La plupart d’entre nous utilisons les réseaux sociaux, lisons ou écoutons les journaux. L’actualité politique y est quotidiennement commentée. Parfois intelligemment, parfois bien argumentée. Hélas, le plus souvent, l’insulte, la grossièreté remplacent le raisonnement. Ainsi, n’est-il pas rare de voir des faits historiques ou actuels déformés, voire niés .
De même, l’inversion des valeurs est-elle courante. Ce qui est noir devient blanc, les Résistants deviennent des Collabos, l’antisionisme devient l’antisémitisme. Une décision de justice devient un assassinat politique et antidémocratique.
Certes, personne ne peut prétendre à la perfection, à détenir la vérité absolue. Mais, il faut le reconnaître : plus le curseur se déplace vers la droite et l’extrême-droite de l’échiquier politique, plus le souci de relater les faits avec objectivité diminue.
En ma qualité d’islamo-gauchiste – injure actualisée du judéo-bolchevisme – je suis souvent confronté au mensonge ainsi qu’un grand nombre d’entre vous. Pour se protéger du flux délétère quotidien, chacun se forge une cuirasse et, bien sûr, sa propre opinion. Mais, parfois, la cuirasse présente des défauts. C’est le cas lorsque des propos blessants émanent d’un proche ou d’une personne de notoriété publique, dont vous ne soupçonniez pas qu’elle puisse proférer des paroles aussi haineuses qu’ignobles.
Dimanche dernier, l’une d’entre elles s’est particulièrement distinguée. Il s’agit de l’acteur et réalisateur Yvan Attal. Selon lui, les Palestiniens « envient » la Shoah et les six millions de Juifs exterminés par la barbarie nazie. Ils veulent se réapproprier l’histoire juive. En effet, l’Holocauste a permis la création d’Israël. En se prétendant victimes d’un génocide, les Palestiniens espèrent, à leur tour, obtenir « des » territoires, argumente-t-il.
Certes, le raisonnement est imbécile. Il est surtout odieux . Il nie la réalité du génocide en cours. Il nie le droit des Palestiniens à un État. Oui, une telle déclaration est abjecte.
Si on en croit Yvan Attal, chaque jour, les Gazaoui-es prient pour être massacré-es. Iels exposent volontairement leurs enfants aux bombes, iels refusent les soins dans les hôpitaux, iels refusent de manger à leur faim, iels vident le verre d’eau qui leur est tendu dans le sable.
Chaque jour, dans leur extrême bonté, Netanyahou et son gouvernement d’extrême-droite, exaucent les prières palestiniennes. La mort dans l’âme, ils recommandent à l’aviation israélienne de détruire les hôpitaux, de tuer les journalistes afin que, devenus des martyrs, ils puissent le lendemain faire la Une de leurs journaux.
Et, chaque jour, en Cisjordanie, soldats de Tsahal et colons sont contraints de détruire les maisons, de ravager les récoltes, tant l’attente de la mort et de l’injustice est forte parmi les habitants. Obtenir des territoires, tel serait donc le machiavélique dessein des Palestiniens. Quel navire rouillé pourrait être leur Exodus ? Quelles souffrances supplémentaires devraient-ils endurer pour qu’enfin les Nations-Unies leur attribuent un lopin de terre perdu au milieu du désert arabique ?
Ainsi pensent Yvan Attal et un ancien ambassadeur de France en Israël et, sans doute, d’autres franco-israéliens. Laissons-les sombrer dans l’ignominie à l’instar de Bruno Retailleau et Manuel Valls. Le 26 mars dernier, ces deux ministres en exercice, lors du meeting pro-Netanyahou « Pour la République » ont fustigé l’antisionisme et sciemment confondu Islam et islamisme.
Heureusement, d’autres Juifs en France et dans le monde reconnaissent le génocide en cours et appellent à la reconnaissance d’un État palestinien voisin d’Israël. Heureusement, des Juifs, des Israéliens et de simples citoyens, comme nous le sommes, ne formulent qu’un vœu : justice pour le peuple palestinien ! C’est là, la condition incontournable pour qu’enfin tous les pays du Proche-Orient retrouvent le chemin de la Paix.
