« Le froid, la honte, et la politique : Montpellier doit se réveiller » Julia Mignacca

[Élections municipales 2026] Plurielle info ouvre ses colonnes aux candidates et candidats. Carnets de campagne, une nouvelle rubrique pour partager leurs réflexions, leurs priorités et leurs visions de la ville. Une autre manière d’éclairer le débat public, de l’intérieur.

[Julia Mignacca, candidate écologiste Printemps Montpelliérain pour les élections municipales à Montpellier.] Je rentre chez moi. Le chauffage tourne, l’eau est chaude, la porte se ferme. Et en posant mes clefs, je repense à la personne que j’ai croisée plus tôt dans la rue, auprès de laquelle je me suis excusée d’avoir fait du bruit en la réveillant…

Mais qu’est-ce que c’est que cette pensée ? Comment a-t-on pu se résigner au point de trouver normal que des êtres humains — des enfants, parfois — dorment dehors, tandis que se déroulent tranquillement les municipales ?

Chaque année, on redécouvre la même indignation. Chaque hiver, la même rengaine : “les températures chutent”, “l’état d’urgence sociale”, “l’appel au 115 saturé”. On ferait presque un calendrier de l’horreur. Mais cette année, ce n’est plus l’indignation : c’est la honte.

Le chiffre que Montpellier ne veut pas regarder

On ne parle pas de quelques situations isolées : chaque nuit, environ 150 enfants dorment à la rue à Montpellier d’après les associations. Ajoutez celles et ceux qui survivent en squats, en bidonvilles, sous des bâches, dans des voitures. Et demandez-vous calmement ce qu’il faut pour que la mairie considère enfin cela comme une urgence politique et pas comme un problème de communication.

Lors de l’appel de 1954, 2 000 personnes gelaient dans les rues de Paris. Nous, en 2025, sommes capables de produire des lois, des rapports, des “programmes pluriannuels” et des diagnostics de territoire. Mais nous laissons toujours des enfants dormir dehors dans la 7e ville de France. Alors oui, le scandale est le même. Et oui : on a moins d’excuses qu’en 1954.

Le droit au logement, ce n’est pas de la poésie : c’est une obligation

Il faut rappeler une évidence : le droit au logement n’est pas une idée de gauche. C’est une obligation légale, constitutionnelle, internationale. C’est un devoir moral. Et aujourd’hui, l’État ne l’assume pas. Mais la municipalité ne l’utilise pas non plus comme levier politique.

Car la vérité, c’est que Montpellier pourrait agir. À l’échelle d’une ville de 300 000 habitants, il suffirait d’ouvrir deux grands bâtiments publics — sur la centaine de locaux vides — pour mettre fin immédiatement au sans-abrisme familial d’urgence. C’est faisable. D’autres l’ont fait.

La municipalité pourrait se battre, elle choisit de ne pas le faire

Regardez Bordeaux. Regardez Rennes. Les associations ont contraint l’État devant les tribunaux, et les villes ont soutenu ces actions. Résultat : l’État a été condamné à fournir des solutions d’hébergement. Montpellier, elle, reste “dans le dialogue”. C’est-à-dire : elle ne se confronte pas. Elle ne se bat pas.

Montpellier pourrait être pionnière. Montpellier pourrait dire : “Ici, on n’abandonne personne dehors.” Mais pour ça, il faudrait une volonté. Il faudrait une politique. Il faudrait que le maire assume de déranger.

Le vrai sujet des municipales

On nous parle d’espaces verts, de mobilités, de propreté, de sécurité. Très bien. Mais un maire qui laisse dormir des gamins dans le froid a-t-il le droit de dire que sa politique est ‘écologique’, ‘sociale’ ou ‘progressiste’ ? Une ville qui possède des dizaines de bâtiments vides et ne les ouvre pas, est-elle une ville de gauche ? Une ville qui accepte la misère comme décor permanent est-elle une ville qui vaut qu’on se batte pour elle ?

La vérité est simple : le logement doit devenir le cœur de cette élection. Pas un paragraphe en bas de programme. Pas une “compétence métropolitaine” qu’on déplace comme un pion administratif. Pas un slogan, mais un engagement, un rapport de force, une ligne rouge.

Combien de temps encore ?

Combien de temps allons-nous supporter que des enfants dorment dehors ? Combien de temps allons-nous accepter que la pauvreté monte sans que la mairie hausse la voix ? Combien de temps allons-nous tolérer que les élus traitent le scandale du sans-abrisme comme un risque électoral au lieu d’une urgence humaine ?

On dit souvent que Montpellier est belle, vivante, solaire. Mais une ville n’est jamais plus belle que le sort qu’elle réserve aux plus vulnérables.

En 1954, les militants avaient demandé “un sursaut de fraternité”. En 2025, ce que nous demandons, ce n’est même plus la fraternité : c’est du courage politique. En 2026, avec humanité, nous aurons le courage politique d’agir.

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