Sur le chemin de Malabesse à Castelnau-le-Lez, le groupe local Les Écologistes a tenu une conférence de presse ce vendredi 7 février. L’objectif : alerter la population sur l’enjeu crucial de l’enquête publique en cours sur le Plan Local d’Urbanisme Intercommunal (PLUi) de la Métropole de Montpellier, qui s’achèvera le 28 février.
Depuis quatre ans, la mobilisation citoyenne contre l’urbanisation excessive ne faiblit pas à Castelnau-le-Lez, et notamment sur les terres agricoles et naturelles de Sablassou. Pourtant, la majorité encore aux commandes de la métropole jusqu’en 2026 reste sourde à ces revendications.
« S’il faut faire une ZAD, on fera une ZAD ! »
Dans un rire, Coralie Mantion lance : « on se battra jusqu’au bout, s’il faut faire une ZAD, on fera une ZAD ! » Comprendre : Zone à Défendre. On sent bien dans ce trait d’humour que s’il y a bien un endroit qui mérite une telle action c’est ici. Oui il existe « un projet destructeur de la ceinture verte montpelliéraine », Coralie Mantion, ancienne vice-présidente à l’aménagement du territoire, a fermement condamné la politique de la métropole dirigée par Michaël Delafosse. « Ce sont 600 hectares de terres agricoles et naturelles qui vont disparaître en dix ans, une catastrophe pour la biodiversité, la réduction de la pollution et la souveraineté alimentaire. »
[VIDEO] Conférence de presse du Groupe Local Les Écologistes :
Les annonces de l’exécutif métropolitain, qui promet une réduction de 50 % de l’artificialisation des sols, sont jugées trompeuses. « Sur les dix dernières années, 1 500 hectares ont été artificialisés. Ce sont encore 750 hectares qui seront bétonnés dans la prochaine décennie, dont 600 en extension urbaine », rappelle Coralie Mantion, leader des Écologistes sur le territoire. « Le maire de Castelnau, Frédéric Lafforgue, prétend limiter l’urbanisation à quatre hectares à Sablassou, mais le PLUi en prévoit toujours onze. On assiste à un double discours. »
« 8 hectares de terres agricoles disparaissent chaque jour dans l’Hérault »
Vincent Nourigat, co-président d’In-Pact Occitanie, a rappelé les chiffres alarmants de la destruction des terres agricoles. « Dans l’Hérault, ce sont 8 hectares par jour qui disparaissent, soit 56 mètres carrés par minute. » Il insiste sur la richesse agronomique des terres de Sablassou, éligibles à la PAC, irriguées et propices à une agriculture durable. « Plutôt qu’une clinique privée, on devrait y développer un projet alimentaire de proximité. »
Un projet alternatif pour la souveraineté alimentaire
Célia Serrano, conseillère métropolitaine, défend une vision radicalement opposée à l’urbanisation. « Nous voulons transformer ces terres en pôle agricole à destination des cantines scolaires, des crèches et des EHPAD. Aujourd’hui, la restauration collective à Castelnau est industrielle. Nous devons reconnecter nos enfants à leur alimentation en favorisant le circuit court et la cuisine locale. »
« Un PLUi biaisé et orienté vers l’extension urbaine »
Richard Corvaisier, conseiller municipal, dénonce un PLUi qui favorise l’urbanisation plutôt que la densification. « Même les services de l’État ont émis des réserves sur ce plan, car il sous-estime volontairement les capacités de densification, forçant ainsi l’extension sur des zones agricoles. À Castelnau, 60 hectares ont déjà été urbanisés en 25 ans. Il faut arrêter cette folie. »
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« Le ZAN, un outil à défendre face aux pressions libérales »
Benoît Biteau, paysan-éleveur et député Les Écologistes, a rappelé l’importance du ZAN (zéro artificialisation nette). « Certains politiques, comme Laurent Wauquiez, veulent l’abandonner. Pourtant, il est essentiel de préserver les terres agricoles et d’arrêter de les déporter loin des villes. Une agriculture de proximité permettrait de garantir notre souveraineté alimentaire tout en maintenant un tissu économique viable pour les agriculteurs. » La transition agroalimentaire, loin d’être une utopie, repose sur un choix politique clair. « Il faut arrêter de tout orienter vers l’exportation et soutenir une production locale, plus résiliente et respectueuse de l’environnement. Cela implique une refonte de la commande publique et une protection active des terres agricoles. »
Dire NON ! « L’enquête publique est l’occasion d’agir ».
Richard Corvaisier invite la population à s’exprimer. « L’enquête publique est la dernière occasion pour les habitants de dire non à ce PLUi destructeur. Il ne faut pas être urbaniste pour contribuer : chacun peut témoigner de ses attentes en matière de mobilité, d’espaces verts ou d’alimentation locale. Mobilisons-nous avant le 28 février ! »
La bataille pour la préservation de Sablassou risque vraiment de devenir un symbole à l’heure où certains élus centenaires en mandats sont capables de lâcher avec condescendance à propos du travail de commissaire enquêteur : « c’est consultatif, il peut dire ce qu’il veut, on s’en tape, mais d’une force ». Les regards se tournent vers la métropole de Montpellier. Continuera-t-elle à imposer un modèle d’urbanisation dépassé, ou saisira-t-elle l’opportunité de repenser son territoire de manière durable ?
[VIDEO] Benoît Biteau paysan-éleveur et député Les Ecologistes : « on a rendez-vous avec l’Histoire sur le sujet du climat, de la santé et de la biodiversité. »
