L’après Commeinhes : J+1 entre gravité et légèreté à Sète

L'après Commeinhes à Sète rassemblement - Photo - IG / PLURIELLE INFO
L'après Commeinhes à Sète rassemblement - Photo - IG / PLURIELLE INFO

La condamnation et la démission du maire de Sète provoquent le lancement prématuré de la campagne des élections municipales de 2026 à Sète. « Le roi est mort, vive le roi ! » Si nul ne sait encore qui, au sein de l’équipe de François Commeinhes qui se dit « très soudée », assurera le délicat intérim jusqu’aux prochaines élections.

En dépit de la qualité communicationnelle du testament laissé par le maire-accoucheur aux 4 mandats, l’héritage politique risque d’être malgré tout difficile à assumer en termes de gestion et lourd à porter en termes d’image, d’autant que d’autres procédures judiciaires sont en cours d’instruction qui pourrait l’atteindre encore lui et certains de ses membres.

Le RN en embuscade se voit rassembleur des droites

En embuscade, le Rassemblement National se pense légitime à prendre le gouvernail de toutes les droites et c’est dans l’intention d’en rallier toutes les tendances qu’il ne commente pas la condamnation de François Commeinhes à l’égard de qui il ne s’est jamais montré trop critique. Sébastien Pacull,  ex-adjoint de Commeinhes qui a quitté le parti LR en 2019 pour présenter contre lui en 2020 une liste soutenue par le RN ,  se présente un peu comme le Eric Ciotti de Sète et semble être adoubé dans ce rôle par le député Aurélien Lopez-Liguori qui, bien que conseiller municipal à Sète, annonce qu’il ne sera pas sur la future liste sétoise, probablement pour se réserver pour la mairie d’Agde.

Nouvelle page pour Sète

À gauche, Véronique Calueba (ancienne tête de la liste « Ensemble pour Sète » constituée entre les deux tours par la fusion des listes Alternatives sétoises et celle du socialiste Sébastien Denaja Vivement Sète Demain) , et sa co-élue Laura Seguin ont à gauche la légitimité pour appeler à l’union et au rassemblement, ce qu’elles n’ont pas manqué de faire, l’une par un communiqué et l’autre aussi, dont elle a rappelé les termes sur les marches de la mairie, au soir du 30 avril.

Légitimes en effet. Non seulement elles ont largement rempli leur mission au conseil municipal avec constance, qui plus est avec courage dans un climat particulièrement sexiste et à huis clos, mais aussi parce qu’elles travaillent depuis plusieurs mois à construire un programme et une liste dans le cadre d’un collectif constitué autour de l’appel à « écrire une Nouvelle Page pour Sète ».

Nouveau chapitre

C’est en réponse à ce processus lancé au printemps dernier qui cherche encore son équilibre entre pluralisme politique et engagements citoyens, que Sébastien Denaja, conseiller municipal et régional, a trouvé judicieux de se placer en surplomb en moquant son appellation : « Pour la suite, en 2026, il ne suffira pas de vouloir écrire une nouvelle page pour Sète. Il faudra une ambition plus profonde, celle d’écrire un nouveau chapitre pour l’Histoire de Sète. Cela va nécessiter, pour ceux qui veulent construire l’avenir, d’avoir une façon de penser différente des fois précédentes. » On attend donc d’un des vétérans de la politique à Sète (dont il a été député) et faux démissionnaire de nous présenter sa « façon de penser différente » car pour l’heure, rien de nouveau n’apparait dans sa dernière déclaration si ce n’est la vibrante référence à « l’Histoire de Sète, en fidélité à son passé et surtout… à son destin méditerranéen ».

Nouvelle ère

Pour sa part, l’élu écologiste Laurent Hercé, qui a perdu en cours de mandat son homologue Philippe Carabasse, a fustigé « un mode de gouvernance sans partage, propice à toutes les erreurs » et mis en garde contre « l’ennemi encore plus grand, universel » que constitue « l’extrémisme qui désormais ne se cache plus, de quel côté qu’il vienne, et quel que soit le lieu de par le monde ». Il espère « que cette nouvelle ère sétoise sera celle de la dignité, du partage des pouvoirs et des richesses, des débats citoyens ouverts et sans invectives . Mais aussi, bien sûr, celle de la sobriété, impérativement nécessaire pour la biodiversité, contre le dérèglement climatique, et donc… pour notre survie à tou(te)s et celle de nos enfants. Imaginons, proposons, construisons, travaillons. »

Joie du côté de Bancs Publics qui va demander un moratoire sur le parking

L’ambiance était plus joyeuse mercredi soir devant l’hôtel de Ville pour marquer la fin du règne de François Commeinhes. « Avec tous les coups qu’on a pris depuis le début de la lutte engagée au conseil municipal du 23 novembre 2021, ça fait du bien aujourd’hui de se trouver réunis ici, avec la banane… et sans les forces de police. Et pour cause, le palais est déserté » se réjouit au micro Christople Lalia , responsable du collectif Bancs Publics à l’initiative du rassemblement.  « Ce qui s’est passé aujourd’hui est un événement majeur dans l’histoire de notre cité », affirme-t-il au nom du collectif, qui compte s’appuyer sur le trouble créé par la condamnation et toutes les incertitudes financières qui pèsent pour demander un moratoire sur le chantier du parking.

« Un projet qui au départ était à 9 millions d’euros aujourd’hui se trouve à 19 millions. Est-ce que c’est légal ? Est-ce que c’est normal ? François Commeinhes n’est plus là à partir de ce soir, mais les générations qui vont se succéder vont payer ses erreurs fatales. Sauf, si on arrête le chantier et que l’on réfléchit collectivement pour trouver une solution à cette situation dramatique ».

À la question de savoir si la comparution de François Commeinhes le 16 juin prochain au tribunal correctionnel de Montpellier ne consistait pas à « tirer sur une ambulance », Christophe Lalia répond « Je ne sais pas de quelle façon il va se déplacer le 16 juin, mais en tous cas, il faut qu’il comparaisse lui et les autres personnes impliquées dans cette histoire de parking de la place Aristide Briand parce qu’il y a de graves chefs d’accusation qui nécessitent que la justice se prononce ».

Malgré la gravité du moment, tant localement que nationalement et même à l’international, il flottait le lendemain dans le défilé du 1er mai qui a réuni à Sète plus d’un millier de personnes, une ambiance paradoxalement assez légère, comme si l’air était plus respirable, le poids de l’impunité levé, et le sentiment partagé qu’ensemble, dans la fraternité, on peut déplacer des montagnes.

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