Le scorbut de retour en France

Hospitalisations le scorbut de retour en France - Photo - LAB_ PLURIELLE INFO
Hospitalisations le scorbut de retour en France - Photo - LAB_ PLURIELLE INFO

Alors que l’on pourrait croire que le problème des carences alimentaires chez les enfants est limité aux pays en voie de développement, en France, pays considéré comme développé, une étude réalisée en 2023-2024 montre que 23 % des enfants âgés de 6 à 18 ans étaient en situation de privations alimentaires. La cause est connue : il s’agit de la pauvreté.

Ainsi, en 2024, 8 Français sur 10 vivant avec le SMIC ou moins avaient des difficultés à nourrir correctement leurs enfants, faute de moyens. La conséquence directe est la réapparition de cas de scorbut infantile, maladie due à une carence profonde en vitamine C, que l’on croyait éradiquée.

Scorbut, une maladie grave

Entre 2015 et 2023, près de 900 enfants atteints de scorbut ont été hospitalisés avec un âge moyen de 11 ans. Il s’agit d’une maladie grave provoquant des saignements au niveau de la peau et des gencives avec des dents qui finissent par se déchausser. Une anémie peut se développer ainsi que des infections et des plaies qui ne guérissent pas. Par ailleurs, la croissance osseuse est altérée. Nous sommes donc confrontés dans notre pays à ce qu’on appelle la précarité alimentaire définie comme « une situation dans laquelle la personne ne dispose pas d’un accès garanti à une alimentation suffisante et de qualité, durable, dans le respect de ses préférences alimentaires et de ses besoins nutritionnels, pouvant entraîner ou découler de l’exclusion et de la disqualification sociale ou d’un environnement appauvri ».

Urgence à agir pour une sécurité alimentaire

Certains pourraient considérer que ce sujet est anachronique dans une des économies les plus riches de la planète. Il s’agit pourtant d’un sujet de santé publique d’actualité, donc politique. La question de la mise en place d’une sécurité sociale alimentaire garantissant à tout individu un accès à une alimentation suffisante est en débat, mais, en tout état de cause, il y a urgence à agir rapidement pour les enfants. Cela passe notamment par la distribution de petits déjeuners et de cantine gratuite contribuant à réduire les inégalités sociales. Un repas équilibré à la cantine sera peut-être le seul vrai repas pour certains enfants. Il y a également la nécessité d’un repérage et d’un accompagnement social des familles en difficulté, notamment les familles monoparentales par l’ensemble des professionnels des secteurs de la santé et du social.

Malheureusement, la dégradation de notre système de santé est aussi en cause. Il faut citer la déshérence de la protection maternelle et infantile qui est censée suivre systématiquement et gratuitement les enfants entre 0 et 6 ans. La santé scolaire est aussi dans un état de délabrement avancé.

L’argent qui dort dans les coffres-forts ne se mange pas

Alors, messieurs les donneurs de leçon sur la dette que nous allons laisser à nos enfants, regardez la réalité en face. L’urgence aujourd’hui est de permettre à nos enfants de simplement pouvoir manger à leur faim et sainement pour pouvoir grandir dans de bonnes conditions. Pour cela il va falloir sortir l’or qui dort dans les coffres-forts, car il s’agit d’un métal qui ne se mange pas, mais qui manque pour pouvoir simplement assurer la sécurité alimentaire de nos enfants.

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