute de son gouvernement. La motion de censure déposée par La France insoumise n’a recueilli que 271 voix, il en fallait 289 pour renverser le Premier ministre. Une victoire fragile qui illustre la fragmentation politique d’une Assemblée nationale en tension permanente.
« Il s’en est fallu de peu », a reconnu la présidente Yaël Braun-Pivet, se disant « satisfaite » qu’une majorité ait choisi « la voie du travail et du compromis ». Mais la majorité relative de Lecornu ne peut guère se reposer, les jours qui viennent risque d’être chauds. Les socialistes, qui ont refusé de voter la censure, assurent qu’il ne s’agit « en aucun cas d’un pacte ». « Nous ne nous engageons pas à laisser passer un budget récessif et injuste », a prévenu le député Laurent Baumel. À droite, le ton est tout aussi ferme : Jean-Didier Berger (LR) a rappelé que son groupe « n’acceptera pas tout et n’importe quoi sur les retraites ». Bref ! On tente de monter les muscles, chez les soumis.
La résistance populaire et parlementaire
L’ambiance à l’Assemblée est restée électrique. Mathilde Panot a appelé « à la résistance populaire et parlementaire », tandis qu’Aurélie Trouvé a dénoncé « une tromperie » sur la suspension de la réforme des retraites. Dans un registre culpabilisateur, Lecornu a défendu « l’ordre républicain » et imploré l’opposition de ne pas « prendre en otage le budget de la nation ».
Chaque vote comptera
Place donc à une autre bataille : le projet de loi de finances, présenté mardi en Conseil des ministres, sera examiné dès lundi en commission, avant d’arriver dans l’hémicycle vendredi. Sans recours au 49.3, que le Premier ministre s’est engagé à proscrire, chaque vote comptera. Entre une gauche divisée, une majorité érodée et une extrême droite en embuscade, le marathon budgétaire sera sous haute tension.
L’appel de Nathalie Oziol
Appel fort de Nathalie Oziol (LFI) qui propose aux socialistes à ne plus suivre la ligne prudente de leur direction. Elle invite les militants du Nouveau Front Populaire (NFP) à rompre la discipline partisane pour rejoindre la lutte contre un budget qu’elle juge antisocial et destructeur des solidarités : « il a manqué 18 voix pour faire tomber le gouvernement Lecornu. L’heure est à la résistance populaire et parlementaire contre un budget de saccage social sans précédent. Aux militants socialistes fidèles au NFP, rompez les rangs pour mener la bataille cruciale qui vient. »
De son côté, Fanny Dombre Coste n’a pas voté la motion de censure, la députée socialiste de l’Héraut, pourtant signataire du contrat de législature du NFP soutient le gouvernement Lecornu II et son budget austéritaire à venir.
Pour Clémence Guetté, Vice-présidente Assemblée nationale et responsable du programme La France insoumise : « la direction du Parti socialiste a rompu avec le Nouveau Front populaire. J’appelle les socialistes à la désobéissance et à la fidélité à notre programme. »
La direction du Parti socialiste a rompu avec le Nouveau Front populaire.
J’appelle les socialistes à la désobéissance et à la fidélité à notre programme. pic.twitter.com/Hpaxe9KbIV
— Clémence Guetté (@Clemence_Guette) October 16, 2025
