Lecornu à Matignon : un N°5 au parfum oppressant de la macronie

Sébastien Lecornu en Eure et Loir septembre 2025 - Photo - DR XSL
Sébastien Lecornu en Eure et Loir septembre 2025 - Photo - DR XSL

François Bayrou n’aura pas tenu. Affaibli par l’échec de son gouvernement à l’Assemblée, il a remis sa démission mardi soir. Quelques heures plus tard, l’Élysée a tranché : c’est Sébastien Lecornu, jusqu’ici ministre des armées, qui prend la relève. La passation est prévue mercredi midi à Matignon.

À 38 ans, Lecornu devient le cinquième Premier ministre d’Emmanuel Macron en deux ans. L’annonce a immédiatement déclenché une pluie de réactions. À commencer par celle du principal intéressé, qui a salué sur le réseau social X la « confiance » du président et promis d’agir « avec humilité » face aux « attentes et difficultés » des Français. Mais les oppositions ne l’entendent pas de cette oreille.

« Une provocation », tranche Mathilde Panot, présidente du groupe LFI à l’Assemblée. Elle rappelle que Lecornu, déjà critiqué pour sa gestion des Gilets Jaunes et des crises sociales outre-mer, « n’a répondu que par la répression ». Même ton du côté des écologistes : Marine Tondelier dénonce « un repli sur le premier cercle » présidentiel et promet de rejoindre la rue lors de la mobilisation du 10 septembre.

Pour Jean-Luc Mélenchon, la réponse du chef de l’État au départ de Bayrou prouve que « rien ne change » et que seul « le départ de Macron lui-même » pourrait mettre fin à cette « comédie ».

Le Parti socialiste, de son côté, accuse Emmanuel Macron de « prendre le risque de la colère sociale et du blocage institutionnel ». La droite n’est pas plus tendre. Jordan Bardella, président du Rassemblement national, résume : « on ne change pas une équipe qui perd ». Marine Le Pen y voit « la dernière cartouche du macronisme », persuadée que de nouvelles élections législatives sont inévitables.

Dans ce concert de critiques, quelques voix câlines se font entendre. L’ancien premier ministre Édouard Philippe salue les « qualités de dialogue » de son ancien secrétaire d’État, estimant qu’il saura « trouver des accords » pour éviter que le pays « aille plus mal ». Bruno Retailleau, chef des Républicains, se dit également prêt à discuter. Gabriel Attal, président du groupe Ensemble, en appelle lui aussi à la responsabilité des partis pour « donner un budget à la France » et maintenir la stabilité.

Défi de taille. Sébastien Lecornu n’annoncera son gouvernement qu’après avoir consulté les formations politiques. Avec une idée fixe : bâtir des compromis pour permettre au pays d’adopter le budget voulu par Emmanuel Macron. Une mission qui ressemble à un numéro d’équilibriste dans une Assemblée fragmentée et un climat social explosif.

Ancien maire de Vernon, ex-président du département de l’Eure, Lecornu a gravi tous les échelons depuis son entrée en politique aux côtés de Bruno Le Maire. Passé par la droite, rallié à Emmanuel Macron en 2017, il a occupé plusieurs postes ministériels – collectivités, outre-mer, armées – avant de se voir confier en pleine crise politique et sociale, le rôle le plus exposé de la République.

Reste à savoir si ce proche du président au parfum intense et étouffant de la macronie, restera l’habile manœuvrier qu’il a la réputation d’avoir. En pleine tempête, ce mercredi, au moment où il posera le pied sur le perron de Matignon, la rue s’apprêtera à gronder.

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